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Les meurtres en série et de masse : au-delà de la folie
Une violence chargée de sens

2 mars 2009

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En 1984, James Oliver Huberty pénètre dans un McDonald’s et y abat 21 personnes, des Hispaniques. Pour comprendre cette folie meurtrière, les autorités policières demandent que l’on analyse son cerveau. L’autopsie ne révèle aucune difformité cervicale, ni tumeur. Alors, elles font appel à des psychiatres et à des psychologues. Les analystes pointent du doigt la famille : l’absentéisme du père et la surprotection de la mère, voilà des signes qui ne trompent pas ! Mais, en aucun cas, on n’a pris en considération la cible, les Hispaniques, des « voleurs de jobs » selon Huberty, au moment des faits, pour expliquer les causes du massacre. On ignore le racisme du tueur, qui constitue la raison explicite des meurtres, au profit de réflexions sur son enfance et sa folie.

En décembre 1989, Marc Lépine tue 14 jeunes femmes à l’École polytechnique de Montréal. Il a préparé méticuleusement ses crimes : on l’a vu au moins à neuf reprises dans les locaux de l’École dans les mois précédant son massacre sexiste. Il a crié sa haine des féministes avant de tirer sur les femmes qui étudiaient pour devenir ingénieures, une profession réservée jusqu’à tout récemment aux hommes. Il a laissé une lettre, qui met en lumière ses motivations antiféministes, dans laquelle il avait dressé une liste de 19 femmes qu’il projetait de tuer. Différentes analyses largement médiatisées expliquent les actes de Lépine par des troubles de la personnalité, par son milieu familial ou encore par ses échecs scolaires et professionnels. En réduisant le massacre des étudiantes à la Polytechnique à des causes attribuables uniquement à des facteurs individuels, en psychologisant à outrance le cas (« tueur fou », « forcené », « malade »), en reléguant le tout dans le domaine du fait isolé, on arrive à désamorcer, sinon à nier l’aspect politique du meurtre. Depuis, Lépine est devenu le héros de masculinistes. Il est transformé en victime « d’une société injuste envers les hommes, qui sont de surcroît en perte de repères à cause des bouleversements provoqués par les luttes féministes » (1). Le crime antiféministe de Lépine serait en définitive la faute des féministes ! On transforme les cibles de la haine du tueur en coupables !

Que ce soit l’assassinat des étudiantes à la Polytechnique en 1989 ou les meurtres en série de femmes prostituées à Vancouver, que ce soit aux États-Unis, en France, en Finlande, au Mexique ou ailleurs, les meurtres multiples, notamment les meurtres de masse, ont augmenté sensiblement ces dernières décennies. Cette croissance ne peut pas s’expliquer uniquement par des facteurs individuels.

La victime du meurtrier sert de révélateur non seulement de ses motivations profondes et de ses actions, mais également de la dynamique sociale qui sous-tend de tels actes. À partir de cette évidence, il nous a semblé nécessaire de reprendre l’analyse des homicides de masse et en série – les meurtres multiples – pour comprendre leurs mécanismes sociaux fondamentaux. Dans ce domaine, il existe peu de recherches sociologiques, malgré un foisonnement d’essais d’universitaires, de journalistes, de policiers et d’imposteurs, spécialistes autoproclamés du profilage. Quand les recherches ne relèvent pas d’un rapide travail journalistique sur la vie d’un tueur particulier, publié dans une collection grand public, elles sont avant tout d’ordre psychologique ou psychiatrique. Car de tels meurtres apparaissent comme les archétypes terrifiants d’une violence pathologique qui semble a priori gratuite (2). Pareils actes de sauvagerie mettent au défi l’entendement. En un éclair, ils brisent la routine de la vie quotidienne, et ceux qui apparaissaient hier encore comme des collègues, des membres de la famille, des voisins, des amis ou de simples quidams tombent brusquement dans le collimateur d’un tueur.

 Extrait du livre de Richard Poulin et Yanick Dulong, Les meurtres en série et de masse, dynamique sociale et politique, Montréal, 2009, Sisyphe, coll. Contrepoint, 128 p. ISBN : 9782923456126. Prix en librairie : 12$ + taxe.

Notes

1. Blais, Mélissa (2008), « Marc Lépine : héros ou martyr ? Le masculinisme et la tuerie de l’École polytechnique », dans Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri dir., Le mouvement masculiniste au Québec, Montréal, Remue-ménage, p. 80.
2. Scheifler, Bruno et Jean-Luc Senninger (2000), Meurtre de masse et psychose, Thoiry, Heures de France, p. 6.


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    Mis en ligne le 27 février 2009




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