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Manifeste pour un Québec solidaire

3 novembre 2005

Douze personnalités québécoises ont récemment publié un manifeste pour un Québec « lucide ». Elles s’alarment du déclin démographique, de l’ampleur de la dette québécoise et d’une concurrence de plus en plus dure avec les pays asiatiques. Les signataires se disent inquiets pour l’avenir des enfants du Québec.



L’avenir de nos enfants nous inquiète aussi. Nous ne voulons surtout pas leur laisser une planète exsangue, des forêts détruites, des inégalités sociales et économiques accrues, des guerres pour s’arracher l’eau encore disponible. Nous voulons leur transmettre autre chose que le sentiment qu’il faut plier devant ce que dicte le marché.

Nous croyons nous aussi faire preuve de lucidité. Un regard attentif et critique sur le sort du monde et le devenir du Québec nous révèle partout les résultats désastreux de décennies de politiques économiques néocapitalistes. Inégalités sociales, pauvreté, crises financières, scandales comptables, dégradations environnementales et changements climatiques sur fond de conflits meurtriers sont les conséquences visibles d’un laisser faire qui a abandonné à l’illusion du marché autorégulé le soin de gérer le quotidien et l’avenir de la Terre et des humains.

Ce sont là les vrais problèmes du monde et du Québec. Le type de mondialisation porté par les puissants et les bien nantis, en est le principal responsable.

C’est avec cette conscience, que nous, citoyennes et citoyens de divers horizons, avec ou sans engagement dans un parti politique, mettons en doute les prémisses et rejetons les conclusions du « Manifeste pour un Québec lucide ». L’enjeu ne se situe pas pour nous entre le statu quo et le changement. Il porte plutôt sur la nature du changement. Celui auquel nous aspirons est autrement plus exigeant au plan de l’exercice des responsabilités individuelles et collectives. Son horizon nous paraît plus juste et plus heureux. Nous allons tenter de le montrer en reprenant autrement certaines affirmations.

Nous concédons que certains des enjeux soulevés sont bien réels. Pensons aux difficultés causées par les échanges commerciaux avec l’Asie. Ces difficultés sont en grande partie liées aux logiques de concurrence, de croissance illimitée et d’affrontement commercial, provenant des politiques d’ouverture des marchés mises en place dans les dernières décennies et renforcées par des dirigeants politiques, incluant Lucien Bouchard quand il était premier ministre du Québec. Nous croyons qu’il y a mieux à faire pour le Québec et pour le monde.

Pour assurer le bien-être et l’avenir de ses citoyens et citoyennes de toutes générations, le Québec doit donc entreprendre dès maintenant un virage politique et économique qui soit résolument viable, progressiste et solidaire. Les pays scandinaves, de même que des pays d’Amérique latine qui multiplient les solutions créatives aux problèmes générés par la mondialisation marchande, sont de véritables sources d’inspiration.

L’humanité n’a jamais créé autant de richesse mais sa répartition est plus déséquilibrée que dans toute l’histoire de notre civilisation. Le Québec, toute proportion gardée, n’échappe pas à cette tendance à la concentration de la richesse. Les personnes pauvres le sont plus qu’il y a dix ans et les riches sont plus riches. Voilà un vrai problème. Ce problème a été créé, entre autres, par des réductions d’impôt qui profitent davantage aux contribuables à revenus élevés pendant que les pauvres se contentent de salaires trop faibles ou de prestations insuffisantes de l’assurance emploi et de l’aide sociale.

Voyons maintenant les enjeux soulevés par le manifeste « des lucides ».

La question démographique

Le manifeste Pour un Québec « lucide » considère le vieillissement de la population comme un enjeu préoccupant. Il pose le problème de la façon suivante : comment payer des services publics si le nombre de travailleuses et de travailleurs décroît sensiblement ?

En fait il se produit de plus en plus de richesse au Québec par habitant mais avec de moins en moins de travailleurs et de travailleuses, quel que soit leur âge.

Entre 1982 et 2000, le nombre de personnes au travail a augmenté de 22% alors que le PIB par habitant a connu une hausse de 132%. Après 2000, le PIB continue d’augmenter de près de 3.5% par année alors que le taux de chômage demeure relativement élevé, plus de 8% au Québec . Pendant la même période de 20 ans, les salaires totaux versés dans l’économie québécoise augmentent de 130% alors que les revenus des entreprises gonflent de 496%, montrant que la richesse produite n’est plus proportionnelle au nombre de travailleurs et de travailleuses. Le problème n’est donc pas celui de la création de la richesse mais de sa répartition.

Ajoutons que le déclin démographique pourrait sans doute être ralenti au Québec si les gouvernements adoptaient des politiques de soutien aux familles et si les entreprises étaient ouvertes à des mesures de conciliation entre la famille et le travail.

Les garderies à 5$, passées à 7$, et de meilleurs congés parentaux ne peuvent tenir lieu en soi d’unique politique familiale. Il faut plus : une reconnaissance économique du travail invisible des parents (le plus souvent des femmes) à la maison, des logements à prix abordable, des tarifs famille moins élevés pour les activités de loisir, des horaires de travail définis à l’avance, des contrats à durée indéterminée, la fin de la récupération discriminatoire des pensions alimentaires auprès des familles recevant de l’aide financière aux études ou de l’aide sociale, etc. De plus, il serait avantageux d’ouvrir plus grandes les portes à l’immigration et de reconnaître la formation académique et l’expérience des personnes immigrantes.

 Lire la suite, télécharger le texte intégral et appuyer ce manifeste sur le site Pour un Québec solidaire.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er novembre 2005




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