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Sus à Orelsan ! Le rap des Chiennes de garde
Moi j’s’cap ! Réponse de la rappeuse au rappeur (Orelsan)

30 mars 2009

par Les Chiennes de Garde et le Collectif féministe contre le viol

« Le chanteur Orelsan est invité au Printemps de Bourges, un festival de la chanson française », signalent des féministes à partir du 19 mars 2009. Y chantera-t-il son rap intitulé « Sale pute ! » et disponible sur Internet, dont les paroles, à la première personne, détaillent les violences extrêmes qu’un garçon menace de faire subir à une fille ? Au pays de la galanterie et des droits des hommes, tous les espoirs sont permis (1).

Certes, la loi (2) réprime les incitations à la haine, tout en étant moins sévère pour le sexisme que pour le racisme et l’homophobie. La justice reste donc impassible, le gouvernement réfléchit longuement (3), la HALDE (4) regarde ailleurs, les politiques donnent la priorité aux élections européennes, et les intellectuels (masculins) respectent trop la liberté d’expression, les droits des artistes et le deuxième degré pour intervenir.

Heureusement, il reste, bon pied bon œil bon sens, de vaillantes féministes que ces litanies machistes empêchent de dormir. Parmi celles qui sont passées à l’action, nous, Chiennes de garde, farouches gardiennes de la dignité des femmes et de l’art lyrique réunis, avons mené l’enquête et découvert que la chanson s’adresse à l’une des nôtres, la rappeuse Pitbulle : elle s’apprêtait à « tèje » (rompre avec) Orelsan, à qui elle reproche d’être « aussi nul en français qu’en respect ».

Bonne nouvelle : non seulement les menaces d’Orelsan ont laissé Pitbulle de marbre, mais elles lui ont inspiré un contre-rap, que vous pourrez entendre au Printemps de… disons Paris, fête des droits humains et de l’humour féministe.

En avant-première, Pitbulle a confié ses paroles aux Chiennes de garde. Sus à Orelsan ! Quant aux autres machos, petits ou gros, ils n’ont qu’à bien se tenir : le même traitement radical les attend. Grrrrrrrr… !

Notes

1. Le suspense a été levé le 27 mars par la direction du Festival : l’artiste reste invité, mais pas « Sale pute ! », chanson jugée « inacceptable ». Et les autres de la même veine ? Tous les espoirs sout de nouveau permis.
2. La provocation à commettre un crime, ou une atteinte à l’intégrité de la personne, ou une agression sexuelle, est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (loi du 29 juillet 1881, article 24).
3. Le 27 mars, Valérie Létard, secrétaire d’État à la solidarité, fait enfin part de son indignation, et annonce qu’elle « soutient l’initiative des associations qui ont fait savoir qu’elles souhaitaient se constituer partie civile et porter plainte contre le rappeur ». Prendre une initiative elle-même, serait-ce trop lui demander ? Par exemple, proposer de payer l’avocate et les frais de justice.
4. Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité.

MOI, J’SUIS CAP’ !
Réponse de la rappeuse au rappeur

Regard’-moi dans les yeux, Orelsan, et fil’ doux !
Tu te crois tout permis, les insult’ et les coups.
T’es pas à la hauteur, arrête tes délires !
Ma patience est à bout, prépare-toi au pire !
Les p’tits mecs dans ton genre, je n’en fais qu’une bouchée.
Ton "Sale pute !", dans la gorge je vais te l’faire rentrer.

Parc’que tu chantes à Bourges, tu te la pètes grave,
toi, banal en images, et nul en orthographe !
Cogner, violer, casser, tabasser, massacrer,
les filles dans ta tête, le français sur l’papier,
tu te la joues rebelle, et tu t’crois très méchant.
T’as la haine, que tu dis, ça remplace pas l’talent.

Faut t’y faire, Orelsan, j’embrasse qui je veux,
et la rue est à moi, je n’ai pas froid aux yeux.
T’aurais pas dû m’chercher, j’vais l’crier sur les toits,
te mettr’ la honte à donf jusque devant chez toi,
ça s’ra sur Internet, ça f’ra l’tour des radios,
que t’es qu’un bandemou, un ringard de macho.

T’as dit "t’es différente des meufs que j’ai connues".
C’était quand tu m’draguais, mais t’as encore rien vu.
Rien à fout’ de ta haine, elle va direct poubelle.
J’vais pas m’laisser salir par un p’tit vermicelle.
Si tu baises comme t’écris, y a pas d’quoi la ram’ner :
les paroles de ton rap, c’est du sous-Dieudonné !

À force de dire "t’es bonne", de te prendr’ pour le pape,
t’as oublié que j’suis meilleure que toi en rap.
J’appelle les copines : "Féministes, wesh ! yo !"
J’en ai soupé, d’ta haine, je sors mon grand couteau,
l’ail et les p’tits oignons, j’émince et j’fais chauffer.
T’as assez dégueulé, maintenant tu vas t’calmer.

Les filles, finissons-en avec ces p’tits couillons !
Ils étaient forts tant que nous n’osions pas dire NON.
Orelsan, baisse ton froc, je saliv’ déjà trop.
Chiennes de garde, foncez, et en avant les crocs !
Aux défenseures des femmes les oreilles et la queue,
les couilles à l’offensée, et des excuses je veux.

Signé : Pitbulle, espoir de la chanson française
"Agressive, moi ? Mais c’est une berceuse !"

Source : Les Chiennes de garde.

Lire aussi :

  • « Quand la Haine des femmes explose », par SOS-SEXISME
  • « Polémique autour de la chanson "Sale pute" d’Orelsan », Le Monde, le 28 mars 2009.
  • Paroles de la chanson "Sale pute" sur ce site. Avertissement : vous pourriez vomir...

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 mars 2009

    Les Chiennes de Garde et le Collectif féministe contre le viol


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