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La prostitution est de la violence faite aux femmes

28 décembre 2005

par l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel

L’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel (ACCCCACS) est solidaire de toutes les personnes sexuellement exploitées.

    • Nous croyons en un monde libre de prostitution et de toutes les formes d’exploitation sexuelle.
    • Nous déclarons que le système prostitutionnel est profondément sexiste et raciste. Il se fonde sur les inégalités actuelles entre hommes et femmes, entre adultes et enfants, entre riches et pauvres et entre pays du Nord et du Sud, et sur les inégalités racisées.
    • Nous déclarons que la prostitution est habituellement la conséquence de la misère économique et affective et de diverses formes de violence sexuelle. Elle est liée à la sexualisation des jeunes femmes et des filles. Ce n’est donc pas le « choix » libre d’un travail ou un « droit » à disposer de son propre corps comme on le souhaite.
    • Nous croyons que les femmes exploitées sexuellement sont amenées de force, avec le temps, à une culture prostitutionnelle par la violence masculine, la pauvreté, le cycle terrible de la toxicomanie et le statut précaire des personnes immigrantes dans notre pays.
    • Nous croyons que l’exploitation sexuelle est basée sur la commercialisation du corps des femmes et qu’elle se situe sur un continuum qui inclut la pornographie, la prostitution, toutes les formes de violence sexuelle, la pédophilie, le trafic sexuel interne et international et l’esclavage sexuel.
    • Nous croyons que la mondialisation du trafic sexuel nourrit la demande incessante de l’industrie du sexe pour du « sang neuf » et de « l’exotisme ». Elle touche la vie de millions de personnes, principalement des femmes et des filles des pays du Sud et de l’Europe de l’Est.
    • Nous dénonçons l’industrie du sexe qui exploite, dans le contexte de la mondialisation, la misère et la vulnérabilité des membres les plus fragiles de la société et des personnes rendues vulnérables par la guerre, les conflits armés et les situations de crise économique, sociale et environnementale.
    • Nous réaffirmons que le combat contre toutes les formes d’exploitation sexuelle fait partie intégrale de la lutte pour le respect des droits humains, de l’égalité sexuelle et de l’égalité entre toutes les personnes.

Il est résolu que :

    • Nous considérons la prostitution comme une forme de violence anti-femmes et nous réclamons des poursuites pénales contre tous les entremetteurs et proxénètes.
    • Nous réclamons du gouvernement canadien qu’il respecte les engagements qu’il a pris avec la signature du protocole de Palerme, en assurant la sécurité et la protection des personnes trafiquées et en mettant fin à toute déportation des victimes de trafic.

Pas de justice réparatrice ou de médiation dans les causes de violence faite aux femmes

Attendu que :

    • Les modèles canadiens actuels de justice réparatrice ou de médiation sont inefficaces ou inadéquats, face aux enjeux d’égalité des femmes, et que le recours à ces programmes dans les cas de violence masculine contre les femmes s’avère dangereux et contre-productif pour les femmes qui recherchent sécurité et justice après un viol.

Il est résolu que :

    • Il n’existe pas présentement de modèles de justice réparatrice ou de médiation que l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel est prête à appuyer dans des causes de violence masculine contre les femmes.
    • Nous n’appuyons pas, à titre d’Association, la décriminalisation de la violence sexuelle : nous reconnaissons que les programmes actuels de justice réparatrice ou de médiation courent le risque d’une décriminalisation de fait de la violence sexuelle.
    • L’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel n’envisagera d’appuyer aucun programme de justice réparatrice ou de médiation dans des causes de violence masculine contre les femmes à moins que les conditions suivantes ne soient remplies :
    • Chaque femme peut décider du traitement de sa cause de violence masculine selon des mesures de justice réparatrice ou de médiation ;
    • La structure et la philosophie du programme reflètent un engagement probant envers l’égalité des femmes. Plus spécifiquement, le programme est élaboré en collaboration avec des groupes de défense des droits des femmes à l’égalité et il se fonde sur une recherche narrative menée en collaboration avec des groupes de défense des droits des femmes à l’égalité.
    • Le programme traite toutes les formes de violence masculine envers les femmes avec le même sérieux. Le programme ne prend pas pour acquis qu’une catégorie de délit ou d’agresseur est plus susceptible d’être traitée par des méthodes de justice réparatrice.
    • Le programme bénéficie de suffisamment de ressources pour assurer le soutien important nécessaire aux femmes qui se prêtent à un processus de justice réparatrice ou de médiation.

NOTA : L’ACCCACS convient que nous ne favorisons pas le fait de sanctionner des garçons de façon identique à la sanction d’hommes adultes.

L’ACCCACS est solidaire des femmes autochtones du Canada

Nous, membres de 1’ACCCACS, sommes solidaires et respectueuses des droits et des revendications de nos sœurs autochtones partout au Canada.

Nous dénonçons et nous sommes profondément indignées de la disparition, au cours des 20 dernières années, de 500 femmes autochtones de diverses communautés autochtones au Canada.

Nous déplorons que les femmes autochtones demeurent la cible d’une violence et d’une haine à caractère racial. Malheureusement, on continue à les objectifier, à leur manquer de respect, à les déshonorer, à les ignorer et à les tuer - très souvent en toute impunité.

Nous appuyons la Campagne Sœurs d’Esprit de l’Association des Femmes autochtones du Canada qui revendique un fonds d’éducation et de recherche d’un montant de 10 millions $, fonds qui servira à :

    • La recherche pour documenter le nombre de femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada et les circonstances entourant leur disparition ;
    • L’éducation populaire sur les causes de la violence faite aux femmes autochtones ;
    • Des ateliers d’éducation consacrés aux femmes disparues et à leurs familles ;
    • Une ligne téléphonique d’urgence et un registre officiel pour rapporter les disparitions et tenir à jour des données statistiques.

Nous réclamons du gouvernement fédéral qu’il fournisse ce fonds d’éducation et de recherche, tel que demandé par l’Association des Femmes autochtones du Canada.

Pauvreté des femmes

Attendu que la pauvreté est tout à fait inutile et inacceptable,

Attendu que la pauvreté affecte disproportionnellement les femmes, et particulièrement les femmes autochtones, les femmes de couleur, les femmes immigrantes et réfugiées, les femmes vivant avec une incapacité et les mères autonomes,

Attendu que la pauvreté rend les femmes plus vulnérables à être attaquées au foyer, au travail et dans la rue,

Attendu que la pauvreté crée des obstacles quasi-insurmontables à l’autonomie des femmes,

Attendu que la pauvreté entrave l’accès des femmes aux soins de santé et à la justice après des agressions,

Attendu que l’analyse et la vision promues à la rencontre de Pictou* sont des gages d’espoir pour l’ACCCACS,

Il est résolu que l’ACCCACS appuie la Déclaration de Pictou* comme élément de départ d’une théorie économique féministe.

Appel à une stratégie d’intégration pour les membres de l’ACCCACS (issue du caucus des Femmes de couleur)

Attendu que lorsque les femmes obtiendront l’égalité, l’égalité existera pour toutes et tous,

Attendu que les manières de s’organiser des femmes peuvent prendre différents aspects dans diverses communautés, à l’échelle locale et mondiale,

Attendu que, comme les forces du patriarcat, incluant le capitalisme, sont la principale raison pour laquelle les femmes fuient leur pays, cela exige une solidarité féministe mondiale avec les femmes pauvres, les femmes autochtones et les femmes de couleur partout au monde,

Et attendu que la majorité des personnes sur la Terre sont les femmes, les femmes de couleur, les femmes autochtones et les femmes pauvres ;

Si le monde était juste, il n’y aurait pas de pauvres et les femmes de couleur et les femmes autochtones détiendraient 75% du pouvoir ;

Et attendu que, comme nous voulons la libération des femmes à l’intérieur et à l’extérieur du Canada, toute stratégie d’action affirmative devra s’appliquer à l’échelle mondiale, ce qui impliquera plus de pouvoir à l’échelle mondiale pour les femmes de couleur et les femmes autochtones ;

Et attendu que nous considérons la révolte des femmes de tous les pays du Sud comme une révolte intégrée ;

Il est résolu que :

Nous soutiendrons et ferons alliance avec les groupes anti-violence regroupant des femmes autochtones et de couleur qui luttent contre la violence faite aux femmes à l’échelle locale et mondiale.

Les membres de l’ACCCACS soutiendront l’émergence de groupes autonomes de femmes de couleur et de femmes autochtones et favoriseront l’intégration raciale des membres de l’ACCCACS. La réalisation de cette intégration nécessite de nouvelles ressources, tactiques et stratégies et un engagement supplémentaire de la part de nos centres.

Il est également résolu que, dans notre revendication d’un revenu acceptable garanti et notre revendication pour une redistribution de la richesse, nous incluons et soutenons la demande faite par la Marche mondiale des femmes d’annuler la dette des « pays du Tiers-monde ».

* Rencontre de Pictou (Nouvelle-Écosse), le 18 septembre 2004 : « Déclaration au sujet d’un revenu acceptable garanti », par Lee Lakeman, Angela Miles et Linda Christiansen-Ruffman

Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 décembre 2005.

l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel


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