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Le calendrier girl power 2007 s’inscrit dans le phénomène de l’hypersexualisation de la société

28 juin 2006

par Marie-Hélène Ouellette, pour la Collective de l’Élan CALACS

Saviez-vous que partout au Québec vient de se terminer la sélection des candidates pour le calendrier « girl power » ? Les candidates retenues poseront pour un calendrier de type « poupounes » autrement dit, un calendrier comme les anciens calendriers dans les garages ! Par la suite, le promoteur de ce concours prévoyait une tournée provinciale dans plus de 60 clubs à travers le Québec.

Est-ce que l’identité et l’épanouissement des femmes doivent passer par un concours de « beauté » ? Les critères de « beauté » valorisés par de tels concours et par la société en général soit être jeune, sexy, avoir une peau blanche, être très mince, avoir une poitrine généreuse, une peau douce sans rides, des dents blanches parfaites et une bouche pulpeuse, ne sont pas à la portée de la majorité des femmes. Les statistiques le confirment, seulement 5% des femmes répondent à ces standards de « beauté ». Cette fixation sur l’image corporelle des femmes amène une grande majorité de femmes à avoir des sentiments de dévalorisation et d’impuissance. C’est l’estime de soi qui est directement atteint.

Aujourd’hui, les femmes, les filles et même les fillettes subissent constamment une grande pression quant à l’image qu’elles projettent. Il n’est pas surprenant que 85% de la clientèle des chirurgies esthétiques soit féminine. On ne s’étonne guère de constater que 50 % des femmes ayant un poids santé, 70% des adolescentes et une fillette de 9 ans sur 3 (1/3) fassent des efforts considérables pour maigrir. Au menu : boulimie, anorexie, complications de toutes sortes tant pour la santé physique que psychologique. Ne nous leurrons pas, ce sentiment de dévalorisation a une CAUSE : LE MODÈLE SOCIAL IMPOSÉ EST UNIQUE et INACCESSIBLE.

Qu’est-ce veut dire le girl power dans le titre du concours ? C’est une théorie qui dit que lorsqu’une fille assume pleinement sa sexualité, elle reprend du pouvoir sur elle et sur son corps, elle devient sujet sexuel. L’expression girl power renvoie au pouvoir des filles, mais ce pouvoir, où est-il dans ce modèle ? Il est dans l’utilisation de sa sexualité pour prendre du pouvoir sur quelqu’un. Pourtant, la sexualité ne devrait pas être une façon de prendre du pouvoir. Le girl power n’amène pas les filles à devenir sujet sexuel, mais bien au contraire, elle les amène à être objet sexuel. Quand les filles doivent utiliser leur sexualité pour se valoriser et avoir du pouvoir, elles deviennent des objets sexuels.

Nous vivons présentement dans une société « hyperSEXualisée ». La société transforme tout en objet de consommation, y compris la sexualité, et utilise encore le corps des femmes comme un produit, une marchandise à faire vendre. Hommes, femmes, garçons et filles, nous sommes sollicités de toutes parts par des images de personnes présentées comme des objets sexuels, que ce soit à la télévision, dans les revues ou sur internet. Cette omniprésence a pour conséquence de banaliser le phénomène. Nous acceptons maintenant que le sexe, des objets sexuels et des comportements hypersexuels soient omniprésents dans notre société. La solution n’est pas que les hommes et les garçons deviennent eux aussi des objets sexuels, une tendance qui est, malheureusement, déjà commencée. Ce qui nous inquiète également, c’est l’érotisation du corps des adolescentes et même des fillettes ! On va même jusqu’à parler de « pornographisation » de la société. L’égalité et le respect seront atteints lorsque aucune personne, adulte ou enfant, ne sera perçue, vendue, achetée ou utilisée comme objet sexuel.

Nous savons que nous ne pouvons espérer des changements sans la MOBILISATION des personnes et des groupes préoccupés par ce phénomène. Suite à des pressions de différents CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) et de différentes personnes choquées par ce concours, le promoteur du concours a annulé la tournée qui devait avoir lieu à travers le Québec. C’est quand même une demie victoire ! Plus nous serons nombreuses et nombreux à poser des gestes de dénonciation face à de telles aberrations, plus nos actions vont permettre de changer les mentalités et comportements des gens et les pratiques commerciales dégradantes omniprésentes aujourd’hui. Soyez assurer que les CALACS vont continuer de lutter contre toutes les formes d’exploitation sexuelle.

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Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 juin 2006.

Marie-Hélène Ouellette, pour la Collective de l’Élan CALACS


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