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Printemps

20 mars 2007

par Michèle Bourgon

Aujourd’hui à 20h05, le printemps est arrivé.

En arrivant au travail ce matin, j’ai entendu un chant indistinct. Mon émotion fut intense. Je croyais ouïr le chant du rut d’un roitelet. Hélas, c’était la courroie de transmission d’une vieille guimbarde. En marchant pour aller dîner, j’ai humé une odeur qui m’a transportée de joie : l’odeur du caca de chien qui dégèle. Reste que le vent qui balayait ces réminiscences odoriférantes, lui, tenait plus de l’aquilon que du zéphyr. Les cheveux droit sur la tête, les yeux grand ouverts, les narines palpitantes, le dos cambré, les paumes gelées, j’ai accueilli le printemps en inspirant une bonne bouffée d’air frais. Mes poumons et mes bronches ont tout de suite protesté. Étouffée noir, la madame.

Peut-être qu’une hirondelle ne le fait pas, mais une jouvencelle, oui. Le temps d’un oubli, je me suis senti reverdir. Ensuite, la mémoire revenant, ( j’ai tout de même 52 ans), j’ai rougi, puis blanchi avant de bleuir de froid.

Quand même ...on dirait que plus je vieillis, plus je suis sensible aux changements des saisons. J’aime le blanc immaculé de la première grosse bordée de neige, mais je déteste le froid, je vibre aux changements de couleurs des feuilles à l’automne, mais j’appréhende la suite, j’apprécie la caresse du vent chaud sur ma peau jusqu’à ce que je sue à grosses gouttes. Mais il n’y a rien de tel que le printemps : le soleil qui se fait de plus en plus ardent, la neige sale qui fond, le ruissellement des caniveaux, les giboulées où il tombe des peaux de lièvres ( expression québécoise gagnante au concours de Radio-Canada), les cieux crevés de pleuvoir. Le moment d’ouvrir les fenêtres pour faire aérer la maison.

Jusqu’au...ménage du printemps.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 mars 2007

Michèle Bourgon


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