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L’éternel départ
4 décembre 2016
par
Chaque jour je te dis adieu
et bonjour d’un même souffle
chaque matin lorsque le bateau
quitte le port je me jette à l’eauPlus je m’approche de l’infime
de l’infini point de bascule
plus le possible s’échappe
sous mes pas trop impatientsLes mots à double tranchant
entre doute et espérance
percent le désir dans le vif
la tache aveugle du rêveIntemporelle j’aurais tant voulu
entraver la dévastation
le viol du voleur de vie
vider le puits mortel du souvenirSous ta dictée délire au feu nourri
inconscient vif des poètes du cri
je voulais saisir rires et larmes
mots solitaires à l’abri des margesL’amour de toi m’a pour ainsi dire
coulée dans la poésie
déportée à la crête du mouvement
lame de fond définitiveTu as fait irruption en moi
m’as tout donné en un éclair
laissée cratère à ciel ouvert
vide avec la plénitude à vivreCertains matins le silence
porte une douceur à fleur de peau
les mots lus avant de dormir
y poussent racine espace musiqueJe me tiens au plus près du bord
dans le silence sa calligraphie
et ses avalanches de plomb
entre l’aile et l’arc mains tenduesJe persiste à voir des signes
à inventer une langue au mutisme
de ce qui n’a plus de mots
au cristal du cri enfoui sous le froidParfois une perte peut dévaster
ou le large emporter plus loin
dans la démesure de la parole
l’espace pleine mer de ton êtreS’il n’y avait tes mots
je croirais avoir rêvé
tes mots de feu dans le déluge
diluvien incendie du dedansQue sait-on de l’instant précis
où la vie se joue – rien
sinon la brûlure vive de l’éclair
tout désormais à faireDe toutes les conjugaisons
la plus exigeante resterait toujours
d’accorder patience et passion
l’hibernation au cœur du printempsMis en ligne sur Sisyphe, le 6 janvier 2017