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Parole de louve

10 novembre 2006

par Sylvie Miller, poète, peintre et traductrice

Des chevriers sont là
Qui ont porté leurs bêtes nouveau-nées.
Des sources naissent à fleur de pierre où le sabot résonne
Et la palmeraie brille sur l’écaille des sables.
C’est l’heure incandescente et rose des prières.
Dans la claire-voie des cours
Un vol de tourterelles fond sur la boutonnière
Des fontaines
Et l’eau perle aux aiguières verseuses d’ablutions.

C’est l’heure-empreinte, l’heure volée
L’heure-envergure envolée
La tente est bleue dans l’âtre pétrifié du jour
La chaleur en-allée suinte au madrépore des cruches
La nuit trébuche
Sur l’argile des lampes

    A l’heure infranchissable et brève des retours
    Des mots me sont venus que je ne voulais pas.
    Des mots de rythme sur les pistes,
    de villages, de sources,
    des mots d’aurore et de soleil aux lendemains de toi,
    et des trilles berbères à ton éloignement.
    J’ai répondu des mots de trêve aux caravansérails,
    des paroles de joie au sortir des sables,
    des soupirs d’aise à l’ombre et loin de la fournaise
    qu’est notre amour.
    Et j’ai parlé de désamour.

    Et c’est en louve que je lève ma narine aux aguets.
    C’est des hordes quittées dont je perçois l’odeur
    Dans celle plus tenace des brebis.
    Figés aux mailles depuis longtemps tissées de l’instinct,
    Ces relents de suint donnent à mon épaule
    Un geste long de dune,
    Vers l’enjambée crissante des caravanes aux points d’eau.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 novembre 2006.

Sylvie Miller, poète, peintre et traductrice

P.S.

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