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Une mère belge proteste contre un soutien ministériel à des masculinistes

23 avril 2006

Bruxelles, le 17 avril 06

Madame la Ministre Françoise Dupuis.

Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée du Logement et de l’Urbanisme, Ministre, Membre du Collège de la COCOF, chargée de la Formation professionnelle, de l’Enseignement, de la Culture et du Transport scolaire

Madame la Ministre,

Cette lettre pour vous faire part de ma plus vive indignation alors que je viens de découvrir que le siège du groupement d’associations A., L. et les S. situé à A. sert de lieu de réunion à une officine masculiniste proche de l’association « Mouvement pour l’Egalité Parentale », dont le président Kérim Maamer, lors d’une réunion publique sur le thème de la garde alternée en mai 2005, se vantait d’avoir réussi à stopper une subvention pour les familles monoparentales dont on sait qu’elles sont majoritairement composées par des femmes seules avec leur enfant, subissant le plus souvent une chute de leur niveau de vie après la séparation, voire l’abandon de leurs ex.

J’aimerais savoir si vous êtes d’accord avec l’usage des subventions de votre ministère pour ce type de réunions alors que l’objet de ce groupement d’associations - le club de jeu comme fonction socialisante - n’a rien à voir avec des réunions uniquement composées d’hommes qui s’organisent pour demander toujours plus de droits sur leurs enfants au détriment des mères pour lesquelles rien ne continue de s’améliorer dans la société actuelle ; il suffit de consulter les chiffres des violences conjugales, lesquelles sont à 80% responsables des séparations à l’initiative des femmes. Vous n’êtes d’ailleurs pas sans savoir que la loi fixant pour norme la garde alternée vient de passer sous la pression des associations de pères malgré les réticences des experts de la petite enfance, comme le pédopsychiatre et professeur Jean-Yves Hayez de l’UCL ou le docteur Maurice Berger en France, qui sont notamment intervenus dans le Thema d’ARTE du 22 mars 2005 sur les associations masculinistes et leurs revendications : « La Vengeance des pères » (références web plus bas).

Par ailleurs, ayant moi-même participé en tant que membre au club de jeu A, il y a quelques années, j’avais déjà constaté que les femmes y étaient sous-représentées et je me demandais déjà si les remarques et les blagues misogynes qui y fleurissaient en étaient la cause. Les réunions avaient lieu alors à l’athénée du réseau catholique où enseignait M. V., déjà président à l’époque de l’association A et sur le PC duquel une pin-up déshabillée s’affichait en guise d’arrière plan...
Par ailleurs, ce personnage a fait rédiger par sa compagne qui ne me connaît pas, une attestation contre moi dans la procédure qui affrontait le père de ma fille et moi-même pour la garde de la petite qui avait à l’époque 5 ans !

Aujourd’hui encore et à chaque fois que j’ai pu m’y rendre - exclusivement pour faire plaisir à ma fille qui subit une garde alternée imposée depuis que je suis revenue à Bruxelles - pas une seule femme n’était présente.

J’en conclus donc que ce groupement d’associations est plus un lieu pour quelques privilégiés qu’un lieu d’ouverture sur les autres - pas plus du reste que vers la population locale d’origine musulmane qui en est également absente.
Quant à ma situation, la voici : assignée à résidence à Bruxelles où j’ai dû revenir pour élever ma fille depuis septembre 2004, à la suite du jugement d’appel de la Cour de Paris, où j’étais revenue depuis 3 ans et qui ne m’octroyait sinon que les petites vacances en plus d’un droit de visite classique (un week-end sur deux, la moitié des vacances scolaires), poursuivie par l’Office des Etrangers qui m’a déjà envoyé (illégalement puisque la Belgique a été plusieurs fois condamnée par la Cour Européenne de Justice pour cela) un ordre de sortie du territoire en Novembre et s’apprête sûrement à recommencer à l’expiration de ma carte de résidente de 5 mois, je ne retrouve pas de travail à la hauteur de mon expérience (collaboratrice au Parlement Européen puis professeur à Paris) et je suis obligée de vivre de la solidarité de ma famille pour pouvoir élever ma fille à mi-temps tout en continuant à me former, en particulier en néerlandais.

Le père lui, par contre, compte enseigner à la rentrée dans la formation des instituteurs et gagne environ 1600 euros, touche l’entièreté des allocations familiales et refuse de faire reconnaître la convention de garde alternée que nous avons signée entre nous, ce qui signifie qu’il peut à tout moment revenir au jugement initial qui lui attribue la garde complète de l’enfant et qu’il ne se prive pas de nous tenir en permanence sous cette menace de représailles, ma fille et moi.
Lors de la toute première audience à Bruxelles - comme je le devais selon la Convention de La Haye pour éviter toute accusation d’enlèvement international (cf. le cas de la petite Charlotte, très médiatisé) et alors que j’étais revenue en France depuis décembre 2000 -, le père ne s’était pas présenté et le juge belge avait considéré qu’il contestait par là sa compétence !

C’est pourquoi, je vous prie par la présente de réfléchir à tout cela quand viendra le moment de renouveler l’octroi des subventions à ce groupement d’associations et de ne pas divulguer mes coordonnées car ces associations masculinistes sont coutumières de menaces de violence à l’égard des associations de femmes.
En vous remerciant d’avance, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.

Antigone, mère assignée à résidence, membre des associations L’Enfant D’Abord, icw-collectif des mères et Moeders tegen Incest.

Références web

 Site Arte
 (Sur cette page, l’histoire de la petite M. est celle de ma fille)
 La résidence alternée, une loi pour les adultes ? par Maurice Berger, psychiatre et psychanalyste
- Famille, droit et bien-être des enfants

Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 avril 2006.




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