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L’islamisme radical : l’Ailleurs est ici
Il faut combattre sans relâche l’instrumentalisation des religions

13 janvier 2015

par Fatima Houda-Pepin, députée à l’Assemblée nationale (1994-2014), politologue et consultante internationale

Face à la barbarie qui nous interpelle, chaque jour davantage et qui a culminé, le 7 janvier dernier, par la tuerie de dix membres de l’équipe de Charlie Hebdo ainsi que de deux policiers, les démocrates du monde entier, du Nord et du Sud, toutes religions confondues et sans religion, doivent se mobiliser ensemble contre la violence, contre le fanatisme, contre l’extrémisme, contre le sexisme, contre le radicalisme, contre le djihadisme et contre l’hypocrisie des dirigeants qui banalisent la menace des intégrismes et qui ferment les yeux sur ces enjeux qui minent les fondements mêmes de notre démocratie.

Désormais, l’Ailleurs est ici, et il en va de la sauvegarde de nos valeurs communes, de la liberté, de l’égalité et des droits de la personne.

Un autre pan de la démocratie est tombé cette semaine avec l’attentat contre Charlie Hebdo : la liberté de presse. Et dire qu’il y a encore des « bien-pensants » qui soutiennent que l’islamisme radical est l’oeuvre de quelques marginaux, voire de « loups solitaires ». Radio-Canada, dans son émission Enquête du 27 novembre 2014, a même poussé le ridicule jusqu’à prétendre avoir fait le tour des mosquées de Montréal et conclure que l’intégrisme n’existait pas au Québec. Quelle tristesse !

Tout en respectant la croyance sincère ou la non-croyance des gens, il faut dénoncer vigoureusement et combattre, sans relâche, l’instrumentalisation des religions à des fins politiques. C’est le mal de notre siècle, celui qui menace notre sécurité, notre paix sociale et notre vivre-ensemble.

L’islamisme radical n’a rien de religieux et sa folie meurtrière ne s’attaque pas qu’aux « mécréants ». Le plus lourd tribut est payé par les musulmans eux-mêmes. D’ailleurs, l’un des deux policiers abattus froidement par les terroristes de Charlie Hebdo, Ahmed Merabet, 42 ans, était lui-même musulman. Cela ne les a pas empêchés de le tuer d’une balle dans la tête et de le laisser gisant sur le sol.

Non, l’islamisme radical n’a rien de religieux, c’est un mouvement idéologique et politique qui se drape de l’islam qu’il pervertit au gré de ses prétentions pour justifier les horreurs de sa violence et de son action terroriste.

L’islamisme radical vise ouvertement, par l’endoctrinement systématique et par la force des armes, la prise de pouvoir dans un but bien précis, celui d’éradiquer la démocratie et d’instaurer la charia. Aucun pays, musulman ou non musulman, n’est aujourd’hui à l’abri de cette menace.

Dans cette lutte contre cette barbarie qui est de plus en plus proche et qui nous affecte directement, sur les plans émotif et symbolique, dans cette prise de conscience tardive de notre vulnérabilité face à la terreur des décapitations de journalistes et des prises d’otages occidentaux, et face au recrutement de jeunes fanatisés d’Europe, des États-Unis et du Canada, partis combattre « les mécréants » en Irak et en Syrie, n’oublions pas les millions de femmes et d’hommes qui, dans plusieurs pays musulmans, mettent leur vie en danger, chaque jour, armés de leur seul courage, pour revendiquer paix, liberté et démocratie et qui vivent sous la terreur de la violence au quotidien.

 Publié notamment sur la page Facebook de l’auteure et reproduit sur Sisyphe avec son autorisation.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 janvier 2015

Fatima Houda-Pepin, députée à l’Assemblée nationale (1994-2014), politologue et consultante internationale


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4981 -