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La Meute des Chiennes de garde dénonce une publicité de Reporters sans frontières
"Franchement", utiliser la violence contre les femmes est indigne !

17 mars 2009

par Florence Montreynaud, La Meute des Chiennes de garde

"Franchement", utiliser la violence contre les femmes est indigne !

La Meute des Chiennes de garde s’engage publiquement contre une
publicité sexiste : la campagne de Reporters sans frontières. Cette
organisation, qui milite pour la liberté de la presse, utilise l’image
d’une Marianne violentée et sanguinolente, avec le slogan "Franchement,
elle l’a cherché" (visible ici :
http://www.rsf.org)

Non, tous les moyens ne sont pas bons ! Même au service d’une bonne
cause, la violence contre les femmes ne peut être un argument pertinent.

Voici la lettre que nous adressons aux responsables de Reporters sans
frontières. Nous vous proposons de reprendre ce texte ou de vous en
inspirer, et d’écrire vous aussi, de préférence par la poste, ce qui est
bien plus effficace qu’un courriel. Les responsables d’une campagne
savent que, pour UNE lettre qu’ils reçoivent d’un-e protestataire, il y
a MILLE autres personnes qui sont tout aussi mécontentes mais n’ont pas
pris le temps d’écrire.

Vous pouvez aussi envoyer un courriel à : rsf@rsf.org.

Si vous rédigez un texte différent, prière de l’envoyer aussi à La Meute, pour qu’il puisse figurer sur notre site !

Source : DES NOUVELLES DE LA MEUTE N° 136 - 16 mars 2009, ACTION N°32 de La Meute (voir la liste des actions sur
www.lameute.fr/agir)

*****

Lettre ouverte des Chiennes de garde à Reporters sans frontières
Gérald Sapey, Président de RSF International
Pierre Veilletet, président de RSF France
Jean-François Juillard, secrétaire général
CS 90247 - 75083 Paris Cedex 02

Paris, le 16 mars 2009

Messieurs,

Pour faire connaître au grand public votre bilan annuel de la liberté de la presse dans le monde, vous avez choisi, illustrant votre campagne en
France, la photo d’un buste de Marianne, symbole de la République. Des
traînées rouge sombre coulent de son nez et tombent sur sa tunique,
comme s’il s’agissait d’une femme ayant reçu un coup de poing en pleine
figure et saignant du nez.

Vous accompagnez cette image-choc du slogan en gros caractères : "Franchement, elle l’a cherché".

En bas et en tout petits caractères, l’explication : "La France est 35e sur 168 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières."

Utiliser l’image d’une femme violentée, en l’accompagnant du commentaire
"Franchement, elle l’a cherché", vous place du côté des conjoints agresseurs qui se justifient en affirmant que, "franchement", une femme battue est responsable de l’agression qu’elle a subie.

Sans doute aviez-vous l’intention de communiquer au second degré, mais
pour les victimes de violences conjugales (2 millions de femmes en
France), comme pour les agresseurs, c’est le premier degré, la
représentation de violences contre une femme, qui restera en mémoire,
avec la légitimation que vous lui donnez.

Qu’on la prenne au premier ou au second degré, votre campagne fait avant
tout la promotion de la violence, à la fois contre le symbole de la République et contre une figure féminine à laquelle chaque femme voyant votre affiche peut se sentir identifiée. Et Marianne, femme ou République, l’aurait "franchement cherché" ! Ne percevez-vous pas le danger qu’il y a à promouvoir la violence dans n’importe quelle situation, et le dommage qui peut en résulter pour l’image de RSF ?

Nous vous exprimons notre totale désapprobation pour le sexisme de cette
campagne, et vous demandons de renoncer à la diffuser dorénavant.

Quant à nous, quels que louables que soient vos buts, nous ne
soutiendrons plus une organisation qui utilise et banalise la violence
contre les femmes.

Les Chiennes de garde

Adelphiquement*,
Florence cheffedemeute Montreynaud

*Adelphiquement dérive de adelphité, mot qui désigne un sentiment entre
fraternité et sororité. En français, sour et frère proviennent de deux
mots différents. Le mot adelphité est formé sur la racine grecque
adelph- qui a donné les mots grecs signifiant sour et frère.

La Meute des Chiennes de garde est la réunion, depuis octobre 2008, du
réseau La Meute contre la publicité sexiste (lancé en 2000) et de
l’association Chiennes de garde (fondée en 1999).

  • Pour vous joindre à la Meute des Chiennes de garde, vous pouvez adhérer à l’association Chiennes de garde, que je préside, après avoir lancé ce mouvement en 1999. La cotisation annuelle est de 20 euros, et vous
    pouvez manifester votre soutien en donnant davantage (par chèque à
    l’adresse : Chiennes de garde, Maison des associations, boîte n° 11, 5
    rue Perrée 75003 Paris).
  • Site des Chiennes de garde.
  • Courriel.
  • Pour vous joindre au réseau "Encore féministes !", qui organise des
    actions dans d’autres domaines, et dont le groupe parisien se réunit
    tous les mois, signez le Manifeste "Encore féministes !" sur le site
    http://encorefeministes.free.fr.

    N.B. L’association Mix-Cité Paris a aussi réagi à cette publicité. Lire la lettre qu’elle a expédiée à RSF.


    Lettre à Reporters sans frontières

    Sujet : votre publicité banalisant la violence faite aux femmes

    Vous l’avez cherché !

    Messieurs (et mesdames aussi s’il y en a qui ont participé à ce choix),

    Le site féministe Sisyphe.org, dont la fréquentation dans la francophie atteint en moyenne 8 000 visiteurs et visiteuses par jour, se joint à la Meute des Chiennes de garde pour dénoncer la publicité que vous avez créée dans le but de faire connaître votre bilan annuel.

    La liberté d’expression nous est chère, nous aussi, mais nous ne l’exerçons sur le dos de groupes victimes de discrimination et de violence, comme vous le faites.

    Nous endossons entièrement les arguments de La Meute des Chiennes de garde et nous vous promettons une très large diffusion de cette dénonciation dans les réseaux intellectuels, féministes et communautaires de l’ensemble de la francophonie. Nous n’avons pas l’intention de relayer à nouveau l’information de votre organisation si vous ne retirez pas cette publicité banalisant la violence à l’égard des femmes et ne présentez pas d’excuses. La liberté d’expression ne justifie pas tout et la violence contre les femmes est un crime encore plus grave que la restriction du droit à la liberté d’expression.

    Pour votre information : http://sisyphe.org/spip.php?article3251

    Bien à vous,

    Micheline Carrier, pour Sisyphe

    cc Florence Montreynaud, fondatrice et présidente de La Meute des Chiennes de garde

    Mis en ligne sur Sisyphe, 17 mars 2009

    Florence Montreynaud, La Meute des Chiennes de garde


    Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=3251 -