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"Agentivité sexuelle" et appropriation des stratégies sexistes

23 mars 2012

par Féministes radicales

Commentaire d’un article de Marie-Ève Lang, « L’"agentivité sexuelle" des adolescentes et des jeunes femmes : une définition », dans Recherches féministes, No 2, 2011.



Dans les études anglophones sur les jeunes et sur les femmes, un nouveau concept émerge : l’agentivité sexuelle (sexual agency). Terme peu usité en anglais, et encore moins en français, l’agentivité sexuelle fait référence à l’idée de « contrôle » de sa propre sexualité, c’est-à-dire à la capacité de prendre en charge son propre corps et sa sexualité. Ce concept, qui considère les femmes et les adolescentes comme des « agentes » actives plutôt que comme de potentielles « victimes » du désir masculin, pourrait permettre au discours sur l’hypersexualisation de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Par la recension d’écrits de plusieurs auteures et auteurs clés sur le sujet, cet article veut définir le concept de façon qu’il puisse servir, notamment, dans les travaux sur la sexualité des femmes et des adolescentes. Il propose également des façons de l’opérationnaliser.

Recherches féministes
Volume 24, numéro 2, 2011, p.189-209
Critiques féministes du développement : pouvoir et résistances au sud et au nord
Sous la direction de Elsa Beaulieu et Stéphanie Rousseau
Direction : Estelle Lebel (directrice)
Rédaction : Estelle Lebel (rédactrice en chef)
Éditeur : Revue Recherches féministes
ISSN : 0838-4479 (imprimé) 1705-9240 (numérique)

Voilà une bien belle phrase qui résume :

a) la bêtise de l’argument : actif VS passif, issu directement de l’explication viriliste donnée aux violences politiques du point de vue psychologisant de l’agresseur ;
b) la visée politique du Saint-Esprit "Agency" qu’agitent tous les visionnaires du passé, post-modernes et libéraux, que sont les pro-prostitution, pro-porno, pro-SM, ....

Les promoteurs actuels des politiques sexuelles capitalistes (du fait de leurs pratiques personnelles et du fait de l’objet même de leur revendication) utilisent les stratégies de l’agresseur sexiste analysé par le CFCV :

 insulte, dévalorisation (contre les femmes prostituées dites "putes", contre les femmes violées dites "salopes" [objet des SlutWalk], contre les féministes dites "sexistes, putophobes, puritaines") ;

 instaurer un climat d’insécurité (présenter auprès des victimes les féministes comme des dangers pour elles ; intimidation, menaces, scandales, représailles, harcèlement, diffamation et réputation des associations et individus féministes)

 inversion de la culpabilité - c’est ici que le concept d’Agency des subalternes agit : 1) loin d’avoir une analyse du cadre inégalitaire des interactions, ils psychologisent, dressent des procès d’intention, fouillent les cerveaux .... mais pas tous ... 2) loin de rechercher l’agency des dominants qui agressent ou bénéficient des agressions des autres, ils se focalisent sur celles qui "consentent" [à être violées, à être prostituées, pornographiées, sadisées => des actes de pouvoir sexiste, individuels ou étendus, organisés collectivement, ont un agent principal : une femme !

 isoler les victimes et leurs alliées ; isoler chaque femme prostituée ou violée dans la case individualiste assortie d’un impératif catégorique : "sois l’agente de ce qui t’es arrivée, sinon t’es pas un sujet !" ; isoler les féministes abolitionnistes et/ou activistes contre les violences sexuelles) ;

 assurer son impunité, verrouiller le secret (organiser une coalition contre les faibles ; capter le NPA comme allié de poids, signer avec le Planning familial pour impliquer des victimes potentielles dans leur entrisme, demander de l’aide aux féministes et prétendre fournir un aide aux femmes victimes ...

Or, le backlash sur les politiques sexuelles, étant donné la centralité de l’hétérosexualité dans notre oppression, est un moteur du backlash à d’autres niveaux ; ainsi, l’empire qu’a désormais la notion de "consentement" (dans des contrats plus ou moins explicites) sur la poursuite des violences politiques (patronales, néo-coloniales et sexistes).

Un article très intéressant :

The ‘Pomo’ Backlash : Looking at Feminism in the Aftermath of Postmodernism

Poststructuralism, also referred to as postmodernism (1), has been majorly influential on recent feminist theory, especially within the context of Academia. This is an analysis and a critical assessment of postmodern ‘feminism’ from my own radical lesbian feminist standpoint. I will first highlight some key issues coming from the Women’s Liberation Movement of the 1970’s (i.e. background on feminism, as it looked like before postmodernism). I will then look at the academic feminist theoretical postmodernist turn of recent years, and later point out to Queer culture as an offshoot of postmodernism. I will also explain why postmodernism is seriously antithetical to the goal to eradicate the oppression of women, and conclude with hope for resistance. This essay is also the result of a research into postmodern feminism that I had been doing for University. Here, I analyse some postmodern ‘feminist’ works. The 1970’s Women’s Liberation Movement grew out of grassroots female-only organising against patriarchal oppression, feminist consciousness-raising groups, other inspiring liberation movements and the struggle against the male-identified sexual revolution of the 1960’s ( as explained in D. Bell and R. Klein eds., Radically Speaking : Feminism Reclaimed, 1996 ; and in A. Dworkin, Right-Wing Women, 1983). The women’s movement was built upon gathering many women’s accounts of their experiences of the reality of male domination (see C. MacKinnon, Are Women Human ? And Other International Dialogues, 2006. Read more).

Site de l’auteure : Féministes radicales.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 mars 2012.

Féministes radicales


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4150 -