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Bon anniversaire, Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi, 60 ans, toujours assignée à résidence

21 juin 2005

par Micheline Carrier

    « La vérité, la justice et la compassion sont souvent les seules défenses contre le pouvoir impitoyable » (Aung San Suu Kyi, assignée à demeure depuis 10 ans par la junte militaire en Birmanie).


Aung San Suu Kyi, cheffe de l’opposition birmane assignée à résidence depuis plusieurs années, célèbre son 60e anniversaire aujourd’hui le 19 juin 2005. Prix Nobel de la Paix 1991, Suu Kyi a été emprisonnée, puis libérée, mais toujours sous surveillance, elle continue d’être réduite au silence par la junte militaire au pouvoir en Birmanie.

« Aung San Suu Kyi, assignée à résidence à Rangoun et privée de liberté depuis mai 2003, a fêté hier son 60e anniversaire. La prix Nobel de la paix totalise une dizaine d’années de privation de liberté depuis qu’elle a entamé son combat en faveur de la démocratie, en 1988. Elle vit dans un quasi-isolement. « Des soldats armés postés derrière une barricade de barbelés détournent chaque visiteur à l’entrée de chacune des rues qui conduisent chez elle, déclare l’organisation Info-Birmanie. Le régime maintient sa ligne téléphonique coupée. » Personne ne peut plus communiquer avec elle depuis le 30 mai 2003. À cette date, la junte militaire a tenté de l’assassiner lors de l’attaque de son convoi à Depayin, qui a fait plus de 100 morts. La secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie a été arrêtée et détenue au secret soi-disant « pour assurer sa sécurité ». Elle est réapparue quatre mois plus tard pour une opération chirurgicale. Mais tout contact avec ses amis est rompu. « Le Conseil d’État pour la paix et le développement [SPDC] s’acharne depuis quinze ans à isoler Aung San Suu Kyi. Les généraux veulent que le monde l’oublie », estime Info-Birmanie. « Elle représente la menace principale au régime militaire, et les craintes pour sa sécurité redoublent depuis l’interdiction de visite hebdomadaire infligée à son médecin personnel et les attentats du 7 mai 2005 ». (...) (L’Humanité, le 20 juin 2005).

Voici une courte biographie de cette femme courageuse.

« Fille du leader de la libération Aung San (assassiné en 1947), Suu Kyi est née à Rangoon en 1945, juste avant que la Birmanie ne se libère de la tutelle colonisatrice de la Grande-Bretagne. Sa mère est diplomate et Suu Kyi est élevée en Inde et en Grande-Bretagne. Elle fait des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Oxford. Elle poursuit une carrière académique jusqu’à ce qu’elle rentre en Birmanie, en 1988, pour soigner sa mère malade. En juillet 1988, le général Ne Win, à la tête d’une junte militaire depuis 1962, est obligé de démissionner. Les troubles qui suivent cet événement sont brutalement réprimés par l’armée.

Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Suu Kyi et ses amis politiques fondent, en 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Son engagement, non violent, en faveur de la mise en place d’un régime démocratique lui vaut un grand succès auprès de la population. Ce succès va amener, en 1989, la junte militaire au pouvoir à assigner Suu Kyi à domicile afin de diminuer son influence, mais cette mesure ne va pas empêcher la LND de remporter presque 80% des sièges lors des élections de 1990. Les militaires au pouvoir vont refuser le résultat démocratique sorti des urnes et vont au contraire augmenter la répression et les persécutions vis-à-vis de l’opposition et des minorités ethniques. Malgré cela, Suu Kyi, appelée « la Dame », continue de résister ».

Elle a reçu le Prix Nobel de la Paix 1991.

Son fils Alexander, en recevant pour elle le prix Sakharov du Parlement Européen, en juillet 1991, a dit : "Ma mère vous aurait dit qu’elle accepte ce prix, non pas en son nom, mais au nom des hommes, des femmes et des enfants birmans. Ceux qui, à l’heure où je vous parle, continuent, pour la cause de la démocratie, de sacrifier leur bien-être, leur liberté et leur vie". (Le Monde, 12 décembre 1991)

Source

Autres sources d’information sur Aung San Suu Kyi

 Livre : « Se libérer de la peur », Paris, Éditions des femmes, 1991. Réédition 2004. Voir site des Éditions des femmes
 Pour la libération de Aung San Suu Kyi, Nouvel Obersateur, le 17 juin 2005.
  Humanité, 30 mai 2005
Amnesty International
 Documentation sur la Birmanie
 Wikipedia/Aung San Suu Kyi
 Une autre biographie

 Site Web consacré à Aung San Suu Kyi (en anglais)
 Extraits du discours écrit par Mme Aung San Suu Kyi et prononcé le 21 novembre 1994 à Manille, dans le cadre de la réunion de la Commission mondiale sur la culture et le développement de l’UNESCO, au nom de l’auteur et à sa demande, par Mme Corazón Aquino, ancienne présidente de la République des Philippines, in « Le Courrier de l’UNESCO », mars 1995, pp. 5-8.

***La photo ci-jointe a été publiée sur la liste Femmes en noir.

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Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 juin 2005.

Micheline Carrier


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