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La ministre de la Condition féminine, Bev Oda, passe un mauvais quart d’heure devant un comité parlementaire

9 octobre 2006

(PC-Ottawa, le 5 octobre 2006) - La ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine, Bev Oda, a encaissé une pluie de critiques, jeudi, à la suite de la décision du gouvernement conservateur de restreindre le mandat du Programme de promotion de la femme (PPF).

Après sept mois d’attente, la ministre a finalement daigné comparaître devant le comité des Communes sur la condition féminine. Ulcérées par les décisions récentes de Mme Oda, les députées de ce comité à l’ambiance habituellement feutrée n’ont pas manqué de lui faire passer un mauvais quart d’heure.

La semaine dernière, les conservateurs ont modifié les modalités du PPF, principal programme de subvention de Condition féminine Canada. Ils y ont notamment remplacé la phrase "promouvoir l’égalité de la femme" par celle-ci, plus générale : "faciliter la participation des femmes à la société canadienne en améliorant leur situation économique, sociale et culturelle".

Concrètement, le programme ne financera plus les organismes qui défendent les droits des femmes et qui font du lobbyisme à cet effet auprès des gouvernements et des entreprises.

De plus, le PPF est désormais ouvert aux organisations à but non lucratif, ce qui choque les groupes de femmes. Les conservateurs ont également retiré des objectifs du programme l’atteinte de la "justice sociale", s’en tenant aux condition de vie des femmes et à la lutte contre la violence qui leur est faite. Par contre, les projets qui concernent la "spiritualité" des femmes sont maintenant admissibles à du financement fédéral.

"Ce que nous disons, c’est que le temps est maintenant venu de passer à l’action", a martelé la ministre aux députées.

"Après plus de 30 ans d’existence, Condition féminine Canada doit produire de véritables résultats, mesurables, qui toucheront directement les femmes et leurs familles", a-t-elle ajouté.

Aux yeux de Bev Oda, il n’y a plus lieu de mener des études sur les problèmes que vivent les femmes - inéquité salariale, discrimination et violence, par exemple - puisque ceux-ci "sont bien connus".

"Votre gouvernement a posé des actions immédiates et concrètes pour faire reculer la condition des femmes au Québec et au Canada", lui a rétorqué la députée Maria Mourani, du Bloc québécois.

"Ce que (Mme Oda) dit, c’est que tout ce qui est revendication de droits, ce n’est pas concret, a renchéri le chef bloquiste, Gilles Duceppe. L’équité salariale, par exemple, et le droit à l’avortement, qui est une lutte depuis longtemps. En d’autres mots, tout ce qui n’est pas dans l’agenda idéologique de ce parti ne doit pas être subventionné. C’est inadmissible, ça. C’est faire taire des gens, point à la ligne."

Estimant que la ministre ne jouait plus son rôle, la députée néo-démocrate Irene Mathyssen a carrément réclamé sa démission, jeudi.

Malgré ce tir groupé, la principale intéressée n’a pas bronché.

"Il ne s’agit pas de dire que tous les obstacles ont été résolus, a assuré Mme Oda. (...) Bien sûr, nous n’avons pas réglé plusieurs des problèmes auxquels font face les femmes et c’est pourquoi nous tâcherons désormais d’aider les femmes à surmonter ces problèmes dans leurs communautés et dans leurs vies quotidiennes."

Compressions

Parallèlement aux nouveaux critères du PPF, Ottawa a annoncé une réduction de 5 millions $ dans l’administration de Condition féminine Canada. La ministre n’a pas pu dire, jeudi, si cette compression se traduirait par des suppressions de postes. Elle a répété que le budget du Programme de promotion de la femme, qui est de 10,8 millions $ par année, demeurait intact.

Bev Oda a par ailleurs tenu à rappeler que les libéraux avaient coupé "à trois reprises", au cours des 10 dernières années, dans le budget de l’organisme fédéral.

La Fédération des femmes du Québec (FFQ) craint que les changements apportés au PPF lui fasse perdre la subvention annuelle de quelque 100 000 $ qu’elle reçoit depuis des années. Cette somme représente une partie importante du budget annuel de 400 000 $ à 500 000 $ de la Fédération.

"On craint pour l’avenir", a affirmé la présidente de la FFQ, Michèle Asselin, dans un entretien téléphonique.

Mme Asselin a souligné que le gouvernement du Québec venait déjà en aide aux organismes communautaires qui rendent des services sociaux aux femmes. Elle a ajouté que l’aide fédérale avait permis à la Fédération de faire modifier des projets de loi jugés discriminatoires à Québec.

La FFQ vient de recevoir d’Ottawa un chèque de 150 000$, qui couvre une période de 18 mois. Or, cette subvention a été calculée en fonction des anciens critères.

La Presse Canadienne, le 5 octobre 2006.
Canoë, 5 octobre 2006.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 octobre 2006




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