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France
Dérives des banlieues : les filles, premières victimes

10 novembre 2005

On parle beaucoup des jeunes garçons victimes dans les banlieues en France, mais les premières victimes sont les filles, selon les auteures des points de vue suivants.



« Les filles des cités »

par Katia Chapoutier
collaboration spéciale, La Presse, édition du 9 novembre 2005

« À l’heure où la violence flambe dans les banlieues françaises, on parle beaucoup des jeunes adolescents rebelles, mais pas des filles. Pourtant, depuis une dizaine d’années, elles sont les premières victimes de la dérive des cités.

« La dérive des banlieues a commencé il y a une quinzaine d’années, avec le chômage de masse qui a touché de plein fouet les immigrés.

« Nombre de pères se sont donc retrouvés sans emploi. Ces pères, qui arbitraient les conflits entre frères et soeurs, et donnaient aussi les règles de vie de la communauté, ont été alors ébranlés dans leur position et dépossédés de leur autorité. Toutes leurs prérogatives sont, de fait, passées aux fils aînés.

« Les fils ont eu la responsabilité d’inculquer les valeurs familiales aux filles. "Leur mission était claire : protéger la soeur des prédateurs, la préserver vierge jusqu’au mariage", dit Fadela Amara, fondatrice de Ni Putes Ni Soumises, organisme voué à la défense des femmes issues des communautés culturelles françaises et qui sonne
l’alarme depuis longtemps sur le dérapage des banlieues.

« Peu à peu, la vigilance des frères a tourné à l’oppression. Les filles n’ont plus été libres d’aller et venir, la mixité en dehors du cercle familial a été progressivement bannie. Faire des études est même devenu un sujet de lutte puisque ces femmes étaient destinées au mariage et au foyer. Par la suite, la mission de surveillance des grands frères s’est étendue à l’ensemble des garçons de la cité.

[...]

 Pour accéder à la version intégrale de cet article ou http://tinyurl.com/bzd7o (Archives payantes de La Presse)


Communiqué de l’Alliance des femmes pour la démocratie
Antoinette Fouque, présidente

Paris, le 7 novembre 2005,

APPEL

Femmes, manifestons-nous !

Femmes, où sommes-nous, quand la violence s’empare du pays ?

Dans les banlieues, enfermées, menacées, otages de petits délinquants, de bandits mafieux, d’une idéologie religieuse qui nous voile, et partout visiblement absentes des lieux de décision, de pouvoir et de débat médiatique.

Ils disent qu’il est urgent de rétablir l’ordre et la paix sociale. Evidemment.
Mais quel ordre ? Un ordre démocratique, laïque, c’est-à-dire avec et aussi pour les femmes. Sans nous, pas de démocratie.

Mais quelle paix ? La paix républicaine, l’égalité pour tous, l’intégration sociale, mais pas au détriment des femmes. Il existe des lois démocratiques de parité, d’égalité. Elles doivent être respectées.

Il y a dans les cités plus en souffrance que les garçons, ce sont les filles et les femmes, qui pourtant ne brûlent pas de voitures. Elles protègent, nettoient, réparent, restaurent. Elles doivent pouvoir construire aussi leur liberté et leur vie. Une paix sans les femmes serait une paix contre elles, ce serait une fausse paix.

Nous sommes révoltées par ce vandalisme qui tue, détruit lieux de vie, d’éducation, de travail, et met en danger les femmes, les enfants et les plus fragiles.

P.S. : Nous apprenons aujourd’hui, mardi 8 novembre 2005, qu’une femme a échappé de justesse à une immolation - Sohane, elle, en est morte en octobre 2002, à Vitry-Sur-Seine.

Plusieurs autres ont été violemment agressées, ce qui confirme nos craintes (Article ci-joint du Parisien)

Le Parisien, mardi 8 novembre 2005

« Des agressions très violentes

« Une jeune femme dans le quartier du Champy a échappé de très près à l’immolation ce week-end lors d’incidents à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Après l’avoir aspergée d’alcool dans le hall de son immeuble, l’un de ses agresseurs a alors jeté sur elle un engin incendiaire pour enflammer le produit. Par réflexe de survie, elle a réussi à se protéger avec la porte pour contrer le projectile et éviter le pire. Ses adversaires ont alors lâché prise.

« Au Pavé-Neuf, un quartier tout proche, deux jeunes femmes ont aussi été attaquées alors qu’elles conduisaient. Elles ont été sorties de force de leur véhicule par les cheveux lors d’attaques d’une violence inouïe menées par de petits groupes très mobiles. Des événements qui ont conduit le député-maire socialiste de Noisy-le-Grand, Michel Pajon, à demander « l’intervention de l’armée » dans les quartiers sensibles, ce qui est pour lui « un immense et inimaginable constat d’échec ».

« Dans la Loire, à Ricamarie, c’est en plein après-midi, dimanche vers 16h30, qu’une femme a été sérieusement brûlée dans un bus. Le véhicule était à l’arrêt quand deux hommes encagoulés ont jeté de l’essence dans un bus. Les passagers ont réussi à sortir, mais une vieille dame, se déplaçant difficilement, est restée coincée dans l’habitacle. C’est finalement le chauffeur qui est parvenu à l’en extraire en la portant, mais elle a été hospitalisée dans un état grave. A Colombes (Hauts-de-Seine), le bébé de 13 mois, qui se trouvait avec sa maman dans un bus qui a essuyé des jets de pierres dimanche, est sorti finalement indemne de ces violences. Des éclats de verre ont très légèrement blessé la mère. »

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 novembre 2005.




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