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Peau d’Âme ou Beautés désespérées ?
L’affaire de la robe de la mairesse Boucher

8 août 2006

par Michèle Bourgon

Coudonc, on prend Andrée Boucher pour Blanche-Neige, Lady Dy ou Penelope Cruz !!!

À la rigueur, pour Cendrillon, on comprendrait la métaphore, elle qui est devenue mairesse de la deuxième plus grande ville du Québec alors qu’on la donnait perdante et qu’elle avait un budget de campagne extrêmement restreint. Mais là... les journalistes et le public ont tourné en affaire d’État l’affaire de la robe de la mairesse. Étonnant parce qu’on en a plus entendu parler que des motifs de sa visite en France.

Cette femme est un personnage de roman balzacien, soit, mais les gens de Québec l’ont préférée à d’autres, plus beaux, mieux vêtus, plus charmeurs... Bien sûr, on l’a vu, les Québécois-es ont parfois des idées bizarres. Peut-être devra-t-on dire qu’ils sont aussi visionnaires. L’avenir le dira. Audacieux à tout le moins : élire André Arthur et toute une floppée de conservateurs...

Mais ici, il s’agit d’une femme importante : celle qui tient les destinées de la Ville en mains. On parle d’elle en termes de chiffons, de charme, de beauté et de leurs contraires.

Concentrons-nous sur les motifs de ses interventions plutôt que sur son corps. C’est une politique (politique ici voulant dire personne qui s’occupe des affaires publiques) en France ; pas une actrice à Cannes. Bon, d’accord, il y a une corrélation entre politique et actrice (le féminin est ici employé à escient et inclut évidemment le masculin : il y a équité... ). Tout de même...

Tous les goûts sont dans la nature. Et la robe était griffée St-Laurent... La mairesse est colorée et originale. Elle ne s’en laisse pas imposer facilement. Elle est rusée, intelligente sinon, ce sont les gens de Québec qui ne le sont pas. Et là, jamais on ne me fera croire ça.

Aurait-on fait les mêmes remarques pour un homme qui porterait un habit mal ajusté ? Non.

On a aussi parlé des tailleurs de matante de Pauline Marois. Zauriez voulu la voir en veste de cuir et chaînes ? Zauriez quand même trouvé à redire. Critiquez les idées des femmes ; pas leur apparence, de grâce ! Les femmes n’ont pas le monopole des Lumières, mais elles sont mal servies par notre société qui veut des personnages de contes de fée.

La Ville de Québec est d’une admirable beauté, possède un charme délicieux. Nimbée de cette aura, madame Boucher demeure charmante. Si une mairesse défend les intérêts de sa ville, laissez-la donc tranquille avec ses chiffons. Décortiquez ses idées, les bienfaits ou les inconvénients pour la Ville, mais laissez faire ses fringues. Tout cela n’est qu’enveloppe. Le timbre est plus important...

Ce que j’ai écrit n’est pas totalement vrai. Soyons juste : cet hiver, on a critiqué le léger embonpoint de Jean Charest et la veste de monsieur Harper lors de sa visite en Afghanistan.

Devrait-on conclure que l’on exige trop du côté du paraître et pas assez du côté de l’être ? Nous serions devenus superficiels ? Ciel !

L’essentiel est invisible pour les yeux... Qui disait ça ??? Yves St-Laurent ou Michel Girouard ???

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 août 2006

Michèle Bourgon


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