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La police de Toronto banalise les menaces de mort d’une intégriste islamiste contre Tarek Fatah
16 mars 2011
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Je venais à peine de me réveiller à la suite d’une intervention chirurgicale quand la première menace de mort est arrivée.
Le premier message Twitter disait, avec une épithète somalienne vulgaire : « Ceci est une menace ouverte à Xaar Boy@Tarek Fatah. Je sais où tu habites et où tu travailles ». L’expéditrice s’est identifiée comme Mariama AnnaLitical et sa photo la montre portant un foulard violet dans le style des jeunes islamistes radicaux de Toronto. D’autres abonnés de Twitter ont dénoncé la menace et demandé qu’AnnaLitical soit signalée, et même arrêtée.
Elle a retiré la menace, puis elle l’a réitérée le matin même, dans ces termes : « Il a également proposé l’interdiction du voile intégral au Québec… et il soutient l’homosexualité. Ceci une menace ouverte. Je sais où tu habites/où tu travailles/@ TarekFatah ». Ses collègues islamistes ont renchéri : ils m’ont traité de mauvais musulman parce que je m’oppose au niqab et que je soutiens le droit à l’égalité des gays. D’autres ont écrit que je m’étais attiré ces menaces.
J’ai appelé la police de Toronto. Quelques heures plus tard, deux policiers en uniforme de la Division 51 sont venus m’interroger à l’hôpital. Nous avons toutefois été interrompus après quelques minutes. Deux hommes sont entrés et ont demandé à tout le monde de quitter la chambre. Ils ne se sont pas identifiés, mais cinq minutes après le début d’un interrogatoire qui a duré deux heures, j’ai réalisé qu’ils étaient des agents de renseignement de la police. L’un d’eux, que je connaissais de réputation - un officier musulman qui avait mis fin à une enquête antérieure sur une menace de mort à mon endroit en 2008 et une autre visant Tahir Gora, lui aussi un musulman aux vues libérales.
Ce dernier incident a eu lieu à l’hiver 2007. À l’époque, Gora, un chroniqueur pour le Hamilton Spectator, avait repéré une page Facebook intitulée « Les ennemis de l’islam ». Outre mon nom et ma photo, l’entête de la page comprenait ceux de Gora, de l’écrivaine bangladeshi Taslisma Nasreen, de Salman Rushdie et d’Irshad Manji. A côté du nom de Gora, il était écrit : « les pseudo musulmans comme vous devraient être exécutés. » Des menaces similaires étaient proférées contre les autres musulmans laïques ou libéraux sur la liste.
Gora a alerté la police de Toronto et quelques jours plus tard, il a reçu la visite de deux policiers en civil, tous deux musulmans. Gora a montré tous les textes à l’agent responsable, mais il a manifesté peu d’intérêt malgré la montagne de preuves. « Il m’a dit que selon les policiers, le créateur du site n’était pas en mesure de me faire du mal », a dit Gora. Lorsque Gora a suggéré que des accusations devraient être portées à des fins de dissuasion, l’agent a refusé. « Le ton de l’agent et son langage corporel, a déclaré Gora, révélaient qu’il était manifestement fâché à l’idée que je pourrais déposer une plainte contre un autre musulman. »
Après le départ des agents du renseignement, les officiers qui s’étaient présentés les premiers dans ma chambre sont revenus. Ils m’ont confié que c’était inhabituel pour des « intel » d’agir avant même qu’un rapport ait été déposé. J’ai réalisé que c’était politique, et que rien ne serait fait pour m’aider.
En soirée, le même officier musulman m’a appelé pour me dire qu’AnnaLitical ne représentait aucun danger. « Pour elle, c’était des paroles en l’air », a dit l’officier. J’ai demandé si elle était inculpée. « Non, a-t-il répondu. Je ne crois pas que c’est nécessaire. »
Depuis lors, j’ai informé Alok Mukherjee, président du service de police de Toronto, et Bill Blair, le chef de police. Mukerjee m’a assuré qu’il se penchera sur la question. Le chef Blair n’a pas répondu.
La police de Toronto, dans son désir de promouvoir une image de diversité et de sensibilité, s’est consacrée à servir et protéger les éléments islamistes radicaux au sein de notre ville. Pendant ce temps, les musulmans comme moi qui font de leur mieux pour promouvoir l’égalité et le respect que la police prétend chérir, sont laissés sans protection légale lorsque des radicaux nous menacent explicitement et publiquement de violence. À Toronto, n’importe qui peut lancer une « menace ouverte » contre un homme gisant sans défense dans un lit d’hôpital et avoir l’assurance qu’il ne sera pas inculpé si la menace est écrite par une femme noire musulmane portant le hijab.
J’espère que la police prendra la bonne décision maintenant que j’ai publiquement dénoncé ce scandale, sinon je saurai que la ville que j’aime est perdue.
* Traduction de Poste de veille : "Tarek Fatah : pour la police de Toronto, certaines menaces de mort ne comptent pas". Merci à Poste de veille de partager cette information.
* Article original anglais : "Tarek Fatah : Some death threats don’t count", National Post, 4 mars 2011.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 mars 2011