source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5227 -



Lettre à Jean - Nous, #OnVousCroit

2 mars 2016

par Sophie Labrie, CALACS de Granby

Un autre scandale vient d’éclater. Encore, une histoire d’agression sexuelle.

Cette fois-ci, on parle du cinéaste Claude Jutra. Un homme qui a fait au moins une victime. Certains montent aux barricades pour le défendre, prétendent que c’est impossible, que cet homme était tout sauf un abuseur.

Il est parfois très difficile de faire face à la réalité lorsque la personne qui a agressé sexuellement est une personne en qui nous avions pleinement confiance, une personne que l’on estimait au plus haut point. On ne veut pas le croire. On tombe dans le déni. On protège, on minimise, on cherche à expliquer...

Difficile de comprendre ces gens-là, n’est-ce pas ?

Le CALACS vous invite à faire la réflexion suivante : pensez à la personne adulte que vous aimez le plus au monde, celle à qui vous vouez une admiration sans bornes, celle qui a tout votre respect, celle pour qui vous traverseriez mer et monde pour lui venir en aide... Une fois cette personne trouvée, imaginez que vous appreniez un bon matin qu’elle a agressée sexuellement un enfant que vous ne connaissez pas. Quel sentiment ressentez-vous ?

Maintenant, imaginez que cet enfant est le vôtre. Est-ce que vos sentiments changent ? Est-ce que votre réaction est la même que lorsque vous pensiez à cet autre enfant ? Probablement pas.

Le problème, il est là. Lorsqu’on entend toutes sortes d’histoires d’agressions sexuelles qui se passent à l’extérieur de nos vies, nous sommes plus détaché-e-s, nous arrivons parfois même à en douter. On chasse cette histoire de notre tête et on poursuit notre petit quotidien.

Cependant, quand c’est la chair de notre chair qui est en cause, tout bascule. Peu importe que l’agresseur soit le pape, le voisin d’en haut, le beau-frère ou autre, votre réaction sera la même.

En tant que parent protégeant vous croirez votre enfant. Vous ne demanderez pas de preuve hors de tout doute raisonnable, vous n’allez pas penser que votre enfant dit ça pour se venger ou attirer l’attention.

Vous ne penserez pas que votre enfant l’a cherché en s’habillant de telle ou telle façon, non, vous allez accueillir votre enfant dans ce qu’il vit et l’aider à surmonter toutes les conséquences auxquelles il sera confronté.

Vous allez sûrement vivre une tempête de colère, de tristesse, peut-être un sentiment de trahison. Et vous allez probablement de ce pas parler (au mieux) dans le blanc des yeux de l’agresseur de votre enfant !

Pourquoi, lorsqu’il s’agit d’un fait extérieur à nous, des gens que nous ne connaissons pas, nous nous permettons de douter ?

Pourquoi le courageux récit d’un homme (Jean) - qui relate les gestes d’un agresseur, et ce, même si l’agresseur n’est plus de ce monde - ne mérite-t-il pas d’être cru, comme l’on croirait son propre enfant ?

Le CALACS tient à dire à Jean : NOUS, #OnVousCroit

Sophie Labrie
Pour le CALACS de Granby.

Publié aussi dans La Voix de l’Est.

Sophie Labrie, CALACS de Granby


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5227 -