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Vandalisme chez une dirigeante musulmane canadienne qui critique le port du voile
Traduction : Sylvie Miller pour Sisyphe

9 novembre 2006

par La Presse canadienne

TORONTO - Farzana Hassan sait que la seule vue de son visage découvert irrite les hommes qu’elle dérange par son franc-parler.

La semaine dernière, la présidente du Congrès musulman canadien (CMC) a appris combien les divisions sur ce sujet pouvaient être profondes.

Le jour du Ramadan, elle et sa famille ont dû interrompre la célébration du Eid lorsqu’on a bombardé d’œufs la porte de leur maison.

Hassan pense avoir été la cible de l’incident et la police de la région de Peel procède actuellement à une enquête.

On a rapporté, en Europe, des incidents similaires, impliquant le port du foulard ou du voile.

En Allemagne, Ekin Deligoz, législatrice d’origine turque, a été placée sous protection policière après avoir reçu des menaces de mort pour ses commentaires contre le port du voile et du foulard.

Récemment, le journal Bild am Sonntag a cité la déclaration de Deligoz selon laquelle "le foulard et le voile sont des symboles de l’oppression des femmes" ainsi qu’un obstacle à l’intégration.

Le ministre de l’intérieur allemand, Wolfgang Schaeuble, a soutenu le droit à la liberté d’expression de Deligoz : "Il est entièrement légitime qu’une femme, de surcroît musulmane, fasse une telle déclaration."

En Angleterre, la question du port du foulard a récemment soulevé la controverse lorsque l’ex-secrétaire des affaires extérieures du parti travailliste, Jack Straw, a admis qu’il avait demandé à des femmes d’ôter leurs voiles avant d’entrer dans son bureau.

A Toronto, confrontée quant à ses opinions sur le port du voile, Hassan a dû les défendre aussi bien en ligne que dans les médias ethniques.

Elle s’est d’abord prononcée, il y a deux semaines, contre le refus d’une enseignante anglaise de respecter les règles de son école l’obligeant à découvrir son visage en classe.

"Il n’y a rien dans le Coran disant qu’il faut couvrir son visage", a déclaré Hassan lundi, "le voile est une tradition, un moyen d’oppression inventé par les hommes".

Cette interprétation du Coran irrite plusieurs conservateurs dans la communauté musulmane de Toronto. Les critiques reprochent à Hassan non seulement son ignorance des écritures, mais des siècles de tradition islamique.

M.D. Khalid, directeur de la Société Islamique d’Amérique du Nord (Canada), dit qu’une femme devrait cacher son visage pour éviter d’attirer l’attention inopportune des hommes pour qui les femmes sont un objet de convoitise.

"Je crois que si une femme est belle au point d’attirer l’attention, elle doit cacher son visage."

Seulement les jolies femmes ?

"Les très jolies femmes. Il est essentiel de tenter d’enrayer tout mauvais sentiment chez les hommes", dit Khalid, ajoutant qu’il regrettait que la maison de Hassan ait été attaquée.

Hassan dit que l’opinion de Khalid aura pour effet d’isoler encore plus les femmes.

"Les jeunes femmes, et en particulier celles venues d’ailleurs, cherchent leur identité", dit Hassan qui a quitté le Pakistan pour le Canada, au début des années 80.

"L’Islam leur donne cette identité - l’Islam conservateur veut les isoler et les rendre invisible. Les femmes sont-elles si faibles ? " a demandé Hassan.

"Une telle attitude permet-elle aux jeunes femmes de comprendre qu’elles sont intelligentes, artistes, créatrices ?

"Ma position n’est pas celle du MCC, mais je suis contre le fait de se cacher le visage", a-t-elle dit.

© La Presse Canadienne

Voir la version originale anglaise paru dans The Gazette, le 31 octobre 2006 et publié par La Presse Canadienne.

Traduction pour Sisyphe : Sylvie Miller.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 novembre 2006.

La Presse canadienne

P.S.

Lire l’entrevue de Farzana Hassan.




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