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L’argent plus tôt que prévu en éducation... les élections aussi
11 août 2006
par
Jean-Marc Fournier, le ministre de l’Éducation du Québec, vient d’annoncer une injection de 320 millions de dollars pour les institutions post-secondaires. Bravo ! Il y a belle lurette que le réseau en a besoin. Est-ce une raison pour crier et battre des mains comme des otaries qui veulent leur ration de poisson ? Je ne crois pas.
Le réseau de l’éducation souffre depuis plusieurs années de très graves carences qui font que la qualité de l’enseignement collégial et universitaire n’a eu de cesse de décliner. On a camouflé le tout en augmentant la diplômation, en inventant des mesures d’aide à la réussite. Certaines de ces mesures, supportées par les professeur-es, ont donné quelques résultats, mais la plupart ont culminé en une baisse des standards d’enseignement. Et voilà que ça commence à paraître trop. Les étudiant-es n’arrivent plus à passer les mêmes examens que leurs collègues passaient il y a quelques années et ce, autant en français qu’en mathématiques et en sciences. Sont-ils moins brillants qu’avant ? Certes, non. Les chercheur-es manquent de ressources et malgré tout, ils font des découvertes extraordinaires parce qu’ils travaillent passionnément sans relâche. La compétition, féroce, elle, ne s’arrête pas pour autant. On a saigné le réseau à blanc. Là, le Sauveur arrive. Eille !
Je rappelle aussi à votre attention, chers lecteurs et lectrices, que des professeur-es, des fonctionnaires, plus de cinq cent mille personnes et leurs familles ont été matraqués à coup de décret en décembre dernier. Les économies viendraient-elles de là ? L’appauvrissement des uns ferait-il donc le bonheur des autres ? Eille !
Ça sent les élections à plein nez. L’équité salariale aussi a été réglée il y a quelque temps. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Là, voilà qu’après avoir renié les droits des étudiant-es il y a un an (rappelez-vous), soudainement, le gouvernement Charest reconnaît que l’éducation est une priorité. 320 millions de dollars, là, dès septembre. Même avant qu’Ottawa n’ait bougé en ce domaine. Oui, ça sent les élections. On mise sur le fait que les électeurs et les électrices feront l’équation suivante : le gouvernement libéral tient ses promesses. Eille !
Il est aussi possible de prévoir, si vous suivez l’actualité, que des élections fédérales soient déclenchées prochainement par Stephen Harper. Charest a tout intérêt à faire vite. Si le gouvernement conservateur est réélu à majorité, Québec perdra sa prérogative de négociation. Les libéraux provinciaux ont fait ce calcul. Il faudra faire vite.
Nous verrons l’élection d’André Boisclair la semaine prochaine. Il pourra alors prendre sa place de chef à l’endroit où il doit être. Dans peu de temps, nous verrons si sa stratégie de courtiser l’électorat estudiantin aura été profitable au Parti québécois. Mais Jean Charest avance d’autres pions. De l’argent frais va couler aussi du sang des médecins. Mais ça, c’est un autre dossier.
Conclusion : les gens ont oublié Orford avec l’été, l’argent frais dans le domaine de l’éducation va satisfaire beaucoup de monde, la plupart des gens se fichent du fait que les professeur-es s’appauvrissent (ceux qui ont deux mois de vacances n’ont jamais été les enfants chéris de la population), les spécialistes médecins ont été mis au pas, l’équité salariale vient d’être réglée, le gouvernement fédéral semble en bonne position de remporter les élections avec un gouvernement majoritaire, Boisclair n’a pas encore eu le temps de montrer les dents, enfin pas au sens où je l’entends ici. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Préparez-vous à voter à Star Académie... mais de grâce, rappelez-vous !
Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 août 2006.