source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2733 -



Un Québec sans prostitution est possible

16 septembre 2007

par la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)

Compte-rendu de l’atelier de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle tenue dans le cadre du Forum social québécois, le 25 août 2007

Dans le cadre du Forum social québécois, nous souhaitions interpeller les participants et participantes pour qu’ils et elles prennent position contre la légalisation de l’industrie de la prostitution. L’atelier a regroupé environ 80 personnes (majoritairement des femmes !!) et nous a permis de présenter une analyse féministe de la prostitution et inviter les personnes engagées dans la construction d’un autre monde (slogan du Forum social) à s’engager dans cette lutte pour une réelle transformation sociale. Nous avons présenté l’analyse portée par la CLES et parlé des conséquences de la légalisation à partir de l’expérience australienne tout en situant l’importance de croire et d’agir pour que la prostitution devienne chose du passé. Nous avons aussi invité les femmes du Centre des femmes de Laval à intervenir pour présenter leur manifeste pour un monde sans prostitution.

Leur démarche a permis de donner vie à la parole de femmes qui se regroupent et disent non à une vision du monde où la demande pour des services sexuels est légitimée, où les femmes sont appauvries, marchandisées, exploitées et rejetées sans fin. Vous trouverez le manifeste ci-dessous. Nous vous invitons à le faire connaître, le diffuser, en discuter dans votre milieu.

Nous avons mis ce manifeste dans la murale des propositions émanant du FSQ. Il y aura des suivis au FSQ. Il faut nous assurer que la question de la lutte contre l’exploitation sexuelle soit au cœur des alternatives portées par celles et ceux qui croient qu’un autre monde est possible.

Le 26 janvier prochain marquera l’aboutissement d’une semaine de mobilisation au niveau mondial contre le néolibéralisme, la guerre, la colonisation, le racisme et le patriarcat (pour plus d’informations sur ces mobilisations, visitez le site du FSM).

La CLES appellera à des actions spécifiques contre l’exploitation sexuelle des femmes et des filles lors de cette semaine de mobilisation. Faites-nous part de vos idées ou de votre intérêt à participer à de telles actions. Contactez-nous à l’adresse suivante.

Manifeste du Centre des femmes de Laval pour un monde sans prostitution (août 2007)
Nous ne voulons plus être pauvres.
Nous ne voulons plus sucer pour manger.
Nous ne voulons plus nous faire éjaculer dans la face pour nourrir nos enfants.
Nous ne voulons pas manquer d’éducation, ni d’emploi. Capitalisme, ya basta ! (Espagnol)
Nous ne voulons plus nous faire passer dessus, hommes après hommes parce que nos acquis ne sont pas reconnus quand on vient de l’étranger.
Arrêtez la double discrimination des femmes autochtones, réfugiées et immigrantes. Nous ne voulons pas être trafiquées de pays en pays.
Le rêve américain, on y croit plus.
Basta l’esclavage sexuel ! (Espagnol)
Nous ne voulons pas être abusées de notre naissance à notre mort.
Assez, c’est assez. Khalas l’esclavage sexuel ! (Arabe)
Nous sommes écoeurées de nous faire recruter, vendre, acheter, échanger.
Nous ne sommes pas de la viande.
Assez de se faire tabasser parce que l’on ne rapporte pas assez.
Assez de se faire battre par ce que ça fait bander.
Assez de l’esclavage sexuel !
Assez d’être centrées sur le besoin d’une queue, puis d’une autre, puis d’une autre.
Assez de nous dire que ça c’est un travail.
Y’en a assez que les gens pensent que nous trouvons ça le fun.
Assez, c’est assez !
Y’en a marre des bars de danseuses.
Y’en a marre des agences d’escorte, des salons de massage pour hommes, des bars d’échangistes.
Y’en a marre de l’industrie du sexe.
Gue pavé, l’esclavage sexuel ! (Arménien)
Enough is enough ! (Anglais)
La prostitution, c’est un viol.
Rien ne justifie un viol.
Payer ne justifie pas un viol.
Khalas l’esclavage sexuel ! (Arabe)
Basta le patriarcat ! (Espagnol)
Nous ne voulons plus prendre de la drogue pour oublier.
Nous ne voulons plus nous sentir sales et coupables.
Nous ne voulons plus être humiliées.
Nous ne voulons plus dépasser nos limites et tomber malades pour exciter les acheteurs.
Nous ne sommes pas des objets à exploiter.
Ce ne sont pas les femmes qui se prostituent.
Ce sont les hommes, acheteurs et proxénètes qui nous prostituent.
Assez de l’esclavage sexuel.
La prostitution divise les femmes.
Nous ne voulons pas êtres divisées.
Mujeres, unidas, jamas sera vencidas ! (Espagnol) Nous ne sommes pas de la marchandise.
Nous ne voulons pas toutes être considérées comme prostituables.
Nous ne voulons pas que nos chums achètent d’autres femmes.
Nous ne voulons plus nous faire achaler dans la rue.
Nous sommes écoeurées de vivre sous la menace du zizi.
Assez, c’est assez !
Nous voulons une redistribution équitable des richesses.
Nous voulons que justice soit rendue !
Nous voulons des endroits pour nous protéger des proxénètes.
Nous voulons des lieux pour s’en sortir.
Nous avons besoin de déculpabiliser.
Nous voulons que la police nous protège.
Nous voulons des lois pour qu’ils arrêtent les prostitueurs et les proxénètes.
Nous voulons des lois plus restrictives pour tous les abuseurs sexuels.
Nous voulons que justice soit rendue !
Nous voulons que nos enfants aient des cours d’éducation sexuelle et d’éducation à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Nous voulons que les lois contre le trafic des femmes et des enfants soient appliquées.
Nous voulons que les frontières nous soient ouvertes sans que nous soyons considérées comme des marchandises.
Nous voulons que justice soit rendue !
Nous voulons vivre en sécurité.
Nous voulons être entendues.
Nous voulons vivre dans une société qui respecte les femmes.
Aucune femme n’est née pour être une pute !
Nous voulons vivre dans un monde sans prostitution !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 septembre 2007

la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2733 -