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Bas salaire

9 septembre 2005

par Stephanie Wolbeek

Moi j’te raconte
La vie urbaine sans peine
Moi j’te raconte
Les p’tits problèmes
Qui font de la peine
À peine résolu,
Ils continuent.

La vie n’est pas ce que tu crois.
Ce n’est pas de la confiture,
Y’a plein de bavures.

Faut avoir l’attitude
Contre l’inquiétude
Même si on titube
Faut s’tenir droit
Comme le doigt
Qu’obéit à l’œil :
Attention au portefeuille.

Des loyers bien salés,
Des factures tombées sous le nez,
La moutarde me monte au gosier.
Ma glotte s’emporte
J’ai la nausée.
J’déglutis mes p’tits ennuis,
Je les fuis

Un prêt hypothécaire hérisse mes capillaires,
Mes économies sont bien trop légères.
Mon budget ne fait pas le poids
Face à mes dépenses alimentaires,
J’fais régime pour me payer la clim’.
Mon chauffage prend de l’âge.
Et mon frigo prend l’eau.
Quel fiasco !

Du coup, j’ai des dettes
Et j’fréquente des gens pas nets.
J’fais du commerce au noir,
Toujours le soir
Très tard quand les gentils se sont endormis.

Les bourses se vident.
Et mon corps s’fatigue.
J’commence à avoir une sale mine.
J’m’appelle Odette, Marie, Ludivine,
J’veux rester anonyme
Alors c’est aussi Madeleine, Clémentine
La vie est maintenant une guerre.

Ah quand la vie était moins chère,
J’devais pas vendre ma chair,
J’étais juste bouchère
J’vendais des produits similaires.
Mais accablée par la vache folle,
Et autres crises aviaires,
J’ai été obligée
De changer de métier.

J’fais du commerce de mon sexe,
Une chair pas beaucoup plus cher
Mais aussi nécessaire

Golden sixty, c’est fini,
Le plein-emploi
N’est plus là

© Stephanie Wolbeek, Bruxelles, 2005

Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 septembre 2005.

Stephanie Wolbeek


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