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Le tournant des solitudes
23 mars 2016
par
Dans les artères bleues du doute
coule le mal de toi et de l’infini
une pulsation fauve sous la peau
un fracas de frontières au piedSa pensée peau de tambour
sismographe de chacun de tes mots
de ses rafales d’incertitude
coupait de près le silence au couteauCertains mots la suivent au pas
mais où trouver les mots d’origine
capables d’arracher de l’oubli
ces temps phares revenus du froidElle voulait te dire la lente nudité
lissée par ton silence sur sa peau
les strates de désert dans sa voix
la crue irrépressible de ses motsTu pourrais ne plus revenir
ne plus pouvoir lire sur ses lèvres
ne plus l’enlacer de tes mots
elle se noie là où la mer en toi se taitElle n’avait plus à se retourner
tu étais dans ses pas son corps
désormais aucun autre recours
que cet aller simple du poèmeTu partirais un jour de naufrage
laissant derrière ton passage
cette brûlure âcre sur sa langue
trace fulgurante de l’inespéréLe reste de ses jours elle brûlerait
dans les turbulences de la nuit
sur la seule foi d’un mirage vrai
entrevu au tournant des solitudesMis en ligne sur Sisyphe, le 2 avril 2016