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vendredi 10 septembre 2004 L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie
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Les chercheuses féministes à travers le monde ont noté l’influence croissante des hommes séparés, notamment les groupes de pères, sur le droit de la famille dans leur pays respectif. Rappelons comment ces groupes, le plus souvent antiféministes, ont cherché à influencer la réforme sur le divorce sous le précédent gouvernement libéral à Ottawa. Ces groupes propagent souvent des données tronquées, voire erronées, sur les mères ; ils rechignent à payer la pension alimentaire pour leurs enfants ; ils minimisent la violence masculine comme facteur de l’éclatement de la famille ; ils inventent ou interprètent des statistiques pour soutenir leur cause. Ces groupes obtiennent l’appui des médias complaisants et parfois empressés à discréditer les femmes et surtout les féministes. La recherche dont Miranda Kaye et Julia Tolmie rendent compte ici date de 1998 et concerne la situation en Australie. Mais leurs découvertes et leurs conclusions sont, dans les grandes lignes, analogues aux résultats de recherches effectuées ailleurs (France, Canada, États-Unis, Angleterre, dont on trouve des exemples sur Sisyphe).
« Il existe un point de vue constant et persistant, affiché par des gens qui sont souvent des plaideurs frustrés et parfois manifestement dysfonctionnels, à l’effet que le tribunal est en quelque sorte la créature d’organisations hostiles à la famille, qui s’en serviraient pour détruire cette institution sociale… Un corollaire malheureux de cette approche est que certains intervenants sociaux et politiciens relativement peu informés au sujet de ces enjeux tendent à faire cause commune avec ces personnes dysfonctionnelles, apparemment en vue de gains politiques. Cela a pour conséquence assez déplorable d’autoriser de telles personnes à croire que leur comportement est non seulement acceptable mais digne d’obtenir la sympathie des politiciens et du gouvernement. Le présent tribunal a trop souvent pu constater que ses critiques les plus tenaces avaient fait preuve de comportements totalement injustifiables, et notamment de violences infligées à des femmes et à des enfants. De telles personnes, qui épousent souvent la cause des droits des pères, la servent bien mal. Certains arguments valables militent en leur faveur, et il importe que la Cour et son personnel évitent toute attitude stéréotypée à l’égard des hommes comme des femmes. Néanmoins, le comportement et l’attitude des partisans de ces prétendus droits des pères laissent bien peu de place à l’argumentation rationnelle » (1). Présentation Le mouvement de promotion des droits des pères dans le contexte du droit de la famille émerge depuis peu en Australie. Même si quelques groupes de pères y sont établis de longue date, le mouvement semble récemment acquérir de l’élan, de la crédibilité et du soutien populaire et devenir une force politique et médiatique. En témoignent l’attention reçue des médias (2), l’apparente prolifération de ces organisations et de leurs filiales (3), l’organisation de colloques (4) et d’infrastructures (5), les expressions de soutien de la part de politiciens (6), la création de partis politiques (7) et le nombre et le fini des propositions de réformes juridiques déposées par ces organisations. D’autres indices de cette montée en force sont manifestes dans la vigoureuse réaction du Juge en chef du tribunal de la famille (citée ci-dessus) et le sentiment généralisé que le lobby des pères séparés a fortement influencé plusieurs réformes récentes du droit australien de la famille (8). Malgré les débats récemment suscités dans les médias par ces groupes, il est surprenant de constater le faible nombre d’écrits à leur sujet dans le contexte australien (9). C’est pourquoi nous avons abordé cette recherche avec l’intention d’examiner et de décrire ces groupes comme un phénomène social. En d’autres mots, nous voulions découvrir qui étaient ces organisations, quelle influence elles avaient eue dans les choix de réforme du droit de la famille et quelles étaient leurs principales revendications. Nous avons axé notre recherche sur des sources primaires : les mémoires déposés par ces groupes à des instances de réforme juridique dans divers domaines du droit de la famille, des entrevues téléphoniques menées par notre assistant de recherche auprès de représentants de différentes organisations (10), de la documentation produite par ces groupes et des recherches média. Le présent article comprend deux sections. Dans la première, nous abordons brièvement le succès apparent des groupes de pères séparés à orienter les réformes du droit australien de la famille. Dans la seconde, nous énumérons les principales doléances soulevées par ces groupes depuis leurs débuts. Une telle démarche met en lumière le caractère hautement politisé du programme préconisant plus de droits pour les pères. Notre intention, en présentant ce portrait, est de jeter les bases en vue d’une éventuelle confrontation critique (11) de ces organisations au sujet des enjeux qu’elles portent sur la place publique. Comme notre projet est de décrire - mais certainement pas d’épouser - les perspectives de ce mouvement néo-patriarcal, nous nous sommes limitées à quelques points de vue critiques (très limités). Qui sont les organisations du mouvement néo-patriarcal ? Aux fins de cette recherche, nous avons défini le mouvement néo-patriarcal comme regroupant, soit des groupes qui représentent explicitement les intérêts des pères (que ceux-ci aient ou non la garde des enfants), soit des organisations dont le programme politique reflète les intérêts des parents non gardiens (qui sont, statistiquement, plus susceptibles d’être des pères). Cette définition est très large. Elle inclut des groupes dont la seule priorité est la défense des droits des pères, d’autres groupes qui parlent de parentalité dans le cadre de leur militance générale pour les droits des hommes et, enfin, des groupes qui prétendent ne représenter aucun des deux parents mais dont les écrits et les revendications en matière de réforme du droit révèlent un programme fortement axé sur les intérêts des parents non gardiens. On peut citer en exemples de la première catégorie des organisations comme la Lone Fathers Association of Australia (LFAA), Equality for Fathers ou Dads Against Discrimination. Un exemple de la troisième catégorie est la Family Law Reform Association NSW Inc., qui prétend ne pas être un groupe de pères séparés. Cette organisation dit réclamer l’égalité entre les deux parents mais constater tout simplement que ce sont habituellement les pères qui sont désavantagés. Elle correspond à notre définition parce qu’elle a été mise sur pied par des hommes et que son programme reflète d’abord et avant tout les intérêts des parents non gardiens. Nous avons également tenu compte dans cette recherche d’un certain nombre de groupes « marginaux » au sens de notre définition c’est-à-dire qu’à l’occasion leurs prises de position correspondent parfaitement à nos critères, mais en d’autres, non. L’organisation Parents Without Partners (PWP) en constitue le meilleur exemple. Un des représentants interviewés nous l’a décrit comme un simple groupe social, qui ne représentait aucune communauté particulière, alors qu’un autre représentant de PWP nous a fait part d’un programme bel et bien centré sur les droits des pères. Un des mémoires de réforme du droit produits par cette organisation appuyait vigoureusement les revendications du parent non gardien, alors que d’autres mémoires du même groupe comprenaient des arguments favorables aux intérêts des parents gardiens, hommes et femmes confondus. Nous avons également classé parmi les cas marginaux des organisations comme Women Who Want to be Women et Women and Grandparents Treated Unfairly by the Family Law, qui affirment clairement ne représenter ni les intérêts des pères ni ceux des parents non gardiens mais qui affichent néanmoins un programme politique ouvertement favorable à ces groupes d’intérêts. Bon nombre de ces groupes prétendent représenter une communauté très vaste (et en plein développement), bien que leurs effectifs soient parfois comptabilisés de façon très libre. Par exemple, un représentant de Dads Against Discrimination a prétendu que son groupe représentait 350 000 hommes, soit « le nombre d’hommes aux prises avec l’appareil du droit de la famille »(12). De plus, certains de ces groupes affirment répondre à beaucoup de demandes de renseignements issues du public. Leurs activités typiques sont très diversifiées : organisation périodique de rencontres d’entraide où des membres relatent leur vécu face à l’appareil du droit de la famille, tenue de sessions publiques d’information avec des conférenciers invités, dépôt de mémoires auprès d’instances gouvernementales sur des dossiers de réforme du droit, démarchage auprès des médias, production de bulletins et de brochures, lobbying politique, incitation de leurs membres à exercer de telles pressions et orientation de ceux-ci vers des services de renseignements et de soutien professionnel. Le mouvement néo-patriarcal semble se caractériser par un taux élevé de roulement des groupes de pères séparés. Beaucoup de ceux que nous avons voulu contacter pour une entrevue téléphonique semblaient avoir cessé d’exister depuis le dépôt du mémoire qui nous avait signalé leur présence. Malgré cette instabilité, quelques organisations soutiennent fonctionner depuis plusieurs années (13). Nous avons l’impression qu’elles survivent surtout en raison des efforts incessants d’un ou deux activistes. Par exemple, Barry Williams, membre fondateur et président national de la Lone Fathers Association of Australia (LFAA) depuis 1973, joue également un rôle de premier plan dans PWP, à laquelle il est associé depuis plus de deux décennies. Pour sa part, Nevil Abolish Child Support and the Family Court(14) « gère » également le groupe Parent Without Rights (PWR) depuis huit ans. Il semble qu’un autre problème commun à ces organisations soit l’absence de continuité de leur membership, dans la mesure où les gens tendent à les délaisser « dès qu’ils ont reçu l’aide demandée » (15). La participation croissante de femmes au mouvement est un aspect intéressant du lobby néo-patriarcal. Bon nombre de ces groupes prennent grand soin de souligner que des femmes comptent parmi leurs membres et que celles-ci occupent parfois des postes clés dans l’organisation (16). Les femmes qui s’impliquent ont tendance à le faire à titre de « secondes conjointes » ou d’autres membres de la famille d’hommes qui ont eu, d’une façon ou d’une autre, maille à partir avec l’appareil de droit de la famille. A. Quelle a été l’influence du lobby néo-patriarcal ? L’un des objectifs de la présente étude était d’évaluer l’influence de ces organisations en Australie. Répondre à cette question s’est avéré plus difficile que prévu. 1. Couverture média Ces organisations et leurs perspectives jouissent d’un fort soutien médiatique. Nous avons constaté que pour traiter des parents non gardiens et des enjeux du droit de la famille en général, les médias incluent quasi-systématiquement des entrevues ou commentaires d’au moins un porte-parole d’un groupe de pères séparés (17). D’autres commentateurs média « peuvent, sans directement interviewer ces groupes, adopter des points de vue sympathiques aux leurs » (18). On en verra même interviewer, en les présentant comme spécialistes de ces dossiers, des « praticiens du droit de la famille » ou des individus étroitement associés à au moins une de ces organisations (19). L’omniprésence des militants de ces groupes dans les tribunes radio de type « ligne ouverte » n’a rien d’étonnant. Cependant, d’autres émissions, à caractère censément plus objectif, prêtent aussi leurs ondes aux arguments de ces groupes. Ainsi, Radio Nationale, une station du réseau australien de radio ABC, a récemment diffusé un extrait d’un disque intitulé « Displaced Dads », produit par le groupe Dads Against Discrimination, qui explique ainsi cet intérêt des médias : « Dads Queensland est une des premières organisations auxquelles les journalistes téléphonent pour entendre un point de vue impartial, non sexiste, équilibré et humanitaire au sujet des droits des parents non gardiens et du bien-être de leurs enfants » (21). De fait, c’est une opinion que semblent partager les médias, puisque bon nombre des reportages et articles que nous avons écoutés, visionnés et lus pour préparer ce texte ne citent aucune autre perspective sur ces enjeux. Le fait de considérer comme « impartiaux » les points de vue des groupes de pères séparés rappelle le « message subliminal » du droit, critiqué par Naffine et d’autres féministes, à l’effet que « les personnes raisonnables sont les hommes et non les femmes » (22). 2. Influence politique Nous soutenons que la rhétorique et les opinions de ces organisations, et l’important battage médiatique dont elles bénéficient, ont affecté le climat où sont débattues les réformes juridiques et politiques en Australie. C’est particulièrement vrai dans la mesure où plusieurs de ces opinions sont les mêmes que celles de la Nouvelle Droite « familialiste » (23). Toutefois, le présent document veut éviter d’exagérer l’influence politique de ces groupes, influence que nous avons trouvée très difficile à évaluer. En fait, les organisations divergent elles-mêmes d’opinion à ce sujet. Il leur arrive de laisser entendre qu’elles exercent une influence énorme. Par exemple, le militant néo-patriarcal Ian Monk présente une compilation d’articles de journaux consacrés à ses efforts en ces termes : Comment j’ai initié trois enquêtes parlementaires sur le droit de la famille et réformé le tribunal de la famille. Pour sa part, Barry Williams, président national de la LFAA, a déjà tenu les propos suivants : Barry Williams écrit également : « J’ai bénéficié d’une audience très constructive et sympathique au Parlement avec Tim Fischer [le vice-premier ministre australien], le 5 février. Il va nous appuyer sur toute la ligne pour des changements rapides et positifs. Il a déclaré que le système, et particulièrement le régime des pensions alimentaires pour enfants, est empreint de partialité contre l’homme. Un sous-comité spécial a été créé en vue de revoir le régime de pensions alimentaires pour enfants » (25). Il existe d’autres indications ou preuves d’une telle influence. Par exemple, Barry Williams affirme que le comité mixte spécial chargé de revoir le fonctionnement du Family Law Reform Act 1975 (Australie) a été mis sur pied après le dépôt d’une pétition en ce sens initiée lors du congrès de la LFAA de 1990 (26). Il affirme également que, comme d’autres groupes de pères séparés, « la LFAA est aujourd’hui invitée à siéger à des groupes consultatifs en droit de la famille et à d’autres comités de discussion » (27). Un exemple évident de cette influence s’est produit après l’explosion d’une bombe au tribunal australien de la famille [au début des années 1990]. Le procureur général australien de l’époque, Gareth Evans, avait alors écrit à des organisations comme la LFAA en se disant « très préoccupé par la situation du tribunal de la famille et en particulier par les incidents récents de violence » et prêt à se pencher sur toute éventuelle suggestion de réforme de leur part (28). Extraits de « L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie », par Miranda Kaye* et Julia Tolmie*, publication orginale en anglais : Kaye, Miranda et Julia Tolmie (1998). « Fathers’ Rights Groups in Australia and Their Engagement With Issues of Family Law ». Australian Journal of Family Law, 12 (1), mars. – Traduction : Martin Dufresne – © Tous droits réservés aux deux auteures et à Sisyphe. Pour lire la version complète de ce texte, téléchargez-la en cliquant sur l’icône ci-dessous. Notes
* Maîtres de conférences à la Faculté de droit de l’Université de Sidney, en Australie. Nous remercions Reg Graycar pour ses commentaires sur de premières versions de cet article. Nous tenons également à remercier Jonathon Hunyor, Suzanne Christie et Veronique Maury pour leur aide inestimable à cette recherche, qui a été subventionnée par le New South Wales Law Foundation Legal Scholarship Support Fund. |