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Annulation du spectacle d’OrelSan aux Francofolies
Nous soutenons Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes

15 juillet 2009

par Elu-es Contre les Violences faites aux Femmes

Avec le soutien du Collectif féministe contre le viol et du groupe Chiennes de garde



Samedi 4 juillet 2009, Ségolène Royal déclare à la presse : « En tant que femme et présidente de la région Poitou-Charentes, je n’ai absolument pas envie de sponsoriser sur mon territoire une personne qui vante les violences faites aux femmes (...) Même si je n’ai pas à me mêler des choix artistiques, j’assume, et je me réjouis qu’[OrelSan] ne chante pas ses paroles de haine et de meurtre aux Francofolies ».

Depuis qu’OrelSan a été déprogrammé des Francofolies, Ségolène Royal est prise pour cible par des hommes politiques, des professionnels de la culture et des journalistes. Pourtant, d’autres personnalités politiques de différents partis ont aussi dénoncé le caractère inadmissible des paroles d’OrelSan, sans s’attirer autant d’animosité : certains membres du précédent gouvernement et du gouvernement actuel comme Dominique Bussereau (UMP), Valérie Létard et Christine Albanel (UMP), ainsi que la Députée Marie George Buffet (PC), le Député Guy Geoffroy (UMP), le Président de la Région Centre François Bonneau (PS), l’adjoint au Maire de Paris Christophe Girard (PS)...

L’association « Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes », qui rassemble des élu/es de tous les partis politiques républicains, de gauche comme de droite, donne l’alerte depuis mars 2009 au sujet de la dangerosité des chansons violentes d’OrelSan. Nous soutenons donc Ségolène Royal dont nous estimons la position courageuse et politiquement honnête.

Courageuse, car le combat contre le sexisme paie peu en termes de reconnaissance médiatique, politique ou sociale.

Honnête, car elle est en cohérence avec la position de Ségolène Royal qui est engagée depuis une quinzaine d’années contre les violences faites aux femmes.

En France, les violences contre les femmes sont tolérées avec trop de complaisance.

Dans d’autres villes, des concerts ont été annulés sans que personne s’en émeuve. Ainsi, le 16 avril 2009, le Préfet de l’Indre a pris un arrêté pour interdire le concert de « quatre groupes de musique de la mouvance rock anti-communiste » qui devaient se produire deux jours plus tard, au motif que leur répertoire musical comportait « des paroles et titres de chansons qui constituent des incitations à la haine raciale, l’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. »

Personne n’a crié à la censure. Deux poids, deux mesures : pourquoi n’agite-t-on l’épouvantail de la censure que lorsqu’il s’agit de sexisme ?

Dans la loi, l’égalité des hommes et des femmes est presque parfaite. Reste que les propos racistes disposent d’un délai de prescription de 12 mois, alors que ce délai n’est que de 3 mois dans le cas du sexisme. Mais, dans les mentalités, le sexisme est loin d’être considéré comme un mal aussi grave que le racisme ou l’antisémitisme. D’où les décisions des responsables de festivals qui programment des chanteurs comme OrelSan. Face à cela, quelques élu/es, conscient/es et engagé/es, se sentent dans l’obligation de réagir. On les qualifie alors de censeurs.

Pourtant, si les femmes n’étaient pas considérées comme des citoyennes de seconde zone, l’« affaire Orelsan » n’aurait même pas eu lieu : car de tels chanteurs ne seraient pas programmés, tout comme ne le sont pas des chanteurs ou des artistes aux messages racistes ou antisémites.

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Le répertoire d’OrelSan : des preuves de sa dangerosité !

Contrairement aux affirmations d’OrelSan et d’une partie de la presse, presque tout le répertoire du chanteur, et non seulement la chanson « Sale Pute », fait l’apologie des violences sexistes et sexuelles. Il en va ainsi de la chanson « Suce ma bite pour la Saint-Valentin » qui certes ne fait pas partie de l’album « Perdu d’avance », mais est toujours chantée sur scène (notamment le 17 avril 2009 à Mulhouse et le 13 mai à Paris), et de plusieurs autres des chansons de son album :

SUCE MA BITE POUR LA SAINT-VALENTIN : (…) (Mais ferme ta gueule) ou tu vas t’faire marie-trintigner / J’te l’dis gentiment, j’suis pas là pour faire de sentiments / J’suis là pour te mettre 21 centimètres / Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître (…) / J’bois, baise, jusqu’à c’que t’en sois mal en point (...) / Vis le sexe comme un conte de fées, depuis qu’j’ai mon BAFA / J’respecte les shneks avec un QI en déficit / Celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques (...) / Viens bébé on va tester mes nouvelles MST !

ETOILES INVISIBLES : C’est pas en insultant les meufs dans mes r’frains que je deviendrais quelqu’un mais j’aime bien.

SOUS INFLUENCE : J’rêve de péter les dents d’l’autre pétasse des Pussycat Dolls

CHANGEMENT : Maintenant les meufs portent du Vuitton, des grosses lunettes dorées / Avant c’était qu’pour les vieilles putes blondes décolorées / Les gars s’habillent comme des meufs et les meufs comme des chiennes / Elles kiffent les mecs effeminés comme si elles étaient lesbiennes.

DIFFERENT : J’finirais par acheter ma femme en Malaisie (...) / Renseigne toi sur les pansements et les poussettes / J’peux t’faire un enfant et te casser l’nez sur un coup de tête / Poulette pourquoi tu veux pas sortir avec moi ? / J’adore passer par les p’tits trous j’adore me sentir à l’étroit.

COUREZ COUREZ : Petite, essaie pas de me fréquenter / Ou tu va perdre ton pucelage avant d’avoir perdu tes dents de lait (...) / J’suis pour de vrai de vrai, j’dis c’que j’pense, j’pense c’que j’dis / Tout ce que j’écris c’est du premier degré, hé ! (...) / Les féministes me persécutent, me prennent pour Belzebuth / Comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes / Elles ont qu’à arrêter de d’se faire péter l’uc / Et m’dire merci parce que j’les éduque, j’leur apprend des vrais trucs / Des fois j’sais plus si j’suis misogyne ou si c’est ironique / j’serai peut-être fixé quand j’arrêterais d’écrire des textes où j’frappe ma p’tite copine

SALE PUTE, chanson qu’OrelSan dont le clip est toujours visible sur internet :
J’te déteste j’veux que tu crèves lentement / Avant je t’aimais maintenant j’rêve de t’voir imprimée de mes empreintes digitales / On verra comment tu suces quand j’te déboîterais la mâchoire / T’es juste une truie tu mérites ta place à l’abattoir / On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée / J’veux te voir rendre l’âme j’veux te voir retourner brûler dans les flammes / Si j’te casse un bras considère qu’on s’est quittés en bons termes / J’vais te mettre en cloque (sale pute) / Et t’avorter à l’opinel / J’te collerai contre un radiateur en te chantant Tostaki [Chanson de Noir désir, probablement en référence au meurtre de Marie Trintignant par le chanteur de ce groupe de musique].

L’affaire OrelSan n’existe que parce qu’il banalise les violences sexistes et sexuelles, la pédocriminalité, l’homophobie et le meurtre de femmes ne répondant pas aux exigences de machos. Ne pas le programmer ou le déprogrammer relève donc d’un choix de société égalitaire et solidaire.

Choisir n’est pas censurer

« Gouverner, c’est choisir » et financer une action relève d’un choix politique en fonction d’un projet de société. Le refus de voir Orelsan sur des scènes musicales financées par des fonds publics n’est pas une atteinte à la liberté d’expression. La liberté d’expression, telle qu’elle est internationalement reconnue, connaît des limites : l’appel à la haine et au meurtre. Ces limites lui donnent son sens et permettent à la démocratie d’exister. OrelSan a dépassé toutes ces limites.

Les artistes n’ont pas tous les droits : ils ne sont pas au-dessus des autres citoyen/nes.

Nous voulons une prise de conscience politique
de la dangerosité du sexisme et du machisme érigés en culture.
Nous voulons l’assurance d’une réelle volonté politique de combattre
les violences sexistes, qu’elles soient symboliques, physiques ou sexuelles.
Nous voulons des politiques culturelles menées en cohérence
avec l’action publique pour l’égalité des femmes et des hommes et pour le vivre-ensemble.

ECVF – Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes
Tour Mantoue – 9, villa d’Este 75013 Paris
Tel : 01 44 24 54 80
Courriel.
Site.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 juillet 2009

Elu-es Contre les Violences faites aux Femmes


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