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L’empreinte de la beauté

2 décembre 2016

par Élaine Audet

L’écume du rêve m’envahissait
haute marée de voix de souvenirs
soudain je te voyais au loin
soulever la taie sur l’œil du cœur

Je ne suis plus d’ici
mais d’un ailleurs obscur
où ardent l’éclair disperse
je n’entends que toi

L’essentiel serait-il d’effacer
ses pas à mesure
de renaître toujours nouvelle
à soi et au monde

Je n’en finis plus de tomber
comme si la terre me creusait
un lit profond pour la survie
et le retour des mots à la mer

Je n’attendais plus rien
j’espérais tout
dans la fracture du temps
toucher l’infini

Dès le début notre histoire
jeta un défi à la mort
dis-moi qui de la vie
ou du vide nous survivra

Tu brûles la couleur
à chacun de tes passages
pourtant le feu reste intact
la marée sous la peau

La perte d’un être d’un amour
ce hurlement muet bulles crevées
lave lame larmes lentes du temps
silence soudain incommensurable

La route s’enroule sur elle-même
me ramène au point de départ
me déploie sur le fil du monde
dans la broyeuse du temps vacant

Mon cœur est à l’image
de la fracture du temps fluide
il faudrait l’immobiliser
lui réapprendre pas et passage

Je nous vois parfois couler
dans le fleuve infini des pensées
nous rencontrer à nouveau
apprivoiser les mots de l’obscur

Les gestes s’enchaînent mécaniques
renouent nerfs muscles os
roses rêves larmes et eaux
mes mains cris vains sur la vitre close

Ne plus repasser par la place
où ton empreinte dessine la beauté
un parfum de perpétuel printemps
faire un détour au large de moi

Telle une pleureuse une louve énamourée
je pousse mes incantations à ciel ouvert
à l’extrême bord de la nuit
voudrais t’inventer l’univers

Pour en finir avec l’attente
il me fallait brûler le poème
en faire un feu de pensées
cendres sur bleu d’éternité

Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 décembre 2016

Élaine Audet


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