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Recrutement militaire dans les écoles – Le recul de la FFQ injustifié
16 octobre 2010
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À la suite du remue-ménage médiatique causé par les Forces canadiennes, la FFQ a décidé de modifier la troisième capsule web de la Coordination québécoise de la MMF, celle qui dénonce le recrutement militaire dans les écoles. La capsule représente une femme immigrante dont le fils est mort en Afghanistan et dont la fille s’enrôle dans l’armée. Elle déclare : « Avoir su qu’en donnant la vie, j’allais fournir de la chair à canon, je n’aurais peut-être pas eu d’enfants. » Cette phrase a été retirée parce qu’elle ne reflèterait pas le sentiment de toutes les mères de soldats. Pourtant cet extrait démontre qu’une femme peut décider de remettre en question d’avoir mis au monde des enfants dont la vie sera sacrifiée à des fins militaires.
D’un tabou dévoilé, on vient le ré-enterrer de nos propres mains parce que ça perturbe ? De quoi a-t-on honte ? Est-ce là toute la détermination dont nous pouvons faire preuve envers nos positions féministes quand nous faisons face aux loups et à ces chiens médiatiques ?
C’était pourtant une phrase qui reconnaît la situation difficile des mères de s’exprimer contre cette société qui prône les femmes soumises aux valeurs soutenues par leur conjoint et leurs fils. Ce clip met en évidence comment, nous, les femmes pouvons nous affirmer au sein même de notre famille contre la vague militariste et impérialiste des hommes. Comment peut-on censurer cet extrait ?
Quel pouvoir, dites-moi, ont les mères dont le conjoint est soldat (une "mission" qu’ils perpétuent de père en fils) face à la décision de leur enfant de s’enrôler ? De quels outils disposent-elles pour transmettre leurs valeurs de solidarité entre femmes et peuples du monde à leurs enfants ? Quelle voix donne-t-on à ces femmes si l’on retire cet extrait ?
Aux États-Unis, Cindy Sheehan, mère d’un soldat tué en Irak, a fondé le Gold Star Families for Peace. Cette association inclut plus d’une soixantaine de familles de soldats tués dans cette guerre et exige la fin de l’occupation en Irak. Le mouvement des femmes en noir, inspirée par des mères d’enfants tués, militent pour la paix aux quatre coins de la planète.
Je suis extrêmement déçue de voir comment il est aussi facile et rapide de faire reculer la FFQ sur ses positions féministes quand il s’agit "d’aller au front". Devons-nous reculer à chaque fois qu’une femme défend la culture de la domination masculine ? C’est la même logique quand on parle d’une femme qui dit avoir fait le choix d’être dans la prostitution. Jusqu’où allons-nous reculer ainsi ? Il y a bien des femmes qui défendent l’excision dans le monde. J’ai l’impression que le leitmotiv de la FFQ est plutôt : « Tant que toutes les femmes ne seront pas féministe, nous ne marcherons pas. »
La phrase retirée exprime le refus des femmes de voir notre pouvoir de reproduction utilisé à des fins de destruction, d’intérêt économique et de contrôle des ressources ! Voulons-nous comme féministes reprendre le pouvoir sur notre reproduction seulement par l’avortement libre et gratuit ? La lutte n’est-elle pas plus large ?
Pourquoi renoncer à supporter les mères qui, dans une situation difficile, choisissent la voie de la résistance, c’est-à-dire la solidarité avec les femmes du monde ? Laissant leur carcan de mère du patriarcat qui justifie tout geste de leur enfant, incluant la solidarité envers les "valeurs guerrières" de leurs fils ou de leur mari.
Comment peut-on sabrer autant dans nos valeurs féministes en pleine Marche mondiale des Femmes ?
Toutefois, et heureusement, la position prise par la FFQ dans cette affaire ne représente pas celle de toutes les féministes au Québec. C’est pourquoi nous marcherons contre le recrutement militaire dans nos écoles et les guerres impérialistes menées dans le monde en solidarité avec toutes ces mères qui résistent.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 octobre 2010