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Les fillettes massai ont besoin d’aide contre l’excision et le mariage forcé

9 janvier 2005

par Annie Corsini, association MED

MED est une petite association suisse, antenne européenne d’une ONG Kenyane et Massai. "MED" pour "Maasai Education Discovery", "MED section suisse" pour l’antenne suisse dont le comité est constitué par des femmes suisses-françaises et massais. Ses buts sont la promotion de l’éducation des fillettes massai (analphabètes à 90% encore) et l’éradication de la pratique de l’excision (MGF=Mutilations génitales féminines) au moyen de l’information donnée aux femmes dans des régions reculées. Tout récemment, des événements dramatiques nous ont amenées à nous lancer au secours des fillettes victimes des mariages forcés. Madame E. Vauthier, une Québécoise, a marrainé deux soeurs de 8 et 9 ans que leur père avait vendues contre trois vaches chacune à des hommes de 40 et 60 ans ! La première a été sauvée par le village qui, scandalisé, est intervenu massivement. Mais ensuite, la fillette vivait recluse au poste de police. Une semaine avant son mariage arrangé, la deuxième a été sauvée par notre collaboratrice au Kenya, Lilian, massai elle-même et assistante sociale.

Un troisième cas s’est présenté en pays Samburu (les Massai près de Somalie) : cette fois, la fillette a échappé à l’excision (le mariage forcé a lieu le lendemain de l’excision). Elle vivait également dans la clandestinité, réfugiée chez son maître de classe, qui au bout de trois semaines en avait marre et voulait la livrer au père ! Nous sommes intervenues à temps cette fois encore.

Depuis, nous savons que nous pouvons être appelées à tout moment car, d’une part, nous commençons à être connues pour secourir des fillettes victimes, et d’autre part, nous avons déjà en cours 50 parrainages ou marrainages de fillettes en formule école-internat (système anglo-saxonne). La pauvreté fait en sorte que beaucoup de parents nous disent : « Prenez ma fille, envoyez-la à l’école. Je ne vais pas l’exciser, car il n’y a plus de raison de le faire. Je le ferais autrement pour la marier. Si elle est éduquée, elle n’a pas besoin d’être mariée à 12-14 ans ». Ceux-là sont des parents progressistes. Les autres, retirent souvent la fillette en cours de scolarité pour la marier contre une dote de 4 à 5 jusqu’à dix vaches, offertes par un riche homme polygame.

L’enjeu

L’excision ou MGF (Mutilations Génitales Féminines), terme employé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), est malheureusement encore de nos jours un rite traditionnel assez répandu en Afrique. Elle est pratiquée par les femmes elles-mêmes, soucieuses de se conformer à une tradition si ancienne que plus personne ne se souvient de son utilité. Par contre, les conséquences néfastes de cette pratique mutilante, elles, se font ressentir au quotidien : infections pouvant conduire à la mort ; infection urinaire chronique ; accouchements difficiles ; rapports sexuels douloureux ; traumatisme psychique et physique de la fillette ; atteinte aux "droits de l’Homme", car ce rite réduit l’intégrité physique des femmes et met sa vie en danger.

L’excision en pays massai, au Kenya, se pratique sur des jeunes filles de 14 à 16 ans, avec un rasoir, dans des conditions d’hygiène déplorables, et elle est suivie la plupart du temps par un mariage arrangé qui réduit l’adolescente à un objet d’échange entre deux familles. Les MGF préparent donc la jeune adolescente à un mariage précoce et forcé, la privant ainsi du droit à l’éducation.

Pour en savoir plus sur le projet de "e-solidarité" comme moyen d’éradiquer les MGF, on peut lire l’article sur le site. L’ONG Kenyane M.E.D (Maasai Education Discovery), basée à Narok, lutte par la parole pour l’éradication des MGF.

L’éducation

Défendre les droits de l’enfant et les droits de la femme massai est notre premier souci. Nous avons voulu nous différencier de l’ONG mère, car la défense des droits de l’homme n’est pas une affaire gagnée par une éducation formelle. L’école officielle, très conservatrice et profondément religieuse au Kenya, pays où le SIDA fait des ravages parmi les Massai, n’envisage pas d’inclure la prévention de ces fléaux sociaux dans son programme. Le corps enseignant évite soigneusement d’évoquer le SIDA, les MGF et les mariages précoces. Par pudeur, par manque de formation et aussi pour éviter de prendre position sur un sujet susceptible de déplaire aux parents.

J’ai demandé à des professeurs de biologie de parler aux filles des MGF et des risques pour leur santé en tant que futures épouses, femmes ou mères. Ils m’ont répondu qu’ils n’osent pas en parler car c’est tabou. On ne parle pas du corps de la femme, encore moins des sévices qu’on lui inflige !

Sensibilisée moi-même à cette question pour avoir vu une excision de fillette et voulant briser ce cercle infernal, je me suis lancée dans cette aventure sans fin. Organiser des séminaires de brousse au fin fond du pays massai, mettre sur pied des groupes de femmes et les fidéliser à la notion de progrès à travers un micro-projet économique, etc. En effet, il semble hypocrite de parler d’améliorer la vie des femmes sans apporter de modification à leur statut économique et social. La femme est considérée comme moins que rien, alors, comment pourrait-elle imaginer être maîtresse de son corps et de sa vie ? Je suis en contact avec l’OMS et le UNFPA (la contraception est très demandée par les femmes).

Nous essayons également, au moyen de la vente de « bracelets de solidarité », de leur donner une notoriété aux yeux des hommes de la société. Ces derniers collaborent très bien, les plus jeunes surtout. J’avais planifié d’aller sur place de nouveau, dans deux ou trois mois, pour donner des cours sur le thème « Family Life Education » aux classes des collèges de filles massai (14-19 ans). En fait, ce sont l’éducation sexuelle, la prévention du SIDA et les conséquences néfastes des MGF que je voulais expliquer. J’ai changé de priorité : ce sont les petites de 12-15 ans qui constituent la tranche d’âge la plus menacée. Alors, je commencerai par elles.

Dire que je suis mathématicienne et informaticienne à la base ! Parfois, la vie vous catapulte malgré vous vers de nouveaux métiers.

Commanditaires recherchés

Si seulement nous pouvions trouver un-e commanditaire... Mais qui ? La Fondation Bill Gates nous a répondu que ce n’est pas franchement un sujet de santé ! Et le Global Fund for Women, que nous ne sommes pas africaines, donc on a qu’à se tenir tranquilles ! Comme si c’était possible pour des pauvres femmes analphabètes d’aller soumettre des projets et de faire des budgets. Enfin, quand on ne veut pas aider, on trouve mille excuses.

De nouveaux besoins se présentent en matière de "marrainages", de nouvelles fillettes vont se révolter et s’échapper de leur village. C’est un sentiment sain, lié à la dignité de l’être humain et qu’il faut exalter, cultiver, légitimer. Sans révolte, les fillettes sont amenées comme des agneaux à l’abattoir.

J’ai le coeur serré, ce soir, car je viens d’apprendre d’horribles nouvelles par un ami qui travaille contre les MGF au sein d’une autre tribu du Kenya, le West Pokot. Il vient de m’apprendre que dix fillettes sont mortes ce mois-ci, à la suite d’une hémorragie consécutive à l’excision, et 500 autres ont été excisées (volontairement !), au moyen de cinq couteaux seulement ! Pourvu qu’aucune n’ait été porteuse du virus VIH, sinon...

Je n’ai même pas des larmes pour pleurer. Il est préférable de serrer les poings et de continuer. Il faut une énorme solidarité parmi les femmes dans l’axe Nord-Sud pour faire changer la tradition qui considère et traite la femme comme du bétail. J’essaie de la développer au mieux de mes possibilités. Aidez-nous à votre façon. Il y a mille et un moyens de le faire. J’espère qu’on trouvera de nouveaux parrains/marraines. Notre collaboratrice au Kenya est débordée de demandes. Des personnes kenyanes nous donnent de l’argent en nous disant : « Allez secourir telle petite, mais vous ne dites à personne que c’est moi qui la soutient ! » C’est encore risqué d’aller contre la tradition dans le pays. Pour eux. Pas pour moi !

Marrainage ou parrainage d’une fillette

L’association M.E.D (Maasai Education Discovery), section suisse, s’engage à verser votre don, pour la scolarisation d’un enfant, dans l’ordre des priorités suivantes :

 A une fillette menacée de MGF
 A une fillette rescapée de l’excision et qui a peur de regagner son domicile
 A des enfants orphelins (dont les parents sont décédés, du SIDA le plus souvent)
 A des enfants provenant de familles monoparentales
 A des enfants de régions rurales appartenant à une famille nombreuse (souvent plus de 10 enfants) !

Le marrainage ou le parrainage comporte un engagement à verser un montant de 33 fr/mois (francs suisses) pour l’école primaire et le secondaire et 50 fr/mois pour le Collège (Lycée) pour une durée minimale d’un an. Cette somme couvre tous les frais, scolarité, nourriture, séjour dans une école (internat), uniforme et livres. En dollars canadiens, les montants du parrainage sont de 35$ et 50$/mois.

Dès la réception de votre don, nous vous informerons de tous les éléments concernant votre protégée, soit son nom et prénom, son âge, le nom de son village, l’école fréquentée ainsi qu’une photo prise dès son inscription à l’école.

Pour confirmer votre engagement à marrainer ou parrainer une petite fille en danger, complétez le formulaire sur le site e-solidarity.

Les personnes qui ne peuvent débourser le montant d’un marrainage ou parrainage annuel peuvent tout de même faire un don au montant de leur choix à l’association MED.

Modalités de paiement

Si le marrainage ou parrainage vient de la Suisse, je réponds à la personne (dont j’ai toutes les coordonnées et cela est essentiel), en lui donnant le numéro du compte de l’Association à la Banque Cantonale Genevoise.

Si la personne vient du Québec, du Canada, de France, de Belgique ou d’ailleurs, elle peut remplir et expédier le formulaire par Internet. Puis, elle enverra un mandat bancaire au nom de l’association MED à l’adresse suivante :

"Maasai Education Discovery, section suisse"
p/a Annie Corsini
38 chemin Edouard Olivet
1226 Thônex (GE)
SUISSE

Courriel : acorsini@e-solidarity.org
Site : www.e-solidarity.org

Nous vous remercions chaleureusement de votre générosité.

Les petites gouttes forment les grandes rivières !

Avec la collaboration de Micheline Carrier.

Annie Corsini, association MED

P.S.

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