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Indignation et colère à propos de l’annulation d’un mariage à Lille

31 mai 2008

par la Campagne internationale contre les crimes d’honneur (ICAHK)

C’est avec colère, révolte et indignation que nous avons appris l’annulation à Lille d’un mariage sous prétexte que l’épouse n’aurait pas été vierge. Une telle décision, rendue par la justice française, est un terrible remise en cause des droits des femmes, et une légitimation, par un tribunal, des pratiques patriarcales les plus réactionnaires.

Bien sûr, officiellement, le ministère de la Justice nous dit que ce n’est pas tant le fait que la jeune femme n’était pas vierge qui a provoqué cette annulation, mais le fait qu’elle aurait menti sur sa virginité... Guillaume Didier, porte-parole de Rachida Dati (ministre de la Justice) a ainsi déclaré : « Ce que le tribunal a retenu pour prononcer l’annulation du mariage, ce n’est pas la virginité ou la non virginité de la personne, mais c’est le mensonge, un mensonge qui porte sur une qualité essentielle pour les deux époux, mensonge en plus reconnu par son auteur »...

L’article 180 du Code Civil utilisé dans cette décision de justice stipule d’ailleurs : « S’il y a eu erreur dans la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l’autre époux peut demander la nullité du mariage. » Selon le Tribunal de Lille et le ministère de la Justice la virginité de la femme serait donc une « qualité essentielle » ! Car, bien sûr, c’est de la virginité de la femme dont il est question, et on a du mal à imaginer qu’un tribunal aurait rendu une décision identique si c’était l’épouse qui avait eu des doutes sur la virginité du mari !

Dans tous les systèmes patriarcaux, c’est toujours et uniquement la sexualité de la femme que l’on contrôle. Et la décision du tribunal de Lille légitime ce contrôle, cette remise en cause du droit fondamental de chaque être humain de disposer librement de son corps. En considérant, « au nom du peuple français », qu’un mariage peut être annulé parce que l’épouse n’est pas vierge, le tribunal de Lille justifie toutes les pratiques rétrogrades qui visent à contrôler la sexualité et la vie des femmes, comme cette humiliation que sont les tests de virginité, toutes les pressions contre la liberté des femmes de disposer librement de leur corps.

L’avocat de l’époux explique ainsi qu’il y aurait eu « un vice dès le départ » dans ce mariage, d’où l’annulation ; pendant la nuit de noce, l’époux découvre que sa femme ne serait pas vierge, il vient le proclamer aux invités, le beau-père ramène la jeune femme à sa famille, se plaignant que « l’honneur » de sa famille aurait été bafoué... On a l’horrible impression, en lisant les faits, que la jeune épouse n’a pas plus de valeur qu’une vulgaire marchandise que l’on ramène au magasin !

Et le tribunal de Lille a donné raison à ce système patriarcal où la femme n’est pas considérée comme un être humain à part entière.

 Campagne Internationale Contre les Crimes d’Honneur (ICAHK),
30 mai 2008
http://www.stophonourkillings.com

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 mai 2008

la Campagne internationale contre les crimes d’honneur (ICAHK)


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