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mardi 4 septembre 2012

Carnet de campagne #5 - Aujourd’hui peut-être, un autre événement historique au Québec

par Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



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À lire certains propos dans les réseaux sociaux ou dans les forums des journaux, on croirait que le fait que Pauline Marois soit une femme en dérange plusieurs. Elle s’appellerait Paul et on ne lirait sans doute pas autant de doute et de mépris.

Photo : Jacques Nadeau Le Devoir, 2012

Derrière les propos qui m’interpellent à savoir si j’appuie le PQ parce qu’il est dirigé par une femme ; derrière les propos de celles et ceux qui disent "je ne voterai certainement pas pour une femme parce que c’est une femme", et qui ajoute plus loin : "La" Marois ne gagnera pas, j’entends : "Ça m’agace ou ça me met mal à l’aise ou ça m’effraie qu’une femme soit allée si loin". Peur du rejet pour certaines.

Je pense que les reliquats de la misogynie, que des femmes ont aussi intégrés par manque de confiance en elles, ressortent dans des moments cruciaux, par exemple, à l’occasion de cette campagne électorale historique pour le Québec.

Ici encore, je me ferai reprocher de voter aveuglément pour une femme en disant la vérité : cette campagne électorale est historique parce que, pour la première fois au Québec, une femme dirige l’un des partis en lice.

Cette campagne est historique parce qu’une femme a la possibilité d’être élue première ministre.

Plutôt de s’indigner et d’en être mal à l’aise parce qu’on le souligne, il faudrait clamer haut et fort sa fierté.

Se souvient-on combien d’années il a fallu aux Québécoises pour obtenir le droit de vote ? Elles l’ont obtenu en 1940, après les autres citoyennes du Canada. Nous reprocherait-on d’être fières que les générations de femmes qui nous ont précédées aient obtenu ce droit, qui ont fait des femmes du Québec des citoyennes à part entière ?

72 ans plus tard, qu’une femme devienne première ministre, il y a tout autant de quoi se réjouir, pas de s’autoflageller en craignant qu’on nous accuse de sexisme parce qu’on appuie un parti dirigé par une femme. En craignant, parfois à tort, de perdre l’estime de certains hommes de notre entourage qui pourraient prendre ombrage de notre fierté pourtant bien légitime.

Il ne s’agit pas d’élire n’importe quelle femme. Il s’agit ici d’une femme qui a fait ses preuves pendant plus de 30 ans en politique, qui est une personne intègre, qui pense aux citoyens-nes, jeunes ou vieux, en termes d’êtres humains, qui ont des besoins, des attentes, des convictions, des rêves, des idéaux.

Demande-t-on aux hommes s’ils voteront pour un homme parce que c’est un homme ? Avons-nous parfois entendu des hommes se tourmenter, se culpabiliser ou essayer de culpabiliser d’autres hommes, parce qu’ils élisent des hommes en grand nombre (nombre disproportionné, à certaines étapes de notre histoire), parfois des hommes parfaitement incompétents, corrompus, qui ne pensaient qu’à leur pouvoir personnel ? En avons-nous entendu plusieurs exprimer un malaise à se soutenir entre eux, à se solidariser pour qu’un ou plusieurs des leurs obtiennent le pouvoir ou le conservent ?

Si le Parti québécois est élu le 4 septembre, ce sera l’événement politique le plus important pour les femmes du Québec depuis qu’elles ont obtenu le droit de vote en 1940, parce que pour la première fois, une femme dirigera les destinées du Québec pendant quatre ans. Si c’est le cas, je souhaite qu’elle obtienne une majorité car les oppositions (PLQ, CAQ, QS, ON) ne lui feront pas la vie facile.

Moi, je dirai haut et fort ma fierté de voir une femme première ministre, si Pauline Marois est élue demain, et je lui exprimerai ma solidarité et ma reconnaissance.

Et un homme fera de même. "Le soir du 4 septembre, elle va nous faire verer une larme de satifaction", a dit de Pauline Marois le candidat péquiste dans Rosemont, Jean-François Lisée (à écouter ici).

***

D’ici là, relisons les propos de Nathalie Petrowski, dans le quotidien La Presse :

« Pourquoi les femmes qui aspirent au pouvoir politique partent-elles toujours avec un déficit de crédibilité ? Pourquoi sont-elles obligées de nier leur identité de femmes en la cachant sous un uniforme de banquier ?

« D’aucuns clameront sans doute que le genre n’a rien à voir dans l’histoire, et que s’émouvoir de l’élection d’une femme au poste de premier ministre, c’est du sexisme à l’envers. Selon eux, les femmes sont rendues plus loin que ça et n’ont plus besoin de nos tapes dans le dos ni de notre bienveillance. Insister sur leur genre plutôt que sur leurs idées relève, selon eux, d’un mépris et d’un dénigrement parfaitement paternalistes.

« Je suis prête à partager cette position, je la seconde même, mais pas maintenant. Un jour, lorsqu’il y aura eu une, deux ou trois femmes qui auront été élues à la tête du gouvernement du Québec ou même du gouvernement du Canada et que les femmes auront une longue expérience du pouvoir, alors là, je promets de hausser les épaules et de clamer qu’un homme, une femme, une chèvre ou un poisson rouge, ce n’est pas ça qui compte : ce sont les idées, les valeurs, la compétence.

« En attendant, peut-on marquer le coup, peut-on souligner l’exploit, peut-on savourer le précédent ? (...) » (http://bit.ly/RmWx6Z)

 Lire aussi : Pourquoi Québec solidaire souhaite-t-il un gouvernement minoritaire ? 
 Sur le "vaisseau amiral" de la capitaine Marois

Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 septembre 2012



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Micheline Carrier
Sisyphe

Micheline Carrier est éditrice du site Sisyphe.org et des éditions Sisyphe avec Élaine Audet.



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