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L’envergure de la traite à des fins de prostitution
27 juin 2006
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Dans les réseaux féministes, le débat sur l’envergure de la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution fait surface périodiquement. Des partisan-es de la prostitution comme "travail du sexe" mettent en doute les chiffres avancés par des organisations internationales. Récemment, Nicole Nepton, directrice de Cybersolidaires et des porte-parole de Stella ont contesté les données relatives à ce problème. Richard Poulin, dont les travaux citent souvent les chiffres contestés, répond aux propos des contestataires tout en élargissant la perspective.
Contrairement aux conservateurs, les partisan-es du « travail du sexe » refusent, à juste titre, la criminalisation des personnes prostituées. En cela, ils rejoignent la position abolitionniste. Toutefois, l’opposition à la traite des êtres humains à des fins de prostitution de la part des abolitionnistes est considérée comme une atteinte au droit à la migration des « travailleuses du sexe » qui ont choisi d’exercer ce « travail » à l’étranger. D’où une contestation marquée des données internationales qui estiment l’ampleur de cette traite à plusieurs millions par année. Comme les États réglementaristes, les partisans de la réduction de la prostitution à un « travail » comme un autre considèrent qu’il y a traite des êtres humains uniquement lorsque son caractère est « criminel », c’est-à-dire illégal. La traite légale n’est pas, de leur point de vue, une traite. Autrement dit, une personne qui sait qu’elle sera prostituée dans le pays de destination n’est pas victime d’une traite, même si elle est lourdement « endettée » auprès des trafiquants et des proxénètes et qu’elle doit par conséquent multiplier les passes sans en toucher quelque revenu que ce soit.
Dans ses interventions récentes au sein des réseaux féministes, Nicole Nepton remet en cause l’un des chiffres qui circule depuis quelques années, celui qui estime à quatre millions chaque année le nombre des victimes de la traite des êtres humains, en prétendant que la source du FUNAP (Fond des Nations Unies pour la population) n’est pas valable parce que, entre autres, elle ne définit pas adéquatement la traite. Une telle accusation va de soi pour tout partisan de la prostitution en tant que travail puisque, dans son esprit, seule la traite à des fins de prostitution « forcée » existe en tant que traite.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) affirme, en 2001, qu’environ quatre millions de personnes dans le monde sont victimes de la traite. L’OIM est particulièrement active dans ce dossier. Elle est même en première ligne dans de nombreuses régions de monde. C’est l’organisation qui a le mandat de mettre sur pied des services de retour pour les personnes victimes de la traite internationale et de sensibiliser dans les différents pays « émetteurs » la population aux risques de ladite traite. Le Conseil économique et social des Nations Unies reprend à son compte la même estimation dans un Rapport présenté par la Rapporteuse spéciale, Mme Gabriela Rodríguez Pizarro (E/CN.4/2001/83). L’Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (ONUDC) estime que, dans la décennie quatre-vingt-dix, il y a eu dans en Asie du Sud-Est 33 millions de personnes victimes de la traite des êtres humains, soit 3,3 millions de personnes en moyenne par année pour cette seule région du monde.
Aujourd’hui, les différentes sources gouvernementales et internationales évaluent le nombre des victimes de la traite d’êtres humains dans le monde par année entre 700 000 et quatre millions de personnes. L’estimation la plus prudente et conservatrice est celle du Département d’État américain qui, clairement, souligne qu’il ne tient pas compte de la traite intérieure dans les pays, laquelle est évaluée à des millions de personnes par année. On sait, par exemple, qu’en Thaïlande il y a une importante traite interne des femmes et fillettes du nord vers le sud du pays.
Un rapport daté de 2005 de l’Organisation internationale du travail (OIT) - une organisation favorable à la reconnaissance de la prostitution comme travail du sexe - sur les profits engendrés par la prostitution, la traite et le travail « forcés » évaluent à plus d’un million chaque année le nombre de personnes victimes de la traite « forcée ». Même en ne considérant pas l’ensemble de la traite qu’elle réduit à son seul aspect « forcé », l’enquête réalisée pour l’OIT indique que la traite est un phénomène de masse qui affecte plus d’un million de personnes par année.
Les écarts entre les différentes estimations sont liés au système d’évaluation adopté ainsi qu’à la prise en considération de la traite interne et de la traite internationale ou encore à une définition de la traite limitée (« forcée ») ou étendue (tant « forcée » que « non forcée »). Si la complexité du phénomène rend difficile de le chiffrer, son ampleur n’en reste pas moins édifiante.
Les partisan-es de la prostitution comme travail ne disent rien, par ailleurs, de l’estimation de l’Unicef qui évalue, en 2004, à 1,2 million le nombre d’enfants victimes de la traite chaque année. Cette estimation n’est contestée par personne. Si cette donnée non contestée est fondée, et cela semble être le cas, évidemment la traite globale des êtres humains à des fins de prostitution est plus élevée que celle des seuls enfants. Il faut signaler ici que, pour les différentes organisations internationales, y compris celles favorables à la réglementation de la prostitution, la traite des enfants est, par définition, « forcée », puisque la notion de consentement ne peut s’y appliquer.
En 2006, à partir d’une base de données mise en place dans le cadre du programme global sur la traite des êtres humains, qui centralise les informations issues de plus de cinq cents sources, l’ONUDC estime que 92% des personnes victimes de la traite des êtres humains le sont à des fins de prostitution et que 48% des victimes de cette traite sont des enfants. Selon l’OIT, les femmes et les fillettes constituent, en 2005, 98% des personnes victimes de la traite à des fins d’« exploitation sexuelle ». L’ONUDC estime que la traite des êtres humains affecte « des millions de personnes chaque année ». Quasiment aucun pays du monde n’est épargné : l’organisation recense 127 États comme pays d’origine et 137 comme pays de destination.
Quoi qu’il en soit, au-delà des différentes estimations, la prostitution et la traite à des fins de prostitution sont clairement aujourd’hui des industries de masse qui exploitent des millions de femmes et d’enfants, les déplaçant d’un marché à l’autre, en général des endroits les plus pauvres vers les pays moins pauvres et les pays riches.
Surestimation ou sous-estimation ?
Parce qu’ils refusent la distinction prostitution et traite « forcées », prostitution et traite « volontaires », les abolitionnistes sont souvent accusés de noircir la situation et de dramatiser la question. L’une des preuves montée en épingle est leur utilisation d’estimations qui sont nécessairement « exagérées » ou « biaisées » puisqu’elles incluent les personnes prostituées « consentantes ». En insistant sur leur « exagération », on tente de déconsidérer l’ensemble de leur analyse.
Évidemment, lorsque l’on parle d’estimation, on parle d’extrapolation, à partir d’un certain nombre de cas connus. Il y a plusieurs raisons qui expliquent le manque de données fiables sur la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution. Ce sont souvent les mêmes raisons qui expliquent la méconnaissance de l’industrie de la prostitution au niveau national. Cela étant, en examinant ces raisons, peut-être arriverons-nous, contrairement aux partisan-es de la prostitution comme travail, à penser que les estimations « alarmantes » ou « exagérées » des différentes organisations internationales et des abolitionnistes sont des sous-estimations plutôt que des surestimations de la situation.
1° La traite à des fins « d’exploitation sexuelle » est une activité très souvent clandestine et illégale. Il est donc difficile d’obtenir des données en raison même de cette clandestinité.
2° Une partie de la traite est légale. C’est le cas dans les pays qui, comme le Canada, la Suisse, Chypre, la Slovénie, le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande, le Luxembourg, etc., délivrent des dizaines de milliers de visas d’« artiste » par année pour la danse nue et l’industrie du « divertissement » pour hommes. En 2004, les ambassades suisses ont délivré 5 953 visas « L » destinés aux danseuses de cabaret, moyen privilégié des trafiquants proxénètes pour prostituer les femmes. La même année, la Slovénie a délivré 650 visas, dont une grande majorité aux Ukrainiennes. En 2003, le gouvernement japonais a délivré 55 000 visas à des femmes en provenance des Philippines et, en 2004, 71 084. Plusieurs pays des Caraïbes, dont Sainte-Lucie, les Bahamas, la Jamaïque, le Surinam, délivrent des visas à des « danseuses » pour qu’elles puissent œuvrer dans l’industrie du « divertissement » pour hommes. C’est également le cas des Antilles néerlandaises où la prostitution est réglementée, notamment St. Marteen, Curaçao et Bonaire. Ces personnes ne sont pas comptabilisées dans les statistiques officielles de la traite des êtres humains puisque c’est une activité légale et, par conséquent, elle n’est pas considérée comme faisant partie de la traite des êtres humains qui est, elle, une activité criminelle !
3° Les victimes de la traite à des fins de prostitution sont peu disposées à se rapporter aux autorités du pays de destination et de transit ou sont incapables de le faire par intimidation ou par crainte de représailles ; elles ont également peur de l’expulsion du pays.
4° Combattre la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution n’est pas une des priorités des gouvernements. En conséquence, la recherche dans le domaine n’est pas non plus une priorité. En outre, il y a des gouvernements qui encouragent cette traite à des fins de prostitution. Un exemple parmi d’autres : Le Guide de voyage pour femmes, publié par la GTZ, un organisme technique dépendant du ministère fédéral de la Coopération du gouvernement allemand, donne des conseils aux femmes pour passer les frontières sans problème afin d’intégrer l’industrie de la prostitution.
5° Il y a de nombreux pays qui n’ont pas de lois contre la traite des êtres humains. Il n’y a donc aucune comptabilisation nationale.
6° Enfin, ces données sont l’objet d’enjeux politiques. Pour de nombreuses organisations ainsi que pour les gouvernements réglementaristes, lorsque la traite à des fins « d’exploitation sexuelle » est considérée comme « volontaire », ladite traite n’en est plus une. Ces organisations minimisent donc systématiquement l’importance du phénomène.
Révisionnisme et négationnisme
Du point de vue des partisans de la prostitution en tant que travail, il existe à côté de la prostitution « forcée » qui est, elle, insupportable et constitue une violation des droits humains, une prostitution « volontaire », une prostitution acceptable, respectueuse de l’autonomie des personnes et du droit à disposer de leur corps. Bref, le « droit » d’aliéner son sexe sur le marché de la prostitution fait désormais partie, dans cette ère du capitalisme néolibéral, pour les « souteneurs » de la prostitution en tant que travail, de l’arsenal des droits démocratiques fondamentaux. Il ne s’agit plus de favoriser le « droit » à ne pas être une personne prostituée, mais bien de plaider pour celui à l’être !
La négation de l’ampleur de la traite est étroitement reliée à cette légitimation de la prostitution.
Ce féminisme, d’essence libérale, nommé également par certains « sex-positive », contrairement aux abolitionnistes qui seraient « sex-negative », implique une révision de l’histoire et une négation du caractère structurellement oppressif de la prostitution. Évidemment, si la prostitution est une institution d’oppression des femmes, logiquement, les féministes devraient lutter pour son abolition.
Les exemples récents ne manquent pas en ce qui concerne la révision de l’histoire. Ainsi, l’une des partisanes de la prostitution en tant que travail, Maria Nengeh Mensah, réussit le tour de force dans sa présentation du livre, Dialogues sur la troisième vague féministe (Montréal, Remue-ménage, 2005), de limiter la première vague féministe au mouvement pour le suffrage universel, censurant le fait que cette même vague est à l’origine du mouvement abolitionniste international.
De nouvelles histoires de la prostitution voient le jour : elles réinterprètent cette institution comme un lieu de pouvoir des femmes sur les hommes. Pour tenir un tel discours, il faut systématiquement omettre l’analyse de la prostitution des enfants. Qui pourrait soutenir sans ciller que la prostitution est un lieu de pouvoir des fillettes sur les hommes ? Certains l’ont pourtant déjà fait. Ainsi, au début du XXe siècle, médecins et juristes, qui espéraient l’adoption par le monde entier du système réglementariste, ont convenu à Vienne, haut lieu de la prostitution juvénile, que la fillette exerçait dans la prostitution une séduction propre à l’éternel féminin - ce qu’aujourd’hui certains nomment le « pouvoir sexuel » ou l’empowerment des filles. La pornographie de l’époque, notamment Les mémoires de Joséphine Mutzenbaker (1906), a relayé cette idée, qui est largement présente dans la pornographie contemporaine.
Cette nouvelle « histoire » procède également à une négation de l’existence de la « traite des blanches » ravalée au rang de mythe. Cette traite « fantasmagorique » aurait permis aux abolitionnistes au tournant du XXe siècle de marquer des points dans leur campagne contre la prostitution des femmes. Par conséquent, la nouvelle « histoire » soutient que, depuis plus d’un siècle, les abolitionnistes créent des légendes pour rallier les gouvernements à leur cause. Il n’y aurait pas eu de « traite des blanches » tout simplement parce que les jeunes femmes prostituées déplacées d’un pays à l’autre et d’un continent à l’autre étaient « consentantes ». Or, étrangement, ce « consentement » était acquis particulièrement chez les groupes les plus vulnérables, notamment chez les juives d’Europe orientale qui ont été les proies les plus nombreuses de cette traite. La traite d’aujourd’hui affecte également de façon disproportionnée les femmes et les enfants de minorités ethniques et nationales victimes de discrimination. Le « consentement » semble être essentiellement le fait des femmes les plus précarisées et pauvres.
Prostitution et oppression
Qu’elle soit féminine - fillettes, jeunes filles ou femmes de tous âges - ou masculine - garçons, adolescents, jeunes hommes, travestis, transsexuels -, la prostitution est une institution sociale à l’usage quasi exclusif des hommes. Elle est une industrie essentiellement vouée au plaisir des hommes et à la démonstration de leur supériorité.
Cette industrie offre dans des lieux réglementés ou non un étalage où chaque prostitueur peut faire son choix. Certains, dans leur véhicule, tournent plusieurs fois dans les rues d’un quartier pour jauger de la « marchandise », d’autres se promènent en guignant les femmes en vitrine. Plusieurs assis confortablement dans un bordel ou un club karaoké voient des jeunes femmes défiler devant eux et choisissent le numéro, qui leur convient, accroché au bustier ou sur le maillot de bain. Pour beaucoup de prostitueurs, l’essentiel du plaisir est précisément celui de reluquer, de flairer, de sélectionner et, en définitive, de savoir que « toute cette chair disponible et offerte » est pour eux. Ces hommes, confortés dans leur supériorité humaine, sont enchantés qu’une multitude de femmes jeunes, moins jeunes et très jeunes ou de garçons et d’hommes « féminisés » soient potentiellement à leur service, que l’usage de leur corps soit monnayable. Ils se sentent par conséquent tout-puissants ; ils sont des « dieux », comme le signalent les publicités faisant la promotion du tourisme sexuel en Amérique centrale et aux Caraïbes. Cette toute-puissance, qui est liée à leur pouvoir monétaire, si faible soit-il, est en quelque sorte prouvée non seulement dans l’acte prostitutionnel lui-même, mais également par l’existence même de la prostitution.
Pour ces hommes, les femmes « se livrent » à la prostitution : ce sont des « filles de joie », des femmes de « réconfort », des « filles publiques », un « repos du guerrier », un loisir, une récréation. Elles sont des personnes dominées par leur sexe, des femmes « folles de leur corps », qui ont « choisi » d’être ce qu’elles sont et qui se plaisent dans la prostitution. Ce qui prouve qu’elles leur sont inférieures. Celui qui donne l’argent a un avantage constant sur celui qui donne la marchandise, « ce qui accorde à l’homme une formidable prépondérance » dans la prostitution, arguait Georg Simmel. L’argent est le nœud des choses ; il lie et soumet la personne prostituée au prostitueur, rendant le rapport impersonnel, réifié, et conférant une position de suprématie à celui qui paye. Ce que Françoise Héritier résume par cette formule : « Ce paiement-là n’est pas acte de liberté : il signifie affranchissement de l’homme et asservissement de la femme. »
Le paiement de l’acte sexuel dédouane le prostitueur : la rétribution implique la fin de la responsabilité du payeur et son transfert sur la personne qui perçoit la somme d’argent. Cette dernière est par conséquent la « fautive ». Dans la prostitution, le prostitueur ne recherche pas la réciprocité. Le plaisir mâle est unidirectionnel. C’est précisément la subordination des corps féminins et féminisés qui est source de plaisir.
En général, l’argument que la légalisation ou la décriminalisation est bénéfique aux personnes prostitutées n’est qu’un artifice. On n’a beau prétendre que c’est pour les personnes prostituées que l’on défend la légalisation de la prostitution - jamais les gouvernements qui ont légalisé la prostitution l’ont fait au nom d’arguments favorables aux prostitueurs ou aux proxénètes -, en fait, les raisons sont d’un tout autre ordre : il semble normal à certains qu’une partie de l’humanité soit au service sexuel d’une autre partie de l’humanité. Il leur semble également naturel que l’argent puisse acheter n’importe quoi ou n’importe qui et permettre l’imposition des désirs de celui qui paye à la personne qui est payée.
Le système de la prostitution est une manifestation particulièrement significative de la domination des hommes comme sexe dans la société marchande. La marchandise n’est pas qu’une « chose », même si elle en prend l’apparence, elle est fondamentalement un rapport social. La transformation d’un être humain en marchandise prostitutionnelle signifie non seulement son objectivation ou sa chosification, mais également son inscription dans des rapports de soumission sexiste et de subordination marchande. Comme dans tout rapport de domination, les personnes dominées et exploitées développent des formes de résistance, des stratégies de survie et d’amélioration de leur sort, etc. L’objectivation sexuelle prostitutionnelle n’éradique pas les capacités d’opposition du sujet - la personne prostituée - qui, par définition, est pensant et agissant, mais elle lui impose un cadre social oppressif qui peut et doit être aboli.
Post-scriptum
À écouter les critiques des partisans du « travail du sexe », les abolitionnistes ne tiendraient pas compte de la parole des personnes prostituées. Est-ce vraiment le cas ? D’après la plus récente menée enquête par Farley et Lynne (dans Not for sale, 2004), 95% des personnes prostituées à Vancouver veulent quitter la prostitution. La recherche de Farley et de Lynne a également mis en évidence les besoins immédiats des femmes prostituées en majorité autochtone (52%) à Vancouver. Quelque 82% d’entre elles ont souligné avoir besoin d’un traitement en désintoxication (drogue ou alcool), 66% d’un logement ou d’un lieu sécuritaire, 67% d’une formation professionnelle, 41% de soins médicaux, 49% de cours d’autodéfense, 58% de services de counselling, 33% d’assistance juridique, 12% de services de garde d’enfants et 4% d’un service de protection physique contre les proxénètes. Seulement, 32% d’entre elles se prononçaient pour la légalisation ou la décriminalisation totale de la prostitution. Malgré une importante propagande en faveur de ces options politiques, notamment par les organisations non gouvernementales qui interviennent auprès des personnes prostituées dans le cadre de la prévention des infections sexuellement transmissibles, 68% des personnes prostituées de Vancouver ne voient pas dans la légalisation ou la décriminalisation de la prostitution une solution à leurs problèmes, y compris ceux qui relèvent de leur sécurité physique et sexuelle. Rappelons que c’est dans cette ville que le nombre de personnes prostituées disparues et assassinées est le plus élevé au Canada. Les questions de sécurité y sont donc très importantes, malgré cela, la légalisation ou la décriminalisation totale de la prostitution ne semble pas, aux yeux de la majorité des principales concernées, la solution. Si Nicole Nepton, Stella et autres partisan-es de la prostitution comme travail sont honnêtes en prétendant écouter et relayer la parole des personnes prostituées, alors comment se fait-il qu’elles ne reprennent pas ladite parole ?
– Lire également l’article lié à celui-ci : « Enjeux de la prostitution considérée comme travail du sexe ».
Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 juin 2006.