Elle gît magnifique sur le sable
là où la vague l’a laissée
sans doute lasse de la caresser
dans le sens de l’éternité
Le rêve envahit sa pensée
tout devient coïncidence miroir écho
musiques et mots savoir inné
marée à l’embouchure de la mémoire
Elle prend alors conscience
du changement imperceptible de sa voix
de la vibration fine des mots
petits bois verts jeté au feu de sa passion
Une rivière est venue prendre sa main
pour l’aider à traverser le désert
l’avalanche de pierres chauffées à blanc
elle lui couvre le sable de mots
À l’improviste le noir arrêt du temps
mains mots et gestes suspendus
les visages voyagent pourtant en elle
immobile le mouvement l’habite
Elle lui redonne l’émotion
un corps et des ailes un cœur fertile
les cils tremblants du désir
sa langue écarte les rideaux de la nuit
L’eau monte en elle à pas de loup
à pas de soie et de soif
à fleur de peau elle touche l’esprit
le vertige de la flamme
Elle aime tant cette voix qui l’aborde
en douceur comme l’eau
au proche de ses ailleurs
et caresse les mots qu’elle rencontre
Le soleil ne peut plus lui brûler les ailes
elle avance dans la démesure du bleu
avec une connaissance innée du bonheur
et le nom même qui incarne la beauté
La poésie l’emporte au plus près du désir
sur les pas de l’ombre qui la danse
au-delà des murs de désespérance
pure respiration du printemps sous la glace
Elle voyage en toi comme un navire de nuit
les étoiles pour guide elle perd le nord
pas de port possible pour ses mers intérieures
ses yeux et ses rêves pris d’immensité
Le beau visage changeant de l’amour
vieux et né encore toujours
comme une vague sans fin
préserve de l’oubli la mer et tes rêves
Elle a le corps érudit
un long fleuve tressé de mots blonds
en torsade sur son dos
sa langue parle l’infini sur tes lèvres