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Chair, chère

23 décembre 2004

par Micheline Mercier

Souviens-toi petite fille
Ce diable de loup qui,
D’un coup de griffe, a marqué ta chair
Volé ton innocence.
Homme sans âme venu de nulle part,
Vêtu du manteau de l’agneau
Tu n’as pas senti son odeur de mort.
Il a léché la main de ton père
Donné à ta mère ce miroir perfide lui accordant
Un monde utopique dont elle rêvait depuis fort longtemps.
Un contrat en or signé de ton sang…
D’un coup de dents
A mordu l’aurore de ta vie
Dévoré ton âme.
Enchaînée, allongée sur un bûcher
A jeté tes restes en pâture à sa meute.
Le peu de vie qui te restait a fait de toi
Une épave en dérive.
Meurtrie, affaiblie, ne pouvant t’enfuir,
Tu as accepté ton état d’esclave.
Au fond d’une sombre venelle,
Cette nuit j’ai retrouvé
Ton corps d’enfant perdue
Te réchauffant d’un rayon de lune.
Croyant que le soleil
Ne brillerait plus jamais pour toi.
Comment pourras-tu pardonner à ces loups
Ton enfance violée, accélérée, perdue à jamais.
Saches, que le soleil brille aussi pour toi,
Qu’il existe autre chose,
Que les lumières tamisées d’une nuit sans étoiles.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 janvier 2005.

Micheline Mercier


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