source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2935 -



Le Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL) se prononce en faveur d’une législation agissant directement sur la demande de "services sexuels"

25 mars 2008

Le ministère de l’Égalité du Luxembourg installera cette affiche dans les abribus et sur les panneaux dans les stationnements, le long des routes, etc. afin de sensibiliser la population au fait que la prostitution alimente la traite des femmes et des enfants.

Dans les journaux, on ajoutera l’information suivante :
    Se payer une personne prostituée, c’est financer le commerce d’êtres humains. Chaque année des millions de femmes et de fillettes sont victimes de la traite des êtres humains : 2,45 millions de personnes, selon l’Organisation Internationale pour le Travail (OIT, 2006) dont 1,2 million d’enfants selon l’UNICEF (2007). De ces victimes, 85% des femmes et 70% des enfants sont exploités dans l’industrie du sexe. (Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime - ONUCD).

Résolution du Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL)

Alors que nos sociétés s’accordent à condamner la traite et l’abus des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle, les avis sur la politique publique à adopter en matière de prostitution sont partagés.

Deux grandes tendances peuvent être identifiées.

Au motif que la prostitution serait « le plus vieux métier du monde », d’aucun-e-s proposent une réglementation par laquelle le « métier du sexe » serait reconnu. L’argumentaire principal repose sur une conception de « libre choix » « d’exercer » la profession.

Des pays tels que l’Allemagne et les Pays-Bas ont opté pour un tel modèle.

Au motif que la prostitution constitue une violation des droits humains les tenant-e-s de la deuxième tendance se prononcent pour une politique publique visant à combattre le phénomène.

Le modèle suédois qui fait débat au Luxembourg depuis plusieurs mois intègre cette approche en ce qu’il sanctionne l’achat de « services sexuels » aux motifs que « la prostitution n’est pas un phénomène social souhaitable » et « qu’elle fait obstacle au développement pour l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Résolution

  • Considérant que la prostitution constitue, à l’instar de toute exploitation de l’être humain, une violation des droits de la personne ;
  • considérant le principe de l’indisponibilité du corps humain lequel signifie que le corps humain n’est pas une « chose » que l’on pourrait louer ou vendre ;
  • considérant que « l’achat » ou la « location » d’un service sexuel vise à satisfaire un désir et non pas un besoin ;
  • considérant que la prostitution est étroitement liée à la criminalité organisée ;
  • considérant que la prostitution reflète des rapports de pouvoir inégaux entre les sexes ;
  • considérant que « l’industrie du sexe » est un système d’exploitation et non pas un secteur économique à promouvoir ;
  • considérant que toute réglementation de la prostitution implique l’expansion de cette « industrie du sexe » par la création d’entreprises spécialisées et économiquement intéressantes lesquelles contribuent à l’accroissement de la traite des femmes et des enfants aux fins d’exploitation sexuelle ;
  • considérant que la prostitution ne constitue pas un « métier comme un autre » vers lequel il conviendrait d’orienter les jeunes filles et garçons ;
  • considérant qu’il ne saurait être distingué entre prostitution « volontaire » et prostitution « forcée » ;
  • considérant que les client-e-s constituent le maillon essentiel dans la chaîne de la prostitution ;
  • considérant que les client-e-s sont des personnes responsables de leurs actes ;
  • considérant qu’il importe d’agir directement sur la demande de « services sexuels » ;

    le Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL) se prononce en faveur d’une législation agissant directement sur la demande de « services sexuels ».

    Le CNFL demande aux responsables politiques

  • de continuer le débat public sur la prostitution en présentant un projet législatif qui sanctionne l’achat de services sexuels ;
  • d’intervenir aux niveaux européen et international afin que d’autres Etats s’engagent dans la même voie ;
  • de développer et de soutenir des programmes d’aide et d’assistance aux victimes de la prostitution ;
  • de développer et de soutenir des programmes d’éducation sexuelle dans le respect de l’égalité entre femmes et hommes.

    Luxembourg, le 21 janvier 2008

    Conseil National des Femmes du Luxembourg, association sans but lucratif

    Site du CNFL.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 mars 2008




    Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2935 -