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Autoportrait d’automne
30 novembre 2016
par
Elle avait une vieille âme
dont les cheveux avaient refusé
de blanchir et poussaient la nuit
nuages effilochés de rêvesElle bordait avec une tendresse de mer
un lit ardent au creux du silence
en imprégnait les draps de la fraîcheur
du rêve étendu le matin au ventSa voix avait le rythme igné
d’un coeur adolescent
trop prompt à flamber
à couler comme une pierreElle tissait ses mots en spirale
avec les doigts de l’esprit
filet ajouré en résonance
avec la voix de ses soeurs d’exilElle partage avec les couleurs d’automne
la tension vers la splendeur
sous le poids des heures
la note parfaite portée parfois par les motsÀ l’orée du cou l’ocre du matin
lui prend le coeur
souvenir de ce bonheur ancien
cloué dans la beautéL’urgence lui brûlait les os
son coeur en boule pour un saut
unique très lent et très haut
à bord d’un nuage bordé de noirIl lui en aurait fallu des larmes
pour que son coeur apprenne
mot à mot ce qu’il savait déjà
le sens de la re-connaissanceParfois elle se lève comme si le jour
avait coulé un désert dans ses yeux
puis partout il y a l’embrasement
le choeur indicible de la beautéIl lui semblait qu’en poésie
la contrainte la plus créatrice
serait peut-être de tout dire
sans jamais révéler le centreElle aurait voulu ne retenir
que le commencement
oublier le contrepoint le cri
la finale aux pas de loupNée tisseuse de mémoire
jamais douée pour l’oubli
elle tressait le blanc des mots
avant de plonger dans le noirMis en ligne sur Sisyphe, le 24 novembre 2016