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La démesure du bleu
24 juin 2018
par
Elle gît magnifique sur le sable
là où la vague l’a laissée
sans doute lasse de la caresser
dans le sens de l’éternitéLe rêve envahit sa pensée
tout devient coïncidence miroir écho
musiques et mots savoir inné
marée à l’embouchure de la mémoireElle prend alors conscience
du changement imperceptible de sa voix
de la vibration fine des mots
petits bois verts jeté au feu de sa passionUne rivière est venue prendre sa main
pour l’aider à traverser le désert
l’avalanche de pierres chauffées à blanc
elle lui couvre le sable de motsÀ l’improviste le noir arrêt du temps
mains mots et gestes suspendus
les visages voyagent pourtant en elle
immobile le mouvement l’habiteElle lui redonne l’émotion
un corps et des ailes un cœur fertile
les cils tremblants du désir
sa langue écarte les rideaux de la nuitL’eau monte en elle à pas de loup
à pas de soie et de soif
à fleur de peau elle touche l’esprit
le vertige de la flammeElle aime tant cette voix qui l’aborde
en douceur comme l’eau
au proche de ses ailleurs
et caresse les mots qu’elle rencontreLe soleil ne peut plus lui brûler les ailes
elle avance dans la démesure du bleu
avec une connaissance innée du bonheur
et le nom même qui incarne la beautéLa poésie l’emporte au plus près du désir
sur les pas de l’ombre qui la danse
au-delà des murs de désespérance
pure respiration du printemps sous la glaceElle voyage en toi comme un navire de nuit
les étoiles pour guide elle perd le nord
pas de port possible pour ses mers intérieures
ses yeux et ses rêves pris d’immensitéLe beau visage changeant de l’amour
vieux et né encore toujours
comme une vague sans fin
préserve de l’oubli la mer et tes rêvesElle a le corps érudit
un long fleuve tressé de mots blonds
en torsade sur son dos
sa langue parle l’infini sur tes lèvresMis en ligne sur Sisyphe, le 27 juin 2018