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Pour une stratégie concertée contre la traite des femmes et l’exploitation sexuelle

8 janvier 2013

par Institut de recherches et d’études féministes, UQAM

Un collectif de chercheures féministes a publié au début de décembre 2012 une étude intitulée : La traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle : entre le déni et l’invisibilité. Cette recherche fondée, entre autres, sur des données recueillies auprès de femmes dans l’industrie du sexe au Québec, recommande de décriminaliser l’activité des personnes prostituées, mais de pénaliser les clients et les proxénètes.

Une étude de fond sur la traite des femmes

Cette recherche présente une analyse qualitative de cas de femmes trafiquées ou exploitées sexuellement dans différents secteurs de l’industrie du sexe. Elle renseigne sur des expériences vécues par des femmes migrantes et sur la traite locale de jeunes femmes nées au Québec. Elle permet de cerner le dispositif de violence à l’œuvre dans la traite prostitutionnelle en mettant en lumière les leurres utilisés pour le recrutement des femmes prostituées et les obstacles rencontrés pour s’affranchir de l’industrie du sexe.

Recommandations

Les auteures plaident pour une stratégie concertée contre la traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle et recommandent des changements sur trois plans :

1) Contrer la banalisation de l’usage du sexe tarifé et de la marchandisation du corps des femmes par un travail de sensibilisation pour un changement profond des mentalités.
2) Se doter à l’échelle du Canada d’une loi cadre qui s’attaque à toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, incluant la prostitution, sur le modèle de la loi suédoise appelée « la Paix des femmes ».
3) Créer ou renforcer des ressources pour soutenir les femmes aux prises avec la traite ou l’exploitation sexuelle afin qu’elles puissent s’extraire de l’industrie du sexe.

Un phénomène international en croissance

Au Canada, la traite des femmes rapporte de 120 à 400 millions de dollars par an. Une femme prostituée peut rapporter 1000 dollars par jour aux organisations criminelles localisées au Québec.

La traite des femmes approvisionne un marché en croissance de corps féminins et de sexe exotique, au prix le plus bas. La traite des femmes, selon les auteures, est donc essentielle à la rentabilité de l’industrie de la prostitution.

Selon les auteures, les médias banalisent la marchandisation du corps et de la sexualité des femmes. Ils sont partie prenante de l’expansion de l’industrie du sexe et de l’essor de la traite, entre autres par la publicité et les petites annonces.

Trois auteures

Cette recherche a été menée en partenariat avec des collectifs féministes. Les auteures sont Sandrine Ricci, professionnelle de recherche à l’UQAM, Lyne Kurtzman, coordonnatrice au Service aux collectivités de l’UQAM, et Marie-Andrée Roy, sociologue, professeure à l’UQAM. 

Sandrine Ricci, Lyne Kurtzman et Marie-Andrée Roy,
La traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle : entre le déni et l’invisibilité, Les Cahiers de l’IREF, Collection Agora no 4, 218 pages.

Synthèse du rapport.

Entrevues avec les auteures, joindre l’IREF (courriel).

Il est aussi possible d’effectuer des entrevues, à certaines conditions, avec une femme qui a vécu la traite et qui a contribué à l’étude.

 Pour se procurer l’étude au coût de 20$, joindre l’IREF à l’adresse iref@uqam.ca)

 Coordonnées sur le site de l’IREF.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 décembre 2012

Institut de recherches et d’études féministes, UQAM


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