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100 femmes jugent Ségolène

13 février 2007

par Marie-France Etchegoin, Le Nouvel Observateur

Il y a un mois, elle était la madone, la pasionaria en tailleur blanc, la Diane chasseresse d’éléphants, la Zapatera, l’amazone du Poitou-Charentes, la mante religieuse. Sainte terrassant les dragons ou Jeanne d’Arc à l’assaut des citadelles masculines. Figures conquérantes. Images mâtinées de sexisme, bien sûr, mais images de victoire. Aujourd’hui, la Royal serait devenue Bécassine, nunuche égarée en rase campagne présidentielle, Emma Bovary de la politique. Et pourquoi pas ravissante idiote ?

Il y a un mois toujours, la France s’était trouvé une supermaman qui convoquait ses enfants turbulents en conseil de famille. La démocratie participative devait libérer la parole et soigner les bobos, les gros coups de cafard, les colères rentrées. Eloigner les méchants ogres qui profitent du désarroi des citoyens abandonnés. Il n’y avait qu’une mère pour inventer cette façon de faire de la politique. C’est bien connu : les génitrices sont « concrètes », « pragmatiques », « intuitives ». Aujourd’hui ? L’infirmière Ségolène est priée d’être moins prosaïque. On lui demande de conceptualiser, de briller, d’attaquer. De renouer avec la politique d’antan. D’être virile. La démocratie participative ne serait qu’un cache-sexe pour masquer l’absence de projet de la donzelle. L’occasion est trop belle pour les machos qui se planquaient au fond du bois. Ils dégainent à nouveau sans complexes, sous couvert de débat politique.

Retour du refoulé misogyne ? Droit de critique légitime envers celle qui a fait de sa « féminitude » un argument, parfois malgré elle ? La candidate Royal est à un tournant. La femme Ségolène aussi. Dans les pages qui suivent, 100 femmes écrivains, députées, militantes associatives, sportives, personnalités du monde économique ou du spectacle, célèbres ou anonymes, expliquent pourquoi elles l’aiment ou la détestent. Elles sont au moins d’accord sur un point : se présenter à une présidentielle quand on est une femme n’est pas encore dans l’ordre - juste - des choses. Royal doit vaincre Sarkozy. Et une armée de préjugés.

Marie-France Etchegoin
Le Nouvel Observateur

 Lire les opinions : 100 femmes jugent Ségolène, Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 8 février 2007.

Marie-France Etchegoin, Le Nouvel Observateur

P.S.

 Les neuf chapitres du programme décryptés, par L’Humanité, le 13 février 2007.




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