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Les pères continuent à ne pas faire leur part

12 juin 2006

par Adele Horin

Selon un rapport australien, la première cause de la « disparition » des pères après le divorce serait leur « absence » avant...



Le principal obstacle à l’implication des pères vis-à-vis de leurs enfants après le divorce est leur manque d’implication avant le divorce, révèle un rapport publié aujourd’hui [1er décembre 2003] en Australie.

Ce document, « Paternité et absence de pères », publié aujourd’hui [1er décembre 2003] par le centre de recherche Australia Institute, estime qu’une proposition d’aménagement de la loi pour assurer la résidence alternée des enfants du divorce « n’augmentera pas les chances d’une parentalité conjointe ».

L’auteur, Michael Flood, un chercheur attaché à l’AI, affirme que les pères nécessitent des politiques qui « aident à lier les pères à leurs enfants à toutes les étapes de leur vie, plutôt qu’une législation simpliste qui échoue à résoudre les vrais obstacles à une paternité engagée. »

Le rapport révèle que les pères profondément impliqués dans les soins quotidiens à leurs enfants ne représentent que 5 à 10% des familles australiennes, et qu’ils ne partagent les soins physiques aux enfants que dans 1 à 2% des familles du pays.

Les politiques gouvernementales qui encouragent les pères à être les pourvoyeurs et les mères à rester au foyer ont eu pour effet de limiter le rôle que les pères peuvent jouer dans la vie de leurs enfants, estime le rapport.

Comme ces politiques, une culture du travail qui encourage la même division des rôles masculins et féminins, ainsi que des temps de travail longs et rigides, limite également l’implication paternelle vis-à-vis des enfants.

Ces politiques gouvernementales et professionnelles ne préparent pas les pères à un partage des soins aux enfants après la séparation, affirme le document. Le rapport appelle à une stratégie globale qui promeuve la participation active des pères à la vie de leurs enfants. L’auteur souligne que, bien que la notion de paternité se soit radicalement modifiée, sa pratique, elle, n’a pas changé du tout.

M. Flood souligne que « partager les soins aux enfants dans les familles biparentales est désirable en soi et amènera au surplus un plus grand partage des soins aux enfants chez les parents séparés ».

Si des pratiques d’aménagements des horaires étaient encouragées, cela mènerait à plus de pères « impliqués ». Les lieux de travail devraient offrir aux salarié-es une autonomie sur les horaires d’arrivée et de départ, offrir des temps partiels réguliers et d’autres solutions créatives aux besoins des familles », dit le rapport.

De même, offrir aux femmes des opportunités économiques égales à celles des hommes aurait pour effet de multiplier l’implication des hommes dans les tâches parentales. Le document souligne d’autres obstacles qui entravent la participation des hommes, tels des services prénataux et postnataux « inimicaux aux pères », la culture matérialiste ambiante et un défaut de coopération entre hommes et femmes.

Commentant la proposition de « présomption réfutable de garde conjointe » examinée par une commission d’enquête parlementaire en vue de modifier le droit de la famille pour s’assurer d’une garde partagée des enfants après un divorce, M.Flood estime que ce n’est « pas un moyen approprié ou efficace pour favoriser l’implication paternelle positive des pères dans les familles ».

Un modèle uniforme, qui exigerait que l’enfant vive une semaine chez un parent puis une semaine chez l’autre, par exemple, pourrait compromettre le bien-être des petits.

M. Flood critique les groupes de pères australiens qui présentent les hommes comme victimes d’injustice en droit familial, une façon de tenter de revenir aux temps d’avant le féminisme et de rétablir la domination masculine.

Flood qualifie d’« invention » pure et simple une assertion contenue dans le programme en 12 points lancé en juin 2003 par le National Fatherhood Forum, qui affirme que les garçons issus d’un foyer sans père présentent 14 fois plus de risques de commettre des viols. Il n’existe aucune preuve dans la littérature scientifique de l’affirmation selon laquelle l’absence de père dans les familles cause de graves problèmes aux enfants.

Quant au contact père-enfants dans les familles séparées, il s’est révélé un mauvais prédicteur de l’évolution des enfants. Des recherches ont trouvé plus efficaces un mode constructif d’engagement paternel, fondé sur l’encouragement, le soutien, la surveillance et la mise en place de règles non coercitives qui assistent l’enfant dans son développement.

 Texte original : « Fathers still not sharing load, says study », The Sidney Morning Herald, 1er décembre 2003.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 mai 2006.

Adele Horin


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