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Toute notre solidarité avec les femmes et le peuple kurde - Appel à l’action
18 janvier 2016
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Le 8 janvier 2016 a eu lieu l’enterrement de trois combattantes et camarades, Pakize Nayir, Fatma Uyar et Sêve Demir, assassinées par les forces de sécurité du gouvernement turc, le 4 janvier dernier à Silopi.
Nous, de la Marche Mondiale des Femmes, sommes particulièrement touchées par ces crimes. En 2015, les crises et des conflits armés ne nous ont pas empêchées d’organiser notre 4e Action Internationale dans tous les coins du monde, incluant les lieux des conflits armés, à la campagne, dans les banlieues, en montagnes, partout où il y a des femmes en résistance.
Dans le cadre de la 4e Action Internationale, le lancement de la Caravane féministe européenne a eu lieu sur le territoire kurde en Turquie dans le but de soutenir et de renforcer les femmes kurdes dans leur lutte pour l’autonomie et l’autodétermination de leur corps et leurs territoires. Nous avons aussi donné de la visibilité aux solutionss alternatives construites par la résistance des femmes au système capitaliste, colonial et patriarcal.
Les 6 et 7 mars 2015, des milliers de femmes provenant des deux côtés de la frontière entre la Turquie et la Syrie se sont réunies pour participer à un forum de débats, aux activités culturelles et manifestations dans le cadre de l’activité de déploiement de la 4e Action Internationale à Nusaybin, une ville divisée par la frontière. Des femmes qui jouent un rôle très important dans la construction d’une nouvelle société avaient partagé leurs expériences inspiratrices sur l’autodéfense des communautés locales.
Malheureusement, dernièrement le conflit entre le gouvernement turc et le peuple kurde a repris, en raison de l’échec des négociations de paix après les élections générales turques en juin 2015. Le résultat de ce nouvel épisode de conflit est la mort de centaines de civil-e-s, la majorité sont des femmes et des enfants ; des centaines de blessé-e-s ; et des milliers de personnes emprisonnées.
Les assemblées populaires municipales kurdes ont déclaré la légitime autodéfense comme réponse à la violence perpétrée par la police de l’État dans les villes de territoire kurde. Il y a 17 maires de gouvernements populaires emprisonnés, incluant Sara Kaya qui nous a reçues pour la 4e Action Internationale à Nusaybin.
On attaque actuellement les villes qui ont déclaré l’autonomie gouvernementale et on impose un couvre-feu impliquant la coupure d’électricité, d’eau et des communications. N’importe quelle personne dans la rue, qu’elle soit une enfant, une personne âgée ou une femme enceinte ou malade, est assassinée par des francs-tireurs.
Quand les gens sont malades, ils ne peuvent pas chercher des soins médicaux. Les personnes ne peuvent pas enterrer leurs morts. Le couvre-feu les laisse en otage dans leurs maisons pendant des semaines sans rien à manger, ce qui aggrave leur santé. De plus, les avortements spontanés augmentent lors de cette situation.
À Nusaybin le couvre-feu a été déclaré sept fois, et le dernier, celui du 14 décembre, est toujours en vigueur.
Enfin, trois femmes militantes kurdes ont été assassinées par les forces de sécurité le 4 janvier dernier à Silopi. Une d’elles, Séve Demir, avait coordonné les événements du lancement de la 4e Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes à Nusaybin.
Action :
Nous dénonçons cet assassinat politique et appelons les Coordinations nationales à organiser des manifestations devant les ambassades turques et à envoyer des lettres le 21 janvier 2016 pour condamner l’assassinat de trois femmes kurdes en exigeant :
o La fin de l’impunité et que les responsables répondent du crime commis devant la justice ;
o La fin des assassinats de militantes politiques, des défenseur-e-s des droits humains et des journalistes ;
o La fin du couvre-feu militaire dans les villes kurdes ;
o La retraite immédiate des forces militaires et paramilitaires des villes kurdes ;
o La déclaration immédiate d’un cessez-le-feu et le recommencement des négociations de paix ;
o L’arrêt des abus, des insultes et des mauvais traitements des personnes et particulièrement des femmes.Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !
Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 janvier 2016