source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5540 -
L’irremplaçable
9 août 2019
par
Elle t’écrit un poème ininterrompu infini
une lettre impossible dans une enveloppe bleue
elle te vit du ventre amazonien de la nuit
toi qui la veilles les lèvres sur l’épaule du rêveQuand il y eut cette infiltration mauve de silence
dans les fissures à nu du jour et de la nuit
ses mots les plus denses ne purent suffire
à colmater le flot d’ombre monté jusqu’au coeurSi elle devait t’offrir un présent
ce serait un bouquet de pensées vivaces
que tu saches en être le cœur intemporel
le soleil l’or l’émeraude du réelTu as trouvé corps à l’amour loin des rives
en pleine mer dans l’œil de la tourmente
jamais vertige ne fut si intense si fulgurant
et l’or du sable t’enveloppa dans le ventL’absolu doit avoir les yeux pers de la mort
quand la vague soudain emporte l’horizon
l’absolu a les yeux profonds de son amour
personne ne peut jamais y refaire surfaceQui peut jamais être sûr de comprendre
le sens véritable du silence
dont l’intelligence découle
de la seule musique mystérieuse du cœurChaque pas dans le temps suspendu
lui fait découvrir l’étendue
de la terre brûlée le vif de sa blessure
la puissance intacte du feuDès le début elle sait déjà
flotter dans l’éther bleu du temps
ainsi tout est tremblement
quand elle pose sa soif sur ta viePlus elle descend profond en toi
et plus elle développe le vertige des hauteurs
le sens vital de l’irremplaçable
le dur équilibre entre la chute et la plénitudeCertains soirs tu arrives avec des mots pleins
d’ailleurs d’ambre rare de soies sauvages
et couvres sa peau d’une poussière d’étoiles
pareille à l’ardeur fulgurante de ton âmeDe nuit de jour tu nages au large de ses yeux
le long des images aux ongles de lune
touches le mystère profond du corail
là où le corps entre deux eaux devient océanPuis elle est repassée derrière tes pas
là où chante l’empreinte de ta voix
ton souffle dans la bouche des mots
là où la piste ne porte plus de traceLa lumière indécise à sa fenêtre
elle laisse la musique l’envahir
jusqu’à cet instant vertigineux
où la beauté soudain te rejointElle ne t’attend plus
et pousse dans le labyrinthe
de tous tes jardins
comme leur parfum secretMis en ligne sur Sisyphe, le 7 août, 2019