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Mots de cœur

4 janvier 2007

par Micheline Mercier

Une fois de plus,
J’ai croisé le regard perçant de l’aigle.
Je connais cette pupille accusatrice
Qui prend plaisir à regarder l’esprit
Se fondre d’inconfort.
Comment pourrais-je oublier
Ces journées à attendre les interminables nuits
Qui servaient à m’enliser dans un monde
Où les mots avaient le pouvoir dominant
De pulsions maladives.
J’ai fait face à un atrabilaire hargneux,
J’en ai récolté des cicatrices
Qui ont pris l’épaisseur d’une vie de terreur.
Comme l’escargot,
J’ai ployé l’échine
J’ai rampé sous le poids
De mon inébranlable protecteur dictateur.
Faux-fuyants, faux-semblants, faux bonheurs, mensonges
Trahisons m’ont fait vivre la honte des aveux.
Je ne voyais poindre l’aurore
Je me suis vue condamnée à me soumettre,
À vivre de l’insouciance de mes angoisses.
J’ai hurlé la folie de ces années perdues
Sans voix je n’ai pu épancher les chagrins
Causés par ces mots blessants, affûtés comme des lames,
Qui m’ont fait confondre amour et pouvoir.
Dans un ultime haut-le-cœur,
J’ai vomi mon désespoir
Me suis effondrée dans un monde de limbes.
À mon réveil l’aigle s’est envolé
Je me suis rendue libre des griffes
Du regard de mon prédateur.
Sachez maintenant que cette terrible mascarade
Est terminée.
Retirer les masques et respirer est aujourd’hui
Le but de ma vie.
Me voilà désormais affranchie.
Je vous le dis,
Ce sont des mots qui m’arrachaient le cœur,
Des paroles masquées qui,
Sans pitié, me tranchaient la gorge
Et m’empêchaient de crier souffrance.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 janvier 2007

Micheline Mercier


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