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Défendre les droits des femmes était son souffle de vie

27 juin 2019

par Johanne St-Amour, féministe radicale et collaboratrice de Sisyphe

Après la révolution des années ’70, j’étais en deuil de l’effervescence de nos revendications féministes. Et voilà que cette féministe, Micheline Carrier, ose publier des textes à contre-courant du féminisme de ce début du 21e siècle, qui m’apparaissait émoussé, moelleux et parfois même mielleux.

Une femme qui n’avait pas peur d’affirmer ses convictions. Qui n’avait pas peur de secouer les nouvelles vagues en vogue. Qui n’avait pas peur de déplaire ou qui ne visait pas à plaire à tout un chacun.

Parce que son féminisme n’a jamais été une mode, mais l’affirmation des justes causes déterrées à même les racines profondes des discriminations envers les femmes parce qu’elles sont des femmes. Elle n’a jamais plié devant le patriarcat.

Je suis vite devenue une fidèle collaboratrice du site Sisyphe.org, qu’elle a mis tellement d’ardeur, de professionnalisme et de persévérance à éditer. Et une complice incontournable de ses indignations.

Elle fut pour moi, et pour plusieurs, une éclaireuse dans ce tumulte de compromissions. Notamment face à ces intellectuelles qui sont devenues des agentes de promotion de la pornographie, « une nouvelle façon d’être femme ? ». Micheline connaissait très bien le sujet pour avoir publié dans ce domaine. Entre autres.

Face à ces alliées de gauche qui ont accueilli à bras ouverts les ambassadrices des exploiteurs sexuels : utilisant le nouveau langage de ces vendeurs de femmes, leurs arguments, leurs stratégies.

Elle était la lumière indéfectible à travers l’obscurantisme religieux qui s’imposait et continue de s’imposer. Et combien d’autres sujets : masculinisme, iniquité salariale, théories « queer », activisme transgenre, éducation, violences, etc.

Elle a su s’attirer la collaboration de femmes de France, d’Europe, d’Amérique latine. Des chercheuses et chercheurs estiméEs, dont certainEs ont parlé de musique, d’art, de poésie : ces baumes sur ses douleurs de militantes… avec ses chats.

Défendre les droits des femmes n’était pas un passe-temps, c’était son souffle de vie.

Du fond du cœur, merci pour cet héritage Micheline. J’en prendrai bien soin.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 juin 2019

Johanne St-Amour, féministe radicale et collaboratrice de Sisyphe


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5536 -