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Égypte - L’aveu concernant les "tests de virginité" forcés doit donner lieu à une procédure judiciaire

5 juin 2011

par Amnesty International

Les autorités égyptiennes doivent traduire en justice les personnes ayant ordonné ou effectué des « tests de virginité » forcés, après qu’un haut gradé militaire eut admis que l’armée y a soumis des manifestantes, a déclaré Amnesty International mardi 31 mai 2011.

Un général égyptien a confirmé à la chaîne d’information CNN que des femmes arrêtées le 9 mars sur la place Tahrir, au Caire, avaient été forcées à subir des « tests de virginité », ce que le gouvernement avait précédemment nié.

Ce général, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a justifié ces abus en avançant que ces femmes « n’étaient pas comme votre fille ou la mienne. Il s’agissait de filles ayant campé sous des tentes avec des manifestants mâles. »

« Cet aveu est une justification profondément perverse d’une forme d’abus dégradant, a déclaré Amnesty International. Ce que ces femmes ont subi est ni plus ni moins de la torture. »

« Les autorités égyptiennes doivent condamner les attitudes discriminatoires, abusives et insultantes invoquées pour justifier la torture de manifestantes, que l’on trouve visiblement au plus haut niveau. »

Amnesty International a recueilli les témoignages de manifestantes ayant subi des « tests de virginité » forcés en mars, et a écrit au Conseil suprême des forces armées en Égypte afin de lui demander d’ouvrir une enquête. Elle n’a cependant reçu aucune réponse.

Le général a également déclaré à CNN que ces « tests » avaient été effectués parce que « [n]ous ne voulions pas qu’elles disent que nous les avions agressées sexuellement ou violées, alors nous souhaitions prouver qu’elles n’étaient de toute façon pas vierges. »

« Les insinuations de ce général, selon lesquelles seules les vierges peuvent être victimes de viol, découlent d’opinions sexistes discréditées depuis longtemps et sont absurdes d’un point de vue juridique. Lorsqu’il s’agit de déterminer si un viol a été commis, la question de savoir si la victime est vierge ou non n’a aucune pertinence.

« L’armée doit immédiatement signifier aux forces de sécurité et aux soldats que ces "tests" sont interdits ».

Lorsque des membres de l’armée ont violemment évacué la place Tahrir le 9 mars – lendemain de la Journée internationale de la femme – 18 femmes ont été arrêtées et frappées, et ont reçu des décharges électriques ; 17 d’entre elles ont été fouillées au corps, forcées à subir des « tests de virginité » et menacées de poursuites judiciaires pour prostitution.

Elles ont comparu devant un tribunal militaire le 11 mars et ont été relâchées le 13. Plusieurs d’entre elles ont été condamnées à un an de prison avec sursis pour divers motifs – trouble à l’ordre public, destruction de biens, entrave à la circulation et possession d’armes.

Amnesty International craint que les attitudes discriminatoires et patriarcales à l’égard des femmes en Égypte ne fassent obstacle à la pleine participation de ces dernières au processus de réforme.

Bien que les femmes aient été en première ligne des actions de protestation de masse ayant mené à la démission du président Hosni Moubarak, pas une seule n’a été choisie pour faire partie de la commission pour la réforme constitutionnelle, et elles ne sont guère représentées au sein du nouveau gouvernement.

« Le gouvernement égyptien doit faire respecter les droits de toutes les femmes de la nation qui œuvrent en faveur des libertés dans le pays, en particulier celles qui luttent pour l’égalité des genres et les droits des femmes », a conclu Amnesty International.

Source : Amnesty International

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 juin 2011

Amnesty International


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