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Dans les fables, le loup était-il vraiment un mythe ?

1er septembre 2007

par Micheline Mercier

Depuis des générations, des écrits démontrent la ruse et l’insatiable faim du loup. Je me demande si ce genre fable n’était pas un exutoire utilisé par les auteurs pour accuser publiquement les pédophiles du temps.

Autrefois, les villages étaient construits à l’orée des bois et parfois, seuls des sentiers reliaient les populations entre elles. Les enfants étaient souvent seuls à traverser les prés, boisés et pacages pour aller au marché. Le loup, affamé et féroce, s’attaquait au bétail et aux humains isolés par les sous-bois et les routes de campagnes.

Pour représenter le pédophile ou l’agresseur, on utilisait l’image de la peur. Éveiller l’attention des enfants aux dangers que représentaient certains adultes, qui avaient une attirance sexuelle pour eux, devait se faire par l’interprétation verbale de contes à dormir debout (la population rurale étant majoritairement illettrée). Le plus souvent on utilisait le loup pour personnifier le danger.

Il est facile d’interpréter les nombreuses mises en gardes d’auteurs de renoms tels que Lafontaine « Le loup et l’agneau », Daudet « La chèvre de monsieur Seguin », Charles Perrault « Le petit chaperon rouge », et encore bien d’autres contes plus ou moins effrayants qui étaient destinés aux enfants ainsi qu’aux parents qui avaient à cœur la protection de leur famille.

Encore aujourd’hui, ces contes pour enfants sont racontés, écoutés et toujours modernes. On ne dira jamais assez à nos petits que les loups rôdent et ne cherchent qu’à user de ruse pour les meurtrir. Il suffit de visionner le site internet d’Enfant-retour pour comprendre que les loups ne vivent plus dans la forêt, qu’ils n’ont plus de longs museaux ni d’oreilles pointues, mais ont toujours les dents aussi dures et n’ont aucun scrupule à déchirer familles et société pour satisfaire leur insatiable envie d’attaquer les plus faibles. Dans les fables, le loup était-il vraiment un mythe ? J’en doute. Les enfants sont l’innocence, ils croient que l’adulte existe pour les éduquer et les protéger, non pour les blesser.

J’ai le cœur en larmes rien qu’à penser aux Jolène, Julie, Cédrika, Alexandre et à tous ces agneaux sacrifiés par de vils prédateurs qui utilisent encore et toujours les mêmes appâts pour piéger leurs proies. Petits chiens perdus, chatons nouveau-nés, bonbons, chose bizarre à leur montrer, et ils ne sont pas à bout d’arguments pour éveiller la curiosité de nos enfants. Ou encore, ils ne se formalisent pas à demander, ils prennent sauvagement leurs proies et les mènent directement en enfer.

La loi des hommes serait-elle trop clémente ? Autrefois, on tuait le loup. OK, autre temps autres mœurs. J’éprouve un grand chagrin à regarder le visage douloureux de parents affligés qui vivent dans leurs tripes l’image de leur enfant terrorisé, sans défense et sans personne pour les rassurer. Une nuit sans lune et sans fin.
On a beau répéter que le loup est un bandit de grands chemins, qu’il possède plusieurs masques, qu’il est un maître du camouflage et que les contes d’enfants ne sont pas nécessairement mythiques, les enfants, étant ce qu’ils sont, seront toujours en danger.

La société toute entière a un devoir moral envers les innocents et se doit de les protéger. Avoir à l’œil les prédateurs récidivistes, les inconnus trop charmants, certains voisins trop bienveillants ... Ainsi de suite. Et, une justice qui ne devrait jamais retourner le loup dans la bergerie.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 août 2007

Micheline Mercier


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