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mercredi 30 juin 2004 Profils contrastés d’un groupe de garçons québécois de 15 ans
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Cet article propose une réflexion théorique et méthodologique. Il opère un retour sur les matériaux que nous avons réunis au Québec dans le cadre de recherches portant sur les rapports différenciés des garçons et des filles à l’école secondaire. Cette relecture se fait en fonction de nouveaux questionnements sur les rapports sociaux de sexe et plus particulièrement sur la "masculinité". Par le large éventail d’étudiantes et d’étudiants y participant, la démarche a permis d’accumuler nombre d’informations de première main sur certaines représentations sociales de "la jeunesse québécoise", étant entendu que celle-ci n’est pas un groupe homogène, tant sur le plan des catégories de sexe que sur celui des milieux d’origine. Il s’agit dans le présent article de diriger d’abord l’attention sur les prises de position des garçons et d’en faire une analyse centrée plus spécifiquement sur diverses composantes du virilisme, soit "l’ensemble des constructions sociales, mentales, physiques et symboliques qui font des caractéristiques de la virilité l’identité masculine obligatoire" (Welzer-Lang, 1998 : 88). Sur le plan de leur statut dans l’enquête, nos informateurs passent ainsi de celui d’étudiants qui les définissait dans un premier temps à celui d’acteurs à part entière du "système des sexes". Ils y participent quotidiennement, à l’école et ailleurs en société. En ce qui a trait aux rapports à l’école, l’enquête par questionnaire que nous avons menée a montré que les garçons, plus conformistes que les filles, se définissent comme membres d’un groupe sexué, à partir de représentations sociales reprises sous diverses formes d’une génération à l’autre, mais également dans leurs expériences quotidiennes où s’actualisent et se renouvellent des perceptions et des pratiques de différenciation et d’inégalité des sexes. Les écarts constatés de réussite scolaire entre garçons et filles sont liés au processus de formation de l’identité selon le sexe et le milieu socio-économique d’appartenance. Cette recherche nous a permis de constater que les garçons (à 88%) et les filles (à 44%) adhèrent de façon significative aux stéréotypes sexuels qui leur sont présentés et que cette adhésion est liée de façon significative à la scolarité des parents et aux résultats scolaires. Le recours à une représentation bipolarisée des rôles sexués est plus largement répandu dans les milieux familiaux où les parents sont moins scolarisés. Or, c’est précisément la résistance aux modèles assignés socialement à chacun des sexes qui se conjugue à une meilleure réussite scolaire, et ce, tant chez les garçons que chez les filles. Le conformisme de certains garçons s’accompagne alors de distanciation scolaire qui se réflète dans leurs performances et leur persévérance à l’école (Bouchard et St-Amant, 1996 ; Bouchard, St-Amant, Bouchard et Tondreau, 1997). Nous avons fait ressortir par ailleurs une composante des identités masculines, soit l’opposition des garçons à certains changements dans les rapports sociaux de sexe. Cette réticence est illustrée par trois thèmes récurrents : accord avec certaines pratiques discriminatoires, hétérosexisme et particulièrement refus de l’homosexualité masculine, et enfin, refus de s’identifier à ce qui est considéré féminin. Nous y avons lu une logique masculine dominante de reproduction des rapports sociaux de sexe (Bouchard et St-Amant, à paraître). Nous avons aussi fait valoir que la façon dont certains garçons conçoivent leur identité de sexe risque de trouver son expression dans l’exercice de la violence. Quelques prises de position adoptées par ceux-ci quant aux attributs masculins constituent déjà les premiers jalons d’une acceptation et d’une intégration de formes de violence : dénigrement et infériorisation des filles, harcèlement sexuel, utilisation de la force physique pour s’imposer, recours fréquent à la violence verbale, etc. (Bouchard, St-Amant et Tondreau, 1997). Voilà autant de composantes de l’identité masculine obligée. Que révèlent les représentations sociales (saisies par l’adhésion aux stéréotypes sexuels et la conformité à des pratiques sexuées) des jeunes garçons québécois de 15 ans de notre échantillon quant à leur conception de la virilité ? Que dévoilent ces mêmes représentations de leurs référents identitaires ? Quels renseignements donnent-elles sur les rapports des garçons aux autres garçons, aux filles et aux femmes qui les entourent ? Ce sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article. Pour ce faire, suite à quelques mots sur la méthodologie, la présentation comporte trois parties. La première présente une analyse des stéréotypes sexuels et des pratiques sexuées auxquels les garçons se conforment plus que leurs consoeurs. Le corpus utilisé et le profil de garçons qui s’ensuit tirent leur sens de comparaisons avec les filles. Dans la deuxième partie, la base d’analyse est constituée des positions adoptées par une majorité de garçons, indépendamment de celles des filles. Le profil qui en ressort diffère du premier sur plus d’un point. Par le contraste entre ces profils, la troisième partie fait apparaître une image composite des "identités masculines" où se manifestent des avenues de transformation sociale qu’il s’agira de situer dans la dynamique des rapports sociaux de sexe en contexte québécois. D’abord quelques précisions méthodologiques. Pour lire et télécharger le document intégral, cliquez sur l’icône ci-dessous. « Profils contrastés d’un groupe de garçons québécois de 15 ans ». Publié en version papier dans le numéro conjoint des revues Nouvelles Questions féministes (France) et Recherches féministes (Québec), Volume 19, numéros 2-3-4, 1998 : 23-42. |