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C’est assez !
Le cri d’indignation d’un homme engagé

30 juin 2004

par Pierre Gravel

Depuis quelques temps je suis appelé à prononcer régulièrement des discours lors de mini-conférences dans Lanaudière. Lors de ces contacts directs avec la population, je traite et dénonce le déferlement idéologique néolibéral prévalant au sein de tous les partis politiques représentés au parlement de Québec. Bref je m’applique à vulgariser au maximum en pourfendant l’imposture politique actuelle.



Lors de mes exposés, en parfaite contradiction avec l’idéologie péquiste, je présente l’indépendance du Québec pour ce que ça devrait représenter et rien d’autre : la libération de tout un peuple et ce, non pas à en réduisant sa portée à une simple indépendance politique ou comme simple moyen de protection du fait français mais aussi et surtout, comme la seule avenue pouvant nous permettre de nous doter d’une économie devant servir d’abord et avant tout les intérêts sociaux et les besoins primaires de la masse dans son ensemble.

Cette indépendance, je la présente toujours comme un outil devant nous libérer du carcan économique capitaliste actuel dont l’unique dessein est de maintenir et d’assujettir une majorité dans un esclavagisme tranquille et contrôlé, maquillé ici et là de fausses impressions de liberté, alors qu’une minorité s’empiffre à même un enrichissement inéquitable frôlant l’obésité morbide.

Souvent aussi j’écris et apporte mes commentaires sur divers forums où je prends toujours soin de signer mes textes de mon véritable nom et d’y inscrire mes coordonnées Internet, et ce, pour l’unique raison que ça témoigne du fait que je suis en mesure d’assumer totalement ce que je dis ou suis à prétendre. Dernièrement, j’ai reçu quelques messages, assez similaires en terme de contenu, se résumant à me dire que je devrais m’appliquer à lancer uniquement mes attaques vers le Parti libéral. À ces demandes s’ajoutaient aussi quelques menaces à peine voilées.

On m’a déjà formulé les mêmes demandes un peu avant la période des Fêtes lors de la publication d’un de mes textes sur le CMAQ.

Plus précisément, ce qu’on me demande, c’est de faire usage de moins d’agressivité dans mes propos et ce, tant envers le PQ qu’envers nos directions syndicales.

L’aveuglement volontaire ? Pas pour moi !

Ceci étant dit, le 24 juin approchant, ça m’emmène donc à réitérer ici (comme ailleurs) qu’il n’est nullement question que je cesse de dénoncer ce qui doit être dénoncé tout comme je ne commencerai pas à faire usage de parcimonie ou de ménagement envers qui que ce soit. L’aveuglement volontaire circonstanciel, si pratique et naturel pour certains, désolé, mais je ne suis pas de ceux chez qui ça arrive.

Sous le prétexte que c’est le Parti libéral qui est au pouvoir, devrais-je le temps que les fleurs poussent, oublier toute cette paresse, cette lâcheté et cet individualisme crasseux, attributs cultivés tout azimut depuis deux décennies et semblant devenir les seuls éléments sur quoi s’appuie notre prétention d’être une société distincte ? Je me le demande, distinct de quoi ou par rapport à quoi ?

Devenir le plus rapidement richement pourri et ce, le plus inéquitablement possible, est-ce la nouvelle marque distinctive d’un peuple qui se prétend évolué ? Que l’on ne représente plus collectivement qu’une bête caricature de ce qui s’est déjà prétendu un peuple fier, que notre patriotisme se démontre dorénavant uniquement par le fait de brandir, tel un troupeau de godiches aliénés célébrant son propre asservissement, le ’’flag’’ du Québec les soirs de 24 juin sans trop se souvenir d’où on vient et encore moins capable de savoir où on veut aller et parce qu’en deux décennies à peine nous avons accepté, toutes classes confondues, de nous conformer sans trop rechigner au beau p’tit moule du parfait-petit-égoïste-capitaliste-américanisé jusqu’à l’os, nous devrions y trouver de quoi entretenir une quelconque fierté collective ? Comme s’il y avait de quoi être fier !

Que nos gouvernements actuels et passés, tels des prostituées de bas de gamme, pour sauver une poignée de p’tit change, soumis à l’influence de divers proxénètes cravatés et/ou "magistraturés", ’’patroneux’’ de tout ordre, "fiscaleux" de grande imposture, appuyés par une ribambelle de syndicaleux divisés, frileux et niaiseux aient légiféré et continuent de légiférer de manière à favoriser une croissance tangible de la pauvreté qui mènera tout un peuple vers une insécurité totale et absolue voire même irréversible, faudrait que je m’y résigne en silence ?

Est-ce que je devrais fermer les yeux sur l’imposture de cette fausse démocratie que représente la grosse, laide, grasse et puante parade politique actuelle, vaudeville démocratique, parodie grotesque de liberté de choix pestiférée dans laquelle se vautrent tous les partis politique corrompus représentés ?

Devrais-je être assez bête pour croire un seul instant le pseudo-désir du PQ de déploiement d’une véritable démocratie participative dans l’élaboration de sa prochaine plate-forme dont l’exemple parfait est la niaiserie que représente sa Saison des Idées ? Ganguignolante parodie d’exercice démocratique visant à satisfaire temporairement un peu tout le monde et qui sera tout aussi inconstructive pour le petit peuple, que le sera l’invraisemblable prétention d’influence dont se targue la petite ’’gang’’ de ’’syndicaleux’’ retraités réunis sous le chapeau du SPQ libre, qui croient réussir maintenant ce qu’ils ont été jadis incapables ou désireux de faire alors qu’ils avaient pourtant plus de 40% des travailleurs du Québec derrière eux. Une vraie farce………. plate !

Devrais-je oublier et faire en sorte de cacher sous le tapis, comme arrive pourtant à le faire Pierre Dubuc de l’Aut’Journal, de même qu’un maudit paquet de monde oeuvrant dans les organismes communautaire (j’y travaille, je dois savoir un peu de quoi je parle), qu’un parti s’autorisant le droit de s’accaparer le nom de tout un peuple ( le Parti Québecois) en pervertisse, une fois au pouvoir, tout le sens en allant jusqu’à être coupable d’homicides légiférés (coupures en santé) ? Devrais-je me rendre complice d’un tel travail d’aliénation et d’aveuglement volontaire collectif ?

Devrais-je faire abstraction des centaines ou des milliers de morts, saura-t-on jamais le chiffre exact, que les coupures en santé du PQ auront causées, conséquences mortuaires directement reliées à la priorité péquiste se résumant à subventionner les ’’pôvres’’ entreprises ? Devrais-je oublier, qu’à cause des politiques de ’’désinstitutionalisation’’ du PQ, des individus devenus itinérants par obligation dorment dans des boîtes de cartons sur un matelas de ’’slush’’ en hiver parce que leurs seules fautes c’est de souffrir de problèmes mentaux ? Que ce parti politique ultra-libre-échangiste ait décidé un bon matin que les citoyens corporatifs représenteraient dorénavant SA priorité alors que les citoyens ordinaires, eux, devront se résoudre à se voir considéré comme choses secondaires, je devrais en oublier les résultats ?

Faudrait que je me fasse aveugle et muet devant la couardise du monde du communautaire qui, tellement soucieux de ménager la susceptibilité péquiste, n’a jamais osé entreprendre le quart du dixième de ce qu’il aurait du prendre comme mesures visant à dénoncer les politiques appauvrissantes du PQ ? Ce même monde si enclin à se rendre visible et travaillant lorsqu’il est question de défendre leur budget, vantant haut et fort l’obligation de nous rendre tous individuellement so-so-solidaires les uns envers les autres, pourquoi ne le sont-ils pas partout et tout le temps, et ce même quand ça ne s’inscrit pas directement dans la mission de leur organisme respectif ? La mission des uns est-elle plus importantes que la mission des autres ? Le communautaire, autrement que sur le plan de la défense de leur autonomie et de leur budget est-il lui aussi à flirter et s’imprégner de l’individualisme régnant ? La misère humaine montre-t-elle à ce point différents visages que certains devraient mériter plus d’attention que les autres ?

Quelle est la priorité ?

C’est quoi la véritable priorité ? Défendre les budgets qui servent à combattre les problématiques résultant de l’étatisation de la pauvreté ou aurait-il pas lieu d’être autrement plus conséquent en s’attaquant à la base même du problème qui est la pauvreté en elle-même ? Je ne devrais pas y trouver de quoi m’indigner devant pareille incapacité volontaire notoire à faire au moins montre de respect envers ceux et celles qu’on prétend servir ? On semble oublier que les salaires de l’ensemble du monde communautaire (comme le mien d’ailleurs) sont directement et uniquement redevable à une seule chose ; la misère humaine existante,,, et non pas a aucun gouvernement aussi péquiste puisse-t-il être !

Comme si se faire cracher dessus et se faire ramener au statut de tapis, sur lequel on essuie ses déficits afin de soulager encore plus ceux qui les causent, et se faire dire qu’on est petit et surtout qu’on doit le rester était devenu chose normale, acceptable et irrévocablement nécessaire à la construction des assises d’un pays. Elle est rendue ou notre crisse de fierté ?

Comment oublier que le peuple auquel j’appartiens, incapable de seulement retenir ce que l’histoire aurait dû lui enseigner, soit encore à rêver d’un Messie par qui tout arrivera sans effort ? Comment oublier que ce même peuple, sans exigence et dans une soumission totalement masochiste, remet son destin de travailleurs syndiqués entre les mains de quelques ’’lèches-cul’’ peureux qui s’auto-étiquettent de leaders (?) mais qui, en guise de grande démonstration de prise de responsabilité envers ceux qui les paient, négocient en coulisse ce qui pourtant est non-négociable ?

Comment un peuple arrive-t-il à être à ce point incapable de dire NON ou encore TASSES-TOÉ ? Comment un peuple peut-il accepter que ceux et celles étant pourtant supposés être à le défendre et/ou le représenter soient justement ceux et celles qui sont les premiers à tirer sur la laisse afin de les empêcher d’avancer ? Comment ne pas m’indigner du fait que certains individus, camouflés dans des habits de pontifes syndicaux, soient eux-mêmes à engraisser le terreau déjà trop fertile d’un néo-libéralisme à tout crin tant par leurs actes que par la forme que prennent leurs actions ?

Qu’un Henri Massé, véritable putain de bas de gamme, proclame haut et fort à la une de l’édition du 3 avril 2004 du torchon financier "Les Affaires", et je cite : ’’On n’est pas là pour planter le gouvernement’’. Qu’à la page 7, il se glorifie que la FTQ ait été la seule des centrales syndicales à appuyer le génocide social du PQ dans son délire de déficit zéro. Qu’il affirme à la page 8 être en accord avec le fait que ce sont les consommateurs qui ramassent la note qu’entraînent les ’’dons’’ en électricité offerts aux alumineries qui équivalent à elles seules à $500,000 de la job, et comme si ce n’était pas suffisant, qu’il ose dire qu’en ce qui concerne la Loi 45, loi ouvrant la porte à la sous-traitance, que et je le cite, « sa centrale était prête à faire des concessions » allant ainsi à l’encontre de l’intérêt de ses propres cotisants, faudrait pas que je m’enrage ? Faudrait que j’y trouve de quoi m’inspirer et me la fermer ? Faudrait que j’apprenne à respecter pareil bandit ??

Faudrait que je renonce à critiquer le fait que les directions syndicales depuis trop longtemps déjà se contrecrissent de leurs obligations morales d’éducation politique visant à entretenir un réel militantisme progressiste chez leurs propres membres, et ce dans un réel souci d’améliorer les conditions de travail de l’ensemble de la classe ouvrière, quelle soit syndiquée ou non ? Faudrait aussi, je suppose, que j’oublie momentanément qu’au niveau syndical l’important, c’est dorénavant que ça cotise point à la ligne, peu importe ce qui peut bien se cultiver comme culture individualiste interne entre-temps ?

Je suis même surpris que lors de la manif ( je devrais plutôt dire le pique-nique communautaire) du 14 avril à Québec, manif à laquelle j’ai participé, l’on n’ait pas fait monter encore d’un cran l’agenouillement télécommandé en allant jusqu’à demander aux manifestants, par l’entremise de quelques ’’goons’’, de s’affairer à passer la "moppe" sur l’asphalte, pis le râteau sur le gazon, une fois la manif terminée tellement tout devait se faire dans la propreté la plus absolue.

La jeunesse pauvre qui se prostitue

Puisque la plupart s’en foutent, devrais-je à mon tour oublier cette jeunesse dont nous nous empressons de sevrer d’attention et d’affection au plus sacrant parce que l’essentiel de nos responsabilités, désormais, ça se résume à satisfaire nos délires matérialistes d’acquisitions spontanées ? Jeunesse que l’on s’autorise ensuite à mépriser parce qu’à coups de seringues ou lignes de poudre, celle-ci tente d’oublier ce monde de fou que lâchement nous sommes à laisser construire, monde merdique où règnera en maître absolu une pauvreté étatisée chronique, constituant l’unique héritage que leur aura légué la bande de pleutres que nous sommes. Jeunesse qui, une fois que la seringue ne suffit plus, décide de choisir purement et simplement de se balancer dans le vide, avec son mal de vivre, une corde accrochée au cou ?

Faudrait que je me taise, que j’oublie ou que j’accepte, que des jeunes de 12 ou 13 ans, ici dans ma ville comme partout ailleurs malheureusement, soient à se prostituer entre eux à coup de $10.°°la passe afin de pouvoir se payer leurs p’tits joints de pot comme le reste de la ’’gang’’. ’’Gang’’ constituée d’amis (?) issus de familles plus riches, donc jugées plus responsables (?) qui n’ont pas à se soucier des coûts reliés à leur consommation puisque ceux-ci sont directement approvisionnés par leurs parents. Faudrait pas que je rage ? En refusant d’entrer dans cette ère où la norme est de tout banaliser et de tout ramener au niveau de simple niaiserie inoffensive tout en galvaudant, en guise d’argument de défense, le mot liberté, on me qualifiera de rétrograde, je suppose ?

Que le seul choix s’offrant à cette jeune fille, au crépuscule de ses 12 ans, de se faire quelques dollars pour se vêtir convenablement de manière à ne pas être la risée des autres élèves et dont le seul péché est d’être née dans une famille extrêmement pauvre, que ce seul choix soit celui de se mettre à quatre pattes et satisfaire une couple de fois par semaine pour $5.00 les désirs ’’sodomiques’’ et ’’oraux’’ de garçons de quelques années plus âgés, mais surtout plus riches, marginalisant ainsi son existence nocturne tout en ’’scrappant’’ par le fait même son futur, de cela comme du reste, j’imagine que dans la tête de nos élites psychopathes désensibilisées jusqu’à l’os, faudrait pas que je m’en scandalise une maudite minute, pis que je ferme ma gueule ?

Désolé mais je ne me la fermerai pas. Ni maintenant, ni demain, ni jamais. Au contraire, je le répète, je crois fermement que le temps est venu que le ton monte.

Je crois que le temps est venu que le peuple, celui qui subit, celui à qui on demande toujours des efforts , celui à qui on demande toujours de se taire, celui à qui on impose toujours et tout le temps, celui à qui on demande toujours de laisser les autres décider pour lui, celui qu’on manipule, qu’on berne, qu’on utilise, qu’on abuse et qu’on trompe, que ce pueple se lève et écarte de son chemin ceux et celles devenus trop serviles et qui s’emploient à vouloir le ralentir et l’empêcher de dire : C’est assez !

On ne négocie plus, on revendique.

La classe ouvrière étant laissée à elle-même, même par ceux qui s’engraissent à même le prétexte d’être supposément là pour la défendre, ce à quoi nous devons dès maintenant nous appliquer prioritairement, c’est - non pas nous faire rassurant, au contraire il faudra nous appliquer, tous autant que nous sommes, à cultiver la grogne et la rage chez l’ensemble de la population ouvrière. Faudra nous appliquer inlassablement à l’instruire, à dénoncer et à lui confirmer ce qu’elle devine déjà : une poignée de riches charognards tire les ficelles de nos guignols politiques sous le regard conciliant de tous les Henri Massé ’’pleutrés’’ de ce monde et s’affaire et s’affairera toujours à l’exploiter encore et encore. De cette grogne, une fois devenue généralisée, naîtra un véritable désir de révolution chez la classe ouvrière. Nous ne devons plus remettre notre destin entre les mains d’aucun parti politique se présentant comme un parti à l’intérieur duquel toutes les classes sont représentées. Quand on sait les moyens et l’influence que possède la classe minoritaire des possédants, faudrait être mauditement naïfs pour croire qu’un parti constitué en grande partie de leurs portes-à-queue puisse se faire le défenseur de l’intérêt du p’tit monde, du VRAI monde.

Faut cesser de dire : "On va surveiller le pouvoir". On voit d’où ça mène. Faut exercer le pouvoir ! L’esclavage contemplatif a assez duré !

13 juin 2004
St-Gabriel de Brandon

Mis en ligne sur Sisyphe, juin 2004

Pierre Gravel


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