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Pour le vivant Québec de ma vie

29 septembre 2005

par Andrée Ferretti, écrivaine

En ce moment de l’histoire où partout dans le monde, les peuples en ont assez de se faire manipuler par des gouvernements qui se laissent assujettir par les tenants et les profiteurs des supposées lois de l’économie de marché, plutôt que d’être à l’écoute de leurs besoins et aspirations, l’indépendance devrait être pour le peuple québécois un projet plus que jamais rassembleur, précisément parce qu’il installe en toute nécessité la politique au cœur de la vie de la nation, puisqu’en effet, il s’agit de liberté.

Ainsi, le peuple québécois n’a pas besoin d’être sauvé, mais de se prendre en mains, porté par un idéal libérateur.

Et à cette fin, il doit se prémunir contre les faux messies d’où qu’ils viennent, y compris des rangs du Parti québécois.

Or, parmi les candidats à sa direction, nombreux sont ceux qui, à en juger par le narcissisme avec lequel ils s’encensent et par leur profession de foi indépendantiste, aussi soudaine qu’imprévisible, compte tenu de leurs tergiversations idéologiques passées et de leurs incessantes esquives, stratégiques, nous disaient-ils, se prennent pour des sauveurs, bien qu’aucun d’eux n’aient le charisme qu’on attribue généralement à ceux et à celles (plus rares) qui prétendent à ce rôle.

Et c’est tant mieux pour la nation en devenir, qui a ainsi la chance d’être sauvée d’un sauveur. N’en déplaise à nos journalistes qui, malgré leur glorification de la modernité, n’en ont que pour cette figure désuète de la personnalité politique.

Heureusement, quoi que n’en disent pas nos coureurs de vedettes, il y a dans cette course au moins un candidat qui a une conception plus fondamentale de la politique et plus démocratique de la direction du Parti québécois, en ce moment de son existence où l’indépendance est enfin devenu un objectif clairement identifié et exprimé.

Il s’agit de Pierre Dubuc que j’appuie.

Le militant

Je le connais depuis 1984, année où il a fondé l’aut’journal, un mensuel indépendantiste et progressiste, dont il est, depuis, le directeur et le rédacteur en chef. Pas un mois, depuis 21 ans, où il ne soit parvenu à faire paraître le journal qui tire maintenant à 35,000 exemplaires.

Pour réussir ce tour de force, Pierre Dubuc a su s’entourer de collaborateurs aussi engagés que lui : des militants oeuvrant dans des milieux communautaires, sociaux et politiques, des intellectuels, des écrivains, et même des penseurs, s’instruisant avec eux et avec elles des besoins des citoyens ; cherchant avec eux et avec elles les causes et les solutions des problèmes de notre société ; partageant avec eux et avec elles sa vision progressiste d’un Québec indépendant, libre et souverain, à construire, non pas sur papier, non pas dans de beaux programmes électoraux, encore moins dans les officines du pouvoir, mais sur le terrain, à l’étude des conditions concrètes de vie et de luttes des citoyens et citoyennes de tous âges, de tous métiers et professions, dans toutes les régions, à l’écoute des aspirations profonde de notre peuple.

Comme des milliers et des milliers de Québécois et de Québécoises dont je suis, Pierre Dubuc ne s’est jamais senti à l’aise face à l’impuissance du Parti québécois d’engager notre nation dans une véritable lutte pour son indépendance politique, et son malaise n’a fait que s’approfondir devant le virage néo-libéral et néo-fédéraliste du gouvernement Bouchard.

Après avoir participé activement à diverses tentatives de création d’un parti réellement indépendantiste et progressiste, et suite à l’échec du mouvement pour une réforme substantielle du mode de scrutin, qui aurait donné une chance minimale aux petits partis d’avoir quelques sièges à l’Assemblée nationale, pour y faire entendre la voix contestataire et néanmoins légitime de leurs électeurs, Pierre Dubuc devient membre du Parti québécois, en 2004, avec le projet de créer des clubs politiques à l’intérieur du Parti, permettant à celui-ci d’accueillir dans ses rangs des militants politisés et aguerris, susceptibles de le rénover et de le dynamiser. Ainsi est né le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre).

Et c’est avec l’appui unanime du SPQ Libre que Pierre Dubuc se présente aujourd’hui, à titre de chef du Parti Québécois.

Et avec le mien, celui d’une militante qui apprécie au plus haut point son militantisme exemplaire, celui d’un homme constant, tenace, attentif aux idées des autres, ferme dans ses décisions, d’un dévouement sans bornes. Sa profonde intelligence et son honnêteté intellectuelle lui permettent de comprendre rapidement la complexité des problèmes et de proposer des solutions adéquates, sans cacher leurs difficultés.

Le candidat

Je l’appuie parce que je sais, pour l’avoir beaucoup lu et en avoir maintes fois discuté avec lui, que Pierre Dubuc conçoit l’indépendance nationale du Québec comme l’accomplissement des luttes séculaires menées par notre peuple pour son autodétermination politique indissociablement liée à son émancipation économique et sociale et à son affirmation culturelle.

Autrement dit, pour Pierre Dubuc, l’avènement démocratique de l’indépendance nationale non seulement dépend de la détermination du peuple à la réaliser, mais implique qu’elle doit l’être pour le peuple.

Autrement dit, l’indépendance du Québec suppose un profond changement de société qui ne saurait atteindre ses objectifs sans l’appui conscient et déterminé de la très grande majorité des citoyens. D’où la nécessité d’un véritable effort d’éducation et de mobilisation populaires. Tâche exaltante, certes, mais ardue à mener qui exige un discours vrai dont la crédibilité repose aussi bien sur la confiance inspirée par ceux qui le tiennent que sur la constante clarification des termes du débat et des enjeux du combat.

Or, je sais que Pierre Dubuc peut inspirer cette confiance parce qu’il est véritablement soucieux de justice sociale et que tout son parcours démontre qu’il n’a de plus grande ambition personnelle que celle de contribuer de manière décisive au bien commun.

Espoir

J’appuie Pierre Dubuc aussi pour une raison égoïstement personnelle. Parce que arrivée à l’âge de 70 ans, après plus de 40 ans de militantisme constant, il incarne à mes yeux et dans les circonstances, toutes les qualités que j’attends d’un dirigeant indépendantiste, pour conserver intact mon espoir de ne pas mourir sans avoir vécu, ne serait-ce qu’un seul jour, dans mon pays, ce Québec indépendant, libre et souverain que j’appelle de tous mes vœux.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 septembre 2005.

Andrée Ferretti, écrivaine


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