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"Les crimes d’honneur : de l’indignation à l’action" - Pour la sécurité des femmes avant tout

3 novembre 2013

par le Conseil du statut de la femme du Québec

Montréal, le 30 octobre 2013 - Le Conseil du statut de la femme dévoile une étude sans précédent au pays sur la problématique complexe et méconnue des crimes d’honneur. Le Conseil demande au gouvernement d’agir pour assurer la sécurité des filles et des femmes victimes des violences basées sur l’honneur, que ce soit le contrôle excessif des adolescentes, les tests de virginité, les mutilations génitales, le mariage forcé, l’incitation au suicide ou, ultimement, le meurtre. L’étude documente 17 cas de crimes d’honneur recensés au Canada depuis 1991, qui ont fait au total 26 victimes, dont 5 ont survécu à leur agression.

C’est dans la foulée de l’affaire Shafia que le Conseil du statut de la femme a reçu, en novembre 2011, le mandat du gouvernement du Québec d’étudier ce phénomène peu documenté.

« Ce qui est troublant, c’est que les meurtres ne sont que la pointe de l’iceberg. La violence basée sur l’honneur prend plusieurs formes de plus en plus fréquentes, notamment le contrôle excessif de la sexualité des filles et des femmes et les violences psychologiques », a soulevé la présidente du Conseil du statut de la femme, Mme Julie Miville-Dechêne. « Ces violences ne sont exclusives ni à une culture, ni à une religion, comme l’indiquent les différentes confessions et origines des 26 victimes canadiennes », a-t-elle enchaîné.

Ces pratiques inacceptables sont associées à une culture patriarcale qui transcende toutes les sociétés, mais qui est très ancrée dans certaines communautés, notamment originaires de l’Inde, du Pakistan, de l’Afghanistan et du Sri Lanka.

Les crimes d’honneur se distinguent de la violence conjugale du fait qu’ils comportent une dimension collective. Cette violence est préméditée et jugée acceptable par la famille élargie et par une partie de la communauté qui partagent des valeurs traditionnelles selon lesquelles les hommes ont le pouvoir et le devoir de contrôler socialement et sexuellement les filles et les femmes. Celles-ci sont considérées comme une source potentielle de déshonneur pour les familles. Le but ? Laver la honte et restaurer l’honneur du patriarche.

Les communautés culturelles n’ont pas le monopole du concept de l’honneur. Il n’y a pas si longtemps au Québec, les « filles-mères » étaient éloignées de leur communauté jusqu’à l’accouchement. Des années de luttes féministes pour l’égalité et la justice sociale ont permis aux Québécoises de s’affranchir de valeurs patriarcales et comportements sexistes qui en découlaient.

Pour changer les mentalités et faire cesser cette forme de violence, il est donc nécessaire d’agir. À l’instar d’autres pays, notamment la Grande-Bretagne, il convient de mettre en place des mesures concrètes pour détecter, contrer et prévenir les violences basées sur l’honneur.
Pour ce faire, il faut agir sur les plans politique, juridique et social.

Le Conseil recommande au gouvernement :

  • d’élaborer une politique nationale de lutte contre les violences basées sur l’honneur ainsi qu’un plan d’action visant à outiller adéquatement les personnes qui interviennent auprès des victimes et à informer les personnes vulnérables ;
  • de revoir la stratégie de lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines en insistant sur son caractère illégal ;
  • de mettre en place des mécanismes visant à protéger les femmes immigrantes en situation de parrainage entre conjoints et à les informer adéquatement de leurs droits et des recours possibles en cas de fraude ou de violence ;
  • d’examiner nos lois afin de s’assurer que les enfants et les adultes menacés de mariage forcé soient protégés par notre législation et, au besoin, de demander au gouvernement fédéral de modifier sa propre législation dans la poursuite du même objectif ;
  • de réviser la Loi sur la protection de la jeunesse, ainsi que les critères d’évaluation et d’intervention de la Direction de la protection de la jeunesse, en tenant compte des risques particuliers liés aux violences basées sur l’honneur ;
  • de coordonner la mise en oeuvre d’une stratégie de sensibilisation visant à remettre en question le concept patriarcal de l’honneur au sein des communautés concernées et à promouvoir activement l’égalité entre les femmes et les hommes.

    L’ensemble des recommandations est disponible dans la version intégrale du document Les crimes d’honneur : de l’indignation à l’action, sur le site Web du Conseil au www.placealegalite.gouv.qc.ca. Téléchargez-le en fichier PDF.

    Le Conseil du statut de la femme a pour mission de conseiller le gouvernement et d’informer la population sur les questions d’égalité entre les femmes et les hommes.

    Pour plus d’information, rendez-vous sur le site du Conseil du statut de la femme.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 octobre 2013

    le Conseil du statut de la femme du Québec


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