Déclaration
Les actions des gouvernements ne devraient jamais, et surtout pas en temps de crise économique, contribuer à augmenter les inégalités économiques ou sociales. Dans les plans de redressement de l’économie qui sont débattus, aucun ne prend en considération les besoins des femmes collectivement et dans leur diversité. Parce que la réalité des femmes est différente de celle des hommes, les effets du plan choisi seront différents pour les femmes et les hommes.
Pour arriver à une égalité véritable, il faut tenir compte de ces différences. Nous croyons que nos gouvernements fédéral et provincial doivent faire une analyse inclusive des politiques et des budgets gouvernementaux. Il faut évaluer les répercussions des politiques, lois, budgets et programmes existants ou proposés sur les femmes et sur les hommes, tout en respectant la diversité qui existe parmi les femmes.
Il n’y a pas qu’une façon de redresser l’économie. Il faut opter pour les
moyens qui ne creuseront pas les inégalités entre hommes et femmes et qui n’appauvriront pas les plus vulnérables dans notre société.
Dans cette perspective, nous demandons à nos gouvernements :
- d’investir dans l’infrastructure sociale, c’est-à-dire dans les programmes
sociaux tels que la garde à l’enfance, le logement, l’éducation et les soins
de santé,
- d’assurer des revenus adéquats pour tous et toutes,
- de maintenir la progressivité de notre régime d’impôt sur le revenu pour
les entreprises et les particuliers et ne pas baisser les impôts.
Groupes signataires :
Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick
Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick
Coalition pour les services de garde à l’enfance du Nouveau-Brunswick
Business and Professional Women Greater Moncton
Club des femmes de carrière du Sud-Est du Nouveau-Brunswick
Collectif des femmes du Nouveau-Brunswick
Comité des femmes de la FTTNB
Fédération canadienne des femmes diplômées des universités
Fédération des femmes acadiennes et francophones du Nouveau-Brunswick
Femmes équité Atlantique
Front commun pour la justice sociale
Les femmes et la crise économique
Nos priorités
– Investir dans l’infrastructure sociale, c’est-à-dire les programmes
sociaux tels que la garde à l’enfance, le logement, l’éducation et les soins
de santé.
- La population en aura besoin plus que jamais.
- Plusieurs femmes travaillent dans le secteur public – où plusieurs emplois à prédominance féminine se trouvent. Un milliard de dollars investis dans le secteur public crée 20,000 bons emplois.
- L’infrastructure physique est importante mais il ne faut pas y investir au
détriment de l’infrastructure sociale.
- Il ne faut pas transférer les services du secteur public au secteur
communautaire dans le but d’économiser grâce aux emplois moins bien
rémunérés dans ce secteur. Cela augmente l’écart salarial entre les femmes
et les hommes tout en réduisant l’imputabilité, la confidentialité et l’accès
équitable pour tous et toutes. Le personnel du secteur communautaire,
souvent des femmes, est fréquemment sous-payé à cause d’un manque chronique de ressources financières.
- Il faut maintenir le transfert du gouvernement fédéral aux provinces et
municipalités afin de continuer à financer la santé, l’éducation
postsecondaire, la formation, des paiements de péréquation, et tous les
services et programmes publics.
- Des investissements sont nécessaires dans le logement social. Cela créera
des emplois tout en comblant un besoin particulièrement criant chez les
femmes à revenu modeste.
- C’est l’occasion de bâtir un système de garderies qui contribuera à
soutenir notre économie à long-terme. Chaque dollar investi rapporte de 2 à
17 $.
– Assurer des revenus adéquats pour tous et toutes.
- Les femmes et les hommes qui vivent dans la pauvreté ne doivent pas être
appauvris davantage.
- Les taux et les politiques d’assistance sociale devraient permettre de
vivre dans la dignité. Présentement, l’allocation d’assistance sociale du
N.-B. ne donne aux bénéficiaires que de 19 à 41 % du montant déterminé comme le seuil de la pauvreté.
- Le salaire minimum doit atteindre au moins 10 $ l’heure au N.-B. Une
personne travaillant 40 heures par semaine au salaire minimum actuel gagne
16 120 $ par an, soit 2 027 $ de moins que le seuil de faible revenu pour
les communautés de 30 000 à 99 000 habitants.
- Il faut réduire le nombre d’heures éligibles pour l’assurance-emploi à
360.
- Il faut adopter une loi sur l’équité salariale pour les secteurs public et
privé. Les emplois à prédominance féminine sont trop souvent sous-payés.
Comme l’équité salariale est un droit humain, elle ne doit pas être soumise
aux négociations collectives.
– Maintenir la progressivité de notre régime d’impôt sur le revenu pour les entreprises et les particuliers et ne pas baisser les impôts.
- L’impôt représente une mise en commun de nos ressources et finance nos programmes comme la santé et l’éducation, ce qui nous permet de maintenir un niveau de vie élevé et d’atténuer les effets de la pauvreté.
- Réduire l’impôt sur le revenu des mieux nantis bénéficie à un seul groupe : les mieux nantis ! Rien ne garantit que l’épargne d’impôt se traduise par des investissements ou des achats locaux.
- L’impôt sur le revenu des entreprises et des particuliers doit demeurer
progressif. Il ne faut absolument pas recourir à un taux fixe de l’impôt sur
le revenu avec une augmentation de la taxe de vente. Cela augmentera le
fardeau des plus pauvres qui finiront par payer un plus grand pourcentage de
leur revenu en impôts et taxes, puisqu’ils ne peuvent pas épargner. Les
femmes, qui ont un revenu annuel beaucoup moins élevé que les hommes, assumeraient donc, collectivement, un fardeau disproportionné des coûts des services sociaux.
- Nous n’appuyons pas le partage du revenu (income splitting). C’est une
mesure coûteuse qui ne bénéficie qu’aux couples où l’un des conjoints a un
revenu élevé.
- Ceux et celles qui ont de faibles revenus ne paient pas d’impôt et c’est
très bien.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 février 2009