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Le livre "Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ?" Résidence alternée et "syndrome d’aliénation parentale"

20 avril 2012

Le livre « Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ? » (édition Dunod*), sous la direction de Jacqueline Phélip et Maurice Berger, préfacé par le Pr Bernard Golse, se trouve depuis le 21 mars 2012 dans les librairies.

Cet ouvrage aborde deux thèmes essentiels :

La résidence alternée et le « syndrome d’aliénation parentale »

Alors que le conflit parental est souvent désigné comme seul responsable de l’échec des résidences alternées, le Dr Eugénie Izard, pédopsychiatre, fait part d’une étude faite sur une cohorte d’enfants de 3 à 17 ans, en résidence alternée organisée de façon consensuelle par les parents et sans conflit. Cette étude montre toute une symptomatologie chez les enfants affectant leur fonctionnement psychique, qui va du gel des émotions à un syndrome post-traumatique en passant par le syndrome de "l’enfant parfait".

En ce qui concerne le « syndrome d’aliénation parentale/aliénation parentale », Jacqueline Phélip dénonce la propagande dangereuse qui est faite de ce concept en Europe et particulièrement en France, et qui génère un nombre croissant d’abus de diagnostic au sein des tribunaux. Elle fait le point sur l’état actuel de la recherche qui n’en est en réalité qu’à ses débuts.

En effet, un groupe d’une soixantaine de professionnels venant de pays différents, coordonnés par William Bernet, professeur de psychiatrie à l’université Vanderbilt à Nashville (Tennessee) et ami de R. Gardner, ont établi un dossier afin d’obtenir l’inclusion de l’aliénation parentale dans le futur DSM (Diagnostic Statistical Manual). La plupart d’entre eux sont des cliniciens, des médiateurs ou des juristes. Le psychiatre Paul Bensussan, accompagné d’Olga Odinetz, présidente de l’association ACALPA, fait partie de ce groupe et représente la France.

Le Dr Pine, responsable au DSM des pathologies de l’enfant et l’adolescent, a demandé à Janet Johnston et Joan Kelly, toutes deux connues comme références internationales en tant que spécialistes des conséquences du divorce sur les enfants et des divorces hautement conflictuels, leur avis sur l’inclusion de l’aliénation parentale dans le futur DSM. Elles ont répondu par un courrier qu’elles nous ont permis de publier, courrier cosigné par une vingtaine d’universitaires, directeurs ou membres d’un programme de recherche sur l’aliénation parentale (Wallerstein, Pruett, Bala, etc.). Les auteurs du courrier font une analyse critique des affirmations émises par le Dr W. Bernet et son groupe dans leur dossier, et expliquent point par point les raisons de leur opposition à l’inclusion de l’aliénation parentale dans le DSM-V :

1 - Manque de fondement adéquat dans les recherches

La recherche sur l’étiologie est encore exploratoire et nécessite d’être développée.

2 - Manque de références sérieuses

En effet, « la majorité des centaines d’articles auxquels se réfèrent W. Bernet et son collectif pour soutenir leur projet, sont essentiellement des articles polémiques, des points de vue personnels, ou des descriptions cliniques d’un petit nombre de cas non randomisés (non tirés au sort). Et sur la minorité de références reposant essentiellement sur la recherche empirique, il y a un manque d’examen critique rigoureux concernant l’intérêt relatif de ces études et leurs limites. »

« Aucun de ces articles, par ailleurs, ne définit le concept d’aliénation parentale auquel son auteur se réfère, chacun le définissant selon son opinion personnelle, et l’aliénation parentale est confondue avec la résistance aux visites. »

3 – Aucune fiabilité de diagnostic

W. Bernet et ses collègues prétendent pouvoir faire un diagnostic différentiel fiable entre une aliénation parentale due à une manipulation, et le comportement d’un enfant qui se détache de façon justifiée d’un parent parce que ce dernier a une attitude éducative abusive ou problématique. Or J. Jonhston et J. Kelly font état de cinq études empiriques qu’elles ont réalisé récemment avec leurs collègues qui démontrent le contraire : un rejet justifié d’un parent peut tout à fait être confondu avec l’aliénation parentale, de même qu’un rejet justifié peut coexister avec une aliénation parentale.

4 – Caractère non scientifique des critères de diagnostic

« Il n’y a pas de données disponibles pour justifier la liste spécifique de critères retenus pour diagnostiquer un désordre d’aliénation parentale (incluse dans leur proposition page 79).
Ces symptômes et leur nombre semblent avoir été choisis arbitrairement et ne reposent sur aucune sorte d’analyse différenciée qui pourrait permettre de distinguer un diagnostic erroné, tant positif que négatif. »

5 – L’estimation de la fréquence d’aliénation parentale est inadéquate

« Faute d’échantillons représentatifs, la population atteinte d’aliénation est estimée en extrapolant à partir de petits échantillons non tirés au sort, ou d’échantillons dans lesquels le concept d’aliénation parentale n’est pas défini, ou est confondu avec d’autres conjonctures cliniques. »

6 – Aucune étude ne permet de valider les solutions recommandées

« D’un point de vue méthodologique, il n ’y a pratiquement aucune étude acceptable qui évalue l’efficacité des interventions radicalement différentes qui sont recommandées (par exemple une thérapie centrée sur la famille, ou un changement de garde en attribuant l’hébergement au parent rejeté avec une assistance psycho-éducative). »

7– Absence de preuves qui correspondent aux critères de preuves émis par Daunert

« En raison du manque criant de recherches solides sur l’étiologie et les interventions efficaces, les professionnels en santé mentale et ceux chargés d’évaluer le droit de garde ne peuvent, sur ces cas, fournir de preuves qui correspondent aux critères de preuves scientifiques émis par Daubert. »

Dans une lettre ouverte adressée aux responsables du DSM en octobre 2011, le président de l’American Psychological Association, soutenu par plusieurs sociétés scientifiques, a refusé l’introduction du SAP dans la future édition du manuel « car il n’a pratiquement pas de fondement dans la littérature empirique. »

Les responsables du DSM de l’Association Américaine de Psychiatrie, ont répondu le 5 novembre 2011, que le SAP avait été proposé par des groupes extérieurs pour son inclusion, mais n’avait pas été retenu par la Task Force (groupe chargé de l’élaboration du DSM).

 Site
des éditions Dunod.

Diffusion et distribution dans différents pays : les adresses.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 avril 2012




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